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Crise libyenne : nouvelle signature d’un accord interlibyen

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Des députés et des personnalités politiques libyens ont signé, jeudi 17 décembre à Skhirat, au Maroc, un accord élaboré par les Nations unies pour sortir la Libye du chaos, malgré l’objection des deux Parlements rivaux qui l’ont rejeté d’avance.
L’accord prévoit la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, dont les pays occidentaux espèrent qu’il pourra contrer l’influence croissante du groupe terroriste État islamique (EI). Selon les observateurs, ce nouveau gouvernement sera un interlocuteur valable qui pourra demander de l’aide à la communauté internationale pour lutter contre Daech, fournissant ainsi le prétexte nécessaire à une intervention militaire étrangère, voulue tant par Paris que Washington . Le texte prévoit également d’instaurer un conseil présidentiel, au début d’une période de transition qui devra s’achever par des élections législatives. Mais cet accord est loin de faire l’unanimité et sa mise en œuvre s’annonce compliquée, étant donné qu’il a déjà été rejeté par les chefs des deux Parlements rivaux et par les tenants de la ligne dure dans les deux camps. Mais pour le moment on se demande si réellement cet accord comme les précédents est en mesure de faire avancer le dossier libyen ? En effet c’est peu clair pour le moment car les deux leaders des Parlements qui ne sont pas d’accord sont hostiles à ceux qu’ils accusent « d’ingérence dans les affaires libyennes. »Mais quoiqu’il en demeure, la signature de l’accord politique en Libye par des membres des deux Parlements libyens rivaux peut jeter les bases d’un gouvernement d’union nationale, dont la mission première sera de rétablir la paix durant une période transitoire de deux ans et aboutir à des élections législatives. Parrainé par l’envoyé spécial de l’ONU, Martin Kobler, et fortement soutenu par la communauté internationale, en particulier l’Algérie, cet accord est le fruit de 14 mois de négociations interlibyennes. Ils est déstiné à jeter les bases d’un gouvernement d’union nationale dont la principale mission sera de stabliser le pays où le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech) commence à s’ implanter.
L’accord a été signé par environ 80 des 188 membres du Parlement de Tobrouk, ainsi qu’environ 50 des 136 députés du Congrès général national (CGN), mais aussi par des indépendants, des représentants de partis politiques et des représentants de la société civile et des communes, selon des participants. Début octobre, des membres des deux Parlements avaient approuvé un projet d’accord négocié sous l’égide de l’ONU, qui a été ensuite rejeté par leurs institutions respectives. Les chefs des deux assemblées rivales souhaitent l’adoption d’une «déclaration de principes» interlibyenne sur un gouvernement d’union, signée début décembre à Tunis entre des représentants des deux Parlements, un processus alternatif à celui de l’ONU. La première clause de l’accord politique en Libye prévoit la mise en place, quarante jours après la signature, d’un gouvernement d’union nationale dont la mission, est de résorber la rivalité entre les deux Parlements en désaccord depuis l’été 2014, l’ONU propose de répartir le législatif entre les deux institutions. Celui de Tobrouk deviendrait une Chambre des représentants, celui de Tripoli un Conseil d’état.
L’exécutif serait confié à un conseil présidentiel de neuf ministres et toutes ces institutions devraient siéger dans la capitale Tripoli. «C’est un jour historique pour la Libye», a déclaré l’émissaire de l’ONU Martin Kobler. «La porte est toujours ouverte pour tous ceux qui ne sont pas présents . Ce n’est que le début d’un long parcours pour la Libye», a dit M. Kobler. «L’alternative est bien pire». Pour M. Kobler, la signature de l’accord favoriserait une assistance étrangère à la Libye, notamment militaire, pour l’aider à lutter contre le terrorisme et «une levée de l’embargo sur l’armement requiert un (seul) gouvernement».L’un des signataires libyen de l’accord, Saleh el-Makhzoum, représentant le CGN, a parlé «d’un tournant décisif (…) sur la voie de la construction de l’état», et d’un «premier pas vers le rétablissement de la stabilité». Les racines de ce succès remontent à mars 2015 lorsque Alger avait abrité les premiers pourparlers interlibyens couronnés par l’engagement des partis politiques et des personnalités influentes à œuvrer pour le règlement de la crise en Libye par le dialogue politique. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de l’ancien régime de Maamar El-Gueddafi fin 2011 et deux autorités politiques se disputent le pouvoir depuis l’an dernier, l’une basée à Tripoli et l’autre, la seule reconnue internationalement, basée à Tobrouk dans l’est du pays. Les autorités qui ont succédé à l’ancien régime n’ont pas réussi à désarmer les groupes rebelles qui se sont opposés à ce dernier. D’année en année, enhardies par la faiblesse des autorités, ces milices sont devenues puissantes, se battant entre elles pour le contrôle de territoires.
Des zones du pays sont en outre contrôlées par des milices liées à des clans. à ces divisions politiques et violences, viennent se greffer des difficulités économiques. La Libye qui dispose des réserves pétrolières les plus importantes d’Afrique, estimées à 48 milliards de barils, a vu ses exportations, estimées à 1,2 million b/j en 2011, chuter à 400.000 b/j. La Banque centrale de Libye doit piocher dans ses réserves (90 milliards de dollars début 2015) pour pallier au déficit important creusé par les salaires des fonctionnaires, une somme d’environ un milliard de dollars par mois alors que les recettes pétrolières ne dépassent pas les 600 millions de dollars.
M. B.

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