L’intensité des émeutes ayant secoué, lundi, le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa n’a pas laissé indifférents partis politiques, société civile et acteurs politiques.
Tout le monde a réagi dans le sens de l’apaisement. Dans ce contexte, la LADDH (Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme) déplore la situation et la tournure prises par les événements après la grève générale observée par les commerçants depuis ce lundi. En effet, l’aile de la Ligue qui s’est exprimée dans un communiqué signé par son secrétaire national chargé des dossiers spécialisés, Houari Kaddour, a appelé la population au calme et à la vigilance. D’autre part, la LADDH invite le gouvernement à intervenir à même de trouver des solutions «urgentes» pour apaiser la situation. «La LADDH suit avec un vif intérêt le développement inquiétant de la situation dans certaines régions du pays à l’aune des contestations sociales», indique le communiqué rendu public ce lundi. Allusion aux violents affrontements ayant opposé les manifestants et les forces de l’ordre dans le centre-ville de la ville de Bougie, la Ligue fait part de son amertume suite aux actes de violence survenus. L’appel au débrayage général relayé sur les réseaux sociaux depuis ces derniers jours a été en effet suivi sur le terrain. Ce mouvement observé par les commerçants du gros et du détail a touché entre autres plusieurs localités des wilayas de Béjaïa, Bouira et Boumerdès. Les manifestants se veulent par cette action, une manière de dénoncer certaines dispositions de la Loi de finances 2017 inhérentes à l’augmentation des taxes, avec comme répercussion directe la dégringolade du pouvoir d’achat du citoyen. Néanmoins, la situation a vite dégénéré dans le chef-lieu de la ville des Hammadites, à tel point que l’intervention des éléments des forces du maintien de l’ordre a laissé place à des scènes d’émeutes.
Routes coupées à la circulation à l’aide de pneus brulés et autres objets hétéroclites, actes de vols, destructions et saccages de biens publics, tels sont les images diffusées sur Internet et relayées sur les réseaux sociaux. Face à cet état de fait, la LADDH appelle les Algériens à faire preuve de calme et de retenue. En revanche, elle appelle la population à mener ses actions de contestation de manière pacifique, seule démarche salutaire et susceptible d’améliorer la situation, selon elle. En outre, une telle attitude de sérénité permettra d’éviter au peuple de tomber encore une fois dans le piège de ce qu’elle qualifie de «complot de sédition».
En plus d’inviter les manifestants à la sagesse, parmi les jeunes d’entre eux surtout, elle s’adresse à l’ensemble des composantes de la société civile, pour les mettre en garde contre les conséquences de l’anarchie. Une situation de chaos qui n’arrange, selon les explications de la LADDH, les auteurs qu’elle qualifie de «forces antidémocratiques» et d’«adeptes de la régression». à en croire donc cette aile de l’organe des Droits de l’Homme, ce qui s’est passé à Béjaïa relève d’un «plan prémédité» et non d’une action de protestation spontanée qui a basculé dans la violence. à ce titre, elle en appelle à toutes «les consciences vives» à faire preuve d’un esprit éveillé pour mettre en échec ceux qui «agissent dans l’ombre». Tout en attirant l’attention des pouvoirs publics sur l’importance capitale de trouver des solutions «urgentes» pour ramener le calme dans cette région, la LADDH profite de cette occasion pour rappeler le contexte de crise économique et ses répercussions sur le pouvoir d’achat du citoyen. En ce sens, elle qualifie l’actuelle politique du gouvernement d’«exclusiviste des couches défavorisées de la société».
D’ailleurs, elle met en garde les autorités contre la poursuite de cette même politique qui pourrait engendrer, selon elle, une explosion imminente du front social et de la population en général.
Farid Guellil
