Prévu pour 2017, année d’élection au Bundenstag, un biopic sur la chancelière allemande suscite de nombreuses critiques. Et maintenant, héroïne de film… La chancelière Angela Merkel est définitivement une star. La plus influente des dirigeants européens aura bientôt droit à son biopic. La société de production AVE a annoncé, la semaine dernière, qu’elle préparait un film sur la vie de la chancelière, dont le titre de travail résume à lui seul son sujet: Angela Merkel. La sortie de ce long-métrage, une coproduction internationale, est prévue pour 2017, l’année des prochaines élections au Bundestag, sans que soit précisé si elle aurait lieu avant ou après le vote. «Il n’y a encore ni casting ni calendrier pour le tournage», explique-t-on chez AVE. Mais le projet fait déjà parler de lui.
C’est avec beaucoup de sérieux que la vie de la chancelière sera retracée. Pour le scénario du film, la société de production a fait appel au journaliste Dirk Kurbjuweit, rédacteur en chef adjoint au Spiegel et auteur d’un ouvrage de référence sur la chancelière. Il la connaît sur le bout des doigts et, pour lui, elle est «la responsable politique la plus passionnante de notre époque». «Angela Merkel est charmante et connue dans le monde entier. Elle énerve les esprits et elle joue sur tous les tableaux», s’est réjoui le producteur Walid Nakschbandi en annonçant le projet.
Pourtant, Angela Merkel cultive davantage le mystère et le secret que l’exubérance et le sens du coup d’éclat. Ses discours sont monotones, voire rébarbatifs. Son manque de charisme a été de nombreuses fois souligné par ses détracteurs. Dans son parcours, rien ne semblait la prédestiner à exercer les plus hautes responsabilités. Ce sont ces contrastes qui font d’elle une figure atypique: sa discrétion renforce sa fermeté. Pour interpréter son rôle, les paris sont ouverts. L’actrice Veronica Ferres est évoquée par les médias. Mais toutes les hypothèses sont ouvertes.
«Culte de la personnalité»
L’annonce du film a réjoui les partisans d’Angela Merkel et fait s’étouffer ses opposants, qui n’en finissent pas de dénoncer le plébiscite permanent qui entoure la chancelière. Sa cote de popularité reste sans égale. «Le culte de la personnalité concerne peu d’États démocratiques », a commenté la présidente du groupe Vert au Bundestag, Kathrin Göring-Eckart, qui s’est demandée quelle serait la prochaine étape ? «Que le Pape, catholique, fasse d’elle la première protestante béatifiée?» Et d’ajouter: «Et que les Jeux Olympiques soient déplacés de Hambourg à Templin (la ville natale de Merkel, NDLR)?» «Il ne manque plus que la ZDF et l’ARD diffusent le film en prime time», a renchéri Dietmar Bartsch, élu du parti de gauche Die Linke. Angela Merkel «a comme moi une mauvaise expérience du culte de la personnalité», a-t-il ajouté en référence à leur passé en Allemagne de l’Est. Malicieusement, les commentateurs se demandent de leur côté si le budget du film devait être ajouté aux comptes de campagne de la CDU en 2017.
