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Burkina faso : le désarmement bloqué, la tension monte

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Le gouvernement accuse le général Diendéré, l’ex-chef des putschistes, et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) de résister en refusant de désarmer. La tension est remontée d’un cran, lundi au Burkina, le gouvernement de transition accusant l’ancien chef putschiste Gilbert Diendéré et certains membres de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), auteur du coup d’État avorté, de faire de la résistance en refusant de désarmer. « Le processus de désarmement commencé samedi, […] a été brutalement remis en cause hier par le général Diendéré qui a fait savoir à ses éléments que le RSP ne saurait être dissous par la Transition et qu’il valait mieux résister », déplore le gouvernement dans un communiqué. Selon lui, le camp putschiste a « pris en otages non seulement les membres de l’ancien RSP désireux de rejoindre le camp de la raison, mais aussi le personnel des forces armées nationales chargé de l’enlèvement des armes » prévu par l’accord récemment conclu avec les forces loyalistes.

Une accusation grave : l’appel à des groupes djihadistes
Le gouvernement accuse aussi les anciens putschistes de vouloir faire appel à des groupes djihadistes sahéliens pour les soutenir. Des affirmations démenties aussitôt par les intéressés. Une source à l’état-major a par la suite tempéré ces accusations, déclarant qu’il n’y avait pas de prise d’otages, mais que d’ex-putschistes avaient empêché des loyalistes de quitter leur caserne avec des camions remplis de matériel militaire. Une source au sein du RSP avait elle aussi nié une quelconque prise d’otages tout en reconnaissant des incidents. D’après cette source, le désarmement de cette ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir en octobre 2014, bloquait notamment, car « les engagements sur les familles et la sécurité » des soldats putschistes, pris par le régime de transition revenu au pouvoir, « n’ont pas été tenus ».

Diendéré se positionne en médiateur
Interrogé, lundi soir par France 24, le général Diendéré a déclaré que « les choses sont en train de rentrer dans l’ordre ». Il a précisé à l’AFP qu’il jouait un rôle de « médiateur » entre ses hommes et les autorités. « Les hommes sont déterminés. Nous essayons de les calmer. Ils n’ont reçu aucune satisfaction » sur leurs demandes, a-t-il assuré, estimant que les putschistes avaient fait beaucoup de concessions. « Qu’est-ce qu’on leur donne en échange ? La dissolution (du RSP), la dispersion dans différentes régions militaires, l’arrestation de certains d’entre eux. Des menaces sur leurs familles. Ça n’encourage pas l’apaisement », a-t-il conclu.

Appel du gouvernement à la mobilisation
Dans ce contexte tendu, le gouvernement a appelé le peuple burkinabé à la « mobilisation », tout en demandant d’« éviter les actes de représailles et la vengeance privée » pour « rassurer les membres de l’ancien RSP et leurs familles ». Les représentants de la société civile appelaient quant à eux la population à « reprendre la résistance active » face au « reniement de leurs engagements » par l’ex-RSP. Sur son site internet, l’ambassade française au Burkina Faso a annoncé lundi la fermeture des « établissements scolaires français cet après-midi », « en raison de troubles en ce moment à Ouaga 2000 [quartier du palais présidentiel et de la caserne du RSP, NDLR], et susceptibles de s’étendre à d’autres quartiers ». Selon un journaliste de l’AFP sur place, le calme régnait lundi après-midi autour de la caserne et du palais. Des membres de l’ex-RSP campaient aux abords de leur caserne, mais sans gilet pare-balles ni casque. Mené le 17 septembre par le RSP, le putsch a finalement échoué une semaine plus tard.
Après une semaine de manifestations dans le pays et la médiation de La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’armée « loyaliste », sous l’impulsion de jeunes officiers, a convergé vers la capitale lundi dernier, forçant le RSP à renoncer à son projet. Le gouvernement réinstallé a depuis ordonné la dissolution de ce corps d’élite de 1 300 hommes, réclamée à plusieurs reprises par la société civile de ce pays sahélien de 17 millions d’habitants, à l’histoire jalonnée de coups d’État militaires depuis son indépendance en 1960. Le pouvoir en place a également ordonné le gel des avoirs de Gilbert Diendéré et d’une douzaine d’autres personnalités. Le sort de ce proche de l’ex-président Blaise Compaoré restait toutefois en suspens, alors que les violences liées au coup d’État ont fait 10 morts et plus de 100 blessés parmi les manifestants anti-putschistes.

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