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DÉMISSION DE BOUTEFLIKA : «Une victoire du peuple» pour des partis d’opposition

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Les partis de l’opposition ont réagi hier à la démission du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, intervenue mardi soir, la considérant comme une « victoire » à mettre au profit du mouvement populaire et citoyen, appelant les Algériennes et Algériens à rester mobilisés et vigilants jusqu’à l’aboutissement de toutes leurs revendications.

ALI BENFLIS PRESIDENT DE TALAIE EL HOURRIYET: «Sur ce chemin, il y a encore des bombes à retardement »
Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, a estimé que la démission du président Bouteflika «représente l’épilogue affligeant de deux décennies d’un immense gâchis». «À un moment où le peuple algérien vient de clore l’un des chapitres les plus sombres de l’Histoire de notre pays, mes toutes premières pensées vont à nos concitoyennes et à nos concitoyens qui ont été les artisans d’une révolution populaire pacifique qui nous a restitué notre fierté nationale et fait l’admiration du monde », indique le président de TEH dans une déclaration écrite. Pour Benflis, les « premiers pas de la sortie de l’impasse politique, institutionnelle et constitutionnelle viennent d’être faits mais le chemin de la refondation et de la reconstruction reste encore long ». « Sur ce chemin, il y a encore des bombes à retardement que l’ancien régime et ses alliés extraconstitutionnels se sont ingéniés à multiplier et qu’il s’agit maintenant de désamorcer les unes après les autres», a conclu l’ancien chef de Gouvernement.

MOHCINE BELABBAS, PRÉSIDENT DU RCD : « Première grande victoire de la mobilisation populaire»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), voit dans «l’abdication annoncée du chef del’État, Abdelaziz Bouteflika» une «première grande victoire de la mobilisation populaire». «Prévenant contre toute tentation totalitaire future, elle acte que le combat pacifique et déterminé est la seule voie pour recouvrer la dignité et la souveraineté pleine et entière sur notre destin», a indiqué le parti dirigé par Mohcine Belabbas dans un communiqué rendu public hier.

LAKHDAR BENKHELLAF, DÉPUTÉ DU FJD : «Le peuple et l’ANP devront se concerter pour trouver une solution à la crise»
Pour le député du Front de la Justice et du Développement (FJD), Lakhdar Benkhellaf, «ce n’est pas Abdelaziz Bouteflika, le désormais ex-président de la République, qui a démissionné mais c’est son frère qui, selon lui, gère le pays depuis six ans», a-t-il accusé. Selon le député islamiste, « le peuple et l’armée devront se concerter pour trouver une solution à la situation actuelle», a-t-il affirmé, en soulignant que pour le moment, il ne reste au sein de l’état que deux institutions «légitimes, notamment l’institution du peuple et l’institution militaire».
En expliquant que l’application de l’article 102 ne peut pas se faire sans passer par l’article 7 qui stipule que « le peuple est la source du pouvoir» Benkhellaf nous a fait savoir que la prochaine étape consisterait à aller vers une « période de transition qui dépasse pas les six mois » en mettant en place, selon lui, « une instance présidentielle créée en concertation entre le peuple et l’ANP », explique notre interlocuteur, contacté hier par téléphone.
D’après le député du parti de Djaballah, cette instance présidentielle aura pour mission de « gérer la période de transition avec un amendement de la loi électorale» et l’instauration, poursuit-t-il, «d’une instance qui sera chargera d’organiser les élections présidentielles». Par ailleurs, le FJD a rejeté la formation du gouvernement actuel en insistant à constituer un gouvernement technocrate formé de compétences. Concernant ce vendredi, pour Benkhellaf les citoyens «devront continuer leurs manifestations jusqu’à l’obtention de toutes leurs revendications», a-t-il conclu.

FRONT DES FORCES SOCIALISTES : «Rester mobilisés et vigilants jusqu’à l’aboutissement des revendications»
Pour le Front des forces socialistes (FFS), la démission du chef de l’État, intervenue après des manifestations pacifiques grandioses et suite à «un ultimatum» du chef de l’état-major de l’armée, « signe l’épilogue de vingt années d’un système totalitaire et mafieux », estime le FFS dans un message rendu public hier. Le plus vieux parti d’opposition a invité par la suite les Algériens «à rester mobilisés, vigilants et déterminés jusqu’à l’aboutissement des revendications de paix, de liberté et de démocratie ». Le FFS estime enfin que « la quasi-totalité de nos concitoyens ont insisté à travers tout le pays sur l’impératif du changement radical du système, en se débarrassant également de ses béquilles institutionnelles et de ses symboles».

PARTI DES TRAVAILLEURS (PT) : «La démission du président satisfait en partie les aspirations de la majorité»
Le Parti des travailleurs a estimé que la démission du président de la République « satisfait en partie les aspirations de la majorité ». « Elle ne saurait à elle seule constituer l’issue positive conforme à la volonté de la majorité qui veut exercer sa pleine souveraineté sans tuteurs, ni représentants de fait quels que soient leurs qualités ou postes de responsabilité», écrit le parti de Louisa Hanoune qui a rejeté toute « tentative d’où qu’elle vienne, visant à entraver, stopper le mouvement révolutionnaire et rappelle que c’est le système en place qui met en péril le peuple algérien et la nation algérienne et que la confiscation de la volonté du peuple fut-elle l’émanation de l’ANP est porteuse de dangers intérieurs et extérieurs pour le pays, car contraire à la démocratie et pouvant servir d’alibi pour les ingérences extérieures», explique la formation politique dirigée par Louisa Hanoune.

DAHI FAHEM, SG DU MDS : «Les Algériens fêteront leur victoire ce vendredi »
Pour le secrétaire général du Mouvement démocratique et social (MDS), Dahi Fahem, la période qui suit la démission du désormais ex-président de la République nécessite « une nouvelle Constitution élaborée par tous les acteurs qui ont participé au mouvement populaire», en proposant d’aller vers une période de transition gérée par une personnalité symbolique, comme « Djamila Bouhired», et cela, selon notre interlocuteur, « pour faire le lien entre la révolution d’aujourd’hui et celle de 1954». Selon Dahi Fahmi, le peuple algérien a pu faire reculer l’un des piliers du système, mais précise-il, «il en reste d’autres» en ajoutant que l’instauration d’une nouvelle République nécessite «une justice de transition», en luttant «contre toute formes de corruption». Concernant ce vendredi de 7e marche pacifique, notre interlocuteur nous a affirmé que les « citoyens seront mobilisés pour fêter leur victoire et pour demander la justice».

BELKACEM SAHLI, SG DE L’ANR : «La décision permettra d’éviter la complication de la crise»
Pour l’Alliance nationale républicaine (ANR), dirigée par Belkacem Sahli, qui a salué hier la décision du président Abdelaziz Bouteflika de déposer sa démission, mardi soir, en affirmant que cette décision « permettra d’éviter la complication de la crise ». Ainsi, dans un communiqué publié hier, le parti de Sahli a appelé dans les citoyens, les partis politiques et la société civile à «soutenir les institutions constitutionnelles y compris l’Armée nationale populaire afin de fonder une nouvelle Algérie», en appelant dans le même contexte tous les acteurs à «redoubler d’efforts pour réussir la période de transition», a suggéré l’ANR.
Déclarations recueillies  par Sarah Oubraham

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