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COLONISATION FRANÇAISE EN ALGÉRIE : Macron lève l’embargo sur une partie des archives

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Le président de la République française, Emmanuel Macron, multiplie les gestes en direction de notre pays concernant le contentieux mémoriel de la colonisation française en Algérie. Ainsi, après avoir proclamé officiellement, il y a quelques jours, la torture et l’assassinat du nationaliste Ali Boumendjel par l’armée coloniale, il revient, hier, pour annoncer le levée du secret défense sur une partie des archives de la Guerre de libération. À savoir, et pour être précis, déclasser les documents vieux de 50 ans, dont dossier de  l’année 70 y compris.

Force est de constater qu’après la levée de boucliers suscitée en Algérie par le rapport de Benjamin Stora sur la colonisation française, Emmanuel Macron, initiateur du travail mémoriel, a dû réfléchir deux fois avant d’agir, pour celui qui s’est engagé à effacer d’un trait le lourd contentieux de la colonisation française en Algérie. Mais, au-delà de la volonté de faire, on n’évacue pas du revers de la main 132 ans d’occupation avec tout ce qu’elle avait engendré comme crimes humains, matériels et préjudices moraux. En effet, dans un communiqué diffusé hier sur le site de l’Elysée, on pouvait lire que le président Macron, sur demandes de la communauté universitaire, de faciliter « l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante ans. » En d’autres termes, les dossiers de la colonisation frappés du sceau « secret défense » seront mis à disposition des chercheurs universitaires et historiens à l’effet de « favoriser le respect de la vérité historique » pour reprendre l’Elysée. « Il revient à l’État d’articuler de manière équilibrée la liberté d’accès aux archives et la juste protection des intérêts supérieurs de la Nation par le secret de la Défense nationale. Décidé à favoriser le respect de la vérité historique, le président de la République a entendu les demandes de la communauté universitaire pour que soit facilité l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante ans », pouvait-on lire sur le site de la présidence française.
La décision semblerait même connaître un effet immédiat, puisque le chef de l’État français ordonne l’ouverture des archives dès aujourd’hui. « Le chef de l’État a ainsi pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale selon le procédé dit « de démarquage au carton » jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse », explique-t-on en effet pour une décision qui « sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie. »
Pour le reste, le communique de l’Elysée s’est attardé plus sur l’aspect technique de la procédure. À savoir, écrit-on, « En complément de cette mesure pratique, le gouvernement a engagé, sur la demande du président de la République, un travail législatif d’ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal pour faciliter l’action des chercheurs. Il s’agit de renforcer la communicabilité des pièces, sans compromettre la sécurité et la défense nationales. L’objectif est que ce travail, entrepris par et avec les experts de tous les ministères concernés, aboutisse avant l’été 2021. »
F. Guellil

Une déclassification partielle
Le président français, Emmanuel Macron, a décidé de faciliter l’accès aux archives classifiées de plus de 50 ans, y compris celles frappées du sceau du « secret défense », relatives à la guerre d’Algérie (1954-1962). Cette ouverture, sera consentie uniquement, selon les termes du communiqué de la présidence française, aux chercheurs et universitaires, ce qui laisse supposer que pour une ouverture, pour un large public, il faudra encore attendre. Certes, cette décision est à saluer, dans la mesure où elle permet de mettre la lumière sur certains faits liés à la guerre d’Algérie et aux crimes perpétrés par la France. Macron avait bien reconnu, il y a quelques jours, que l’armée française avait torturé et assassiné Ali Boumendjel. Le pas qu’il a franchi est à saluer, mais le travail de mémoire ne doit pas être sélectif. L’ex-puissance coloniale doit reconnaître tous les crimes commis au nom de la mission civilisatrice du colonialisme. La décision de Macron permettra donc de réduire les délais d’attente liés à la procédure de déclassification des documents, cela suppose que les chercheurs devront se soumettre à une procédure plus souple, mais qui pourrait se montrer restrictive. C’est ce qu’il faudrait déduire dans la mesure où ces archives ne couvrent qu’une période de 50 ans et une période de la présence française en Algérie (1954-1962). L’Histoire de la guerre de libération de l’Algérie remonte au 8 juillet 1830, quand des soldats français avaient débarqué sur la plage de Sidi Fredj. Depuis cette date, l’opposition à l’occupant a été déclarée et  la répression a été intronisée comme moyen pour pacifier les territoires occupés. Il faut également lire cette décision sous un angle franco-français car il serait naïf de croire qu’elle découle de la volonté de la France de reconnaître les crimes commis par son armée en Algérie. Des résistances minent encore la société française où les idées de l’extrême droite sont en train de faire leur chemin et il ne serait pas étonnant de voir, lors des prochaines législatives françaises, les partisans du Rassemblement national de Marine Le Pen récolter la majorité à l’assemblée. Ce serait alors un véritable coup d’arrêt pour le processus, lent mais peut-être sincère, qui permettra un jour à la France de reconnaitre ses crimes en Algérie. La restitution des crânes de résistants algériens, il y a quelques mois, était un geste symbolique et l’ouverture d’une partie des archives liées à la présence française en Algérie en est un autre. Les état-majors des partis politiques en France sont en pleines manœuvres pré-électorales avec comme point de mire les présidentielles de 2022. La société, empêtrée dans ses contradictions et dans les courants néoconservateurs qui la traversent, a choisi de trouver le moyen d’une réconciliation qui lui permettra de franchir l’actuel quinquennat sans grands dommages.
Actuellement, elle se fait peur en agitant l’islamo-gauchisme pour contrer la tendance de glissement vers l’extrême droite. L’histoire de la réconciliation concerne la France car ce qu’elle a commis comme crimes en Algérie ne saurait être pardonné et l’ouverture d’une partie de sa présence dans notre pays cache une idée retors et des desseins qui finiront par être éventés. La présence de la France en Algérie a duré de 1830 à 1962, et si Macron voulait mettre toute la lumière sur les crimes commis par l’armée coloniale, déclassifier toutes les archives concernant cette période est plus que souhaitable.
Slimane B.

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