Le procès en appel de Hadj Ahmed Ben Brahim alias « Escobar du désert » dit le Malien qui s’est ouvert le 27 septembre après son report (le 22 septembre dernier) en raison de la grève des greffiers, a révélé l’implication de hauts responsables du makhzen dans le trafic international de drogue.
Dans leurs dépositions devant la 8e chambre du tribunal de Casablanca, présidé par le juge Ali Torchi, les accusés dont Ali Neciri, le président du club de football le WA Casablanca ou encore Abdennebi Bayaoui un responsable des régions Est du royaume, ont dressé un tableau qui prouve l’implication du Makhzen dans toute la nébuleuse du trafic de drogue. Parmi les noms cités au cours de ce procès figurent de hauts responsables qui n’ont pas été cités dans l’ordonnance d’accusation ni dans l’ordonnance de renvoi devant le tribunal malgré l’insistance de la défense des accusés qui a exigé leur présence, « car ils sont mêlés, aussi bien que leurs mandats dans les faits jugés par le tribunal », a indiqué un avocat constitué par Ali Neciri.
Ce qu’il faut savoir est que ces révélations ne sont pas nouvelles puisque, parmi les mis en cause, ou encore ceux qui ont été curieusement lavés de toutes les charges malgré les preuves à charge apportées par la défense des accusés figurent de hauts responsables du Makhzen qui font l’objet de mandats d’arrêts émis par Interpol et Europol (l’équivalent européen d’Interpol), pour leur implication dans des affaires de trafic de drogue en Europe.
Dans le même cadre, nous citerons les aveux d’un ancien gendarme marocain qui a donné, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, une idée sur l’ampleur de l’implication du Makhzen dans le trafic de drogue. Dans ses déclarations, il a affirmé que cette organisation militaro-civile sur laquelle s’appuie la famille royale pour puiser sa force est impliquée dans toute la filière de production de haschich marocain. « Cela va de la culture jusqu’à la récolte, la transformation, le transport et la commercialisation.
Il a cité comme point nodal de toute cette organisation le rond-point de « Derdara » dans la région de Chefchaouane. « C’est un poste de contrôle tenu par les gendarmes mais qui est sous le commandement de toute l’autorité civile et militaire du département. Tous les producteurs de haschisch, tous les transporteurs, et tous les trafiquants sont répertoriés et leurs mouvements dirigés depuis l’autorité qui tient ce poste de contrôle. Les revenus générés par ce poste de contrôle (barrage comme il l’a désigné ndlr) dépassent ceux du Canal de Suez. Tous les responsables trouvent leur compte dans la vaste organisation mise en place et contrôlée par le Makhzen », a-t-il souligné.
Pour lui, c’est une véritable place forte du trafic de drogue qui est mise en place dans ce poste de la gendarmerie où il affirme avoir déjà travaillé avant sa démission. « C’est une organisation bien huilée qui est mise en place et qui étend ses ramifications dans toute la région de Tkout, Ouazene, Hoceima, Targuiste ou encore Terrez, une localité qui s’ouvre sur la Méditerranée et où sont chargés de drogue les zodiaques en partance vers l’Europe. Les régions de Taouna et Fès complètent le dispositif mis en place par le Makhzen. La ville de Fès joue dans l’organisation de ce trafic un rôle important puisque c’est à partir des dépôts qui y sont implantés que la drogue est dispatchée. Une partie est acheminée vers Casablanca pour la consommation locale, une autre est convoyée vers Rachidia pour être expédiée vers l’Europe et une troisième est envoyée vers la ville de Oujda pour être acheminée vers l’Algérie et le Moyen Orient à travers les routes du Sahara et de la Libye », a-t-il indiqué en affirmant que ses aveux sont le fruit de son vécu sur le terrain quand il officiait comme gendarme dans ce poste de contrôle dans la région de Cherfchaouane.
Finalement, ses révélations et celles des accusés dans l’affaire du « Pablo Escobar du désert » ne font que confirmer que le Makhzen est avant tout une organisation maffieuse qui a pris dans ses serres les richesses du peuple marocain et qui a poussé, aujourd’hui son outrecuidance et sa trahison jusqu’à offrir à l’entité sioniste le pays pour en faire une patrie de rechange si elle est chassée de Palestine occupée. Les accords de normalisation prévoient dans leurs clauses secrètes d’offrir à Israël cette possibilité en cas de nécessité absolue et c’est ce qui explique en grande partie l’insistance du Maroc colonial à gagner des soutiens à son plan de large autonomie des territoires sahraouis occupés.
Slimane B.