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Bouira : virée dans les monts de Zbarbar

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Une journée lumineuse de plus ! Ce jeudi prolonge la série de journées ensoleillées, faisant craindre un nouveau mois sans pluie. Les champs attendent avec impatience la pluie ! Quelques jours de pluie et l’année pourrait être compromise. Kamel, notre chauffeur, rassure : le retour du mauvais temps est annoncé pour vendredi.(faut-il dire mauvais ? Ne fallait pas changer de qualificatif dans un pays où la sécheresse est endémique ?)

Serait-ce, cependant, une raison de bouder ces journées, sachant que la logique météorologique voudrait que si l’hiver est trop clément, le printemps le sera d’autant moins ? Autant donc en profiter. Et c’est le cœur en fête que nous mettons le cap sur la ville des Arribs, célèbre par la fertilité de ses plaines immenses et ses produits agricoles. Pourtant l’enjeu de cette journée n’est pas là. Le programme tracé par le wali et que nous suivons est autre. Il concerne six communes, dont quatre sont dans les montagnes de Zbarbar. Ce qui va contraindre le wali à sortir de la wilaya de Bouira et passer par Tablat ( Médéa) pour s’y rendre.

Les bonnes terres menacées
Ce n’est pas un canular. La menace existe. Et il n’est pas nécessaire d’être un bon observateur pour s’en rendre compte. La ville de Aïn Bessem qui est comme les cinq grandes villes de la wilaya, dont Bouira, Lakhdaria , M’Chedellah et Sour El Ghozlane, mais peut être plus que ces trois dernières à cause du plat qui l’environne, elle se développe à toute vitesse, portée par de grands projets de développement. Elle a bénéficié, en effet, dans le cadre des trois programmes quinquennaux de nombreux projets de logements, de santé, d’éducation et autres structures culturelles et sportives et tout cela n’a pu se réaliser qu’aux dépends des bonnes terres. Le phénomène d’urbanisation tentaculaire observable, même dans les villages, devenus de petites villes, est peut être plus observable encore à Aïn Bessem à cause de la nature plate de ses terres. Mais, ce jeudi, il n’est venu à l’idée de personnes que les deux projets : Un lycée de 800 places pédagogiques de 200 rations, ainsi qu’un hôpital de 120 lits, soient de nature à soulever de telles objections. La priorité reste quand même à l’éducation nationale et à la santé publique, les deux secteurs clefs pour assurer le développement à moyen et long terme.
C’est comme le barrage de Koudiet Acerdoune. L’observation faite par un médecin exerçant à Guerrouma, au sujet des terres agricoles immergées, partait peut être d’un bon sentiment, mais elle ne saurait peser devant les enjeux représentés par la construction d’un tel ouvrage : 6 wilayas bénéficient de l’eau potable à partir de Koudiet Acerdoune, sans compter les milliers d’hectares de périmètres irrigués chez nous. Ces derniers, verts généralement en cette saison, n’arborent, ce matin, qu’une étendue noire à perte de vue. Découragés par l’absence de pluviométrie, les patatiers ne semblent pas avoir le cœur à l’ouvrage. Quoi qu’il en soit, nous voilà dans ce quartier périphérique de la ville de Aïn Bessem que nous avons contournée par le nord par le chemin de wilaya qui mène vers Souk El Khémis. La structure pédagogique, lancée en janvier 2015 est à un taux d’avancement estimé à 65%. Celle de la santé, lancée en mai 2012, dans un autre quartier au Sud-Ouest, connaît un grand retard, car elle n’est 19%. C’est pourquoi le wali a exigé d’augmenter la cadence des travaux en vue de rattraper le retard.

La route par Tablat et par Ghorafa
Nous traversons Bir Ghabalou en trombe, et pénétrons, à partir d’El Azazia, dans la wilaya de Médéa. Autre fois prospère, les deux rives de l’Oued que nous suivons semblent en jachère. Nous ne remarquons aucune culture. L’élevage lui-même si présent semble avoir été abandonné aussi. Le seul fait notable : les maisons construitent en de terre ont disparu. On construit en dur, désormais. Nous soupçonnons la politique de l’aide à l’habitat d’être derrière ce changement. En revanche, la forêt de pins n’a pas subi d’atteinte, verte et touffue à l’infini.
Puis, nous enjambons le pont jeté sur Oued Isser qui passe près de Lakhdaria en travservant les montagnes. à El Mokrani, dans la daïra de Souk El Khémis, un projet de barrage prévoit d’en retenir le cours pour renforcer le potentiel hydrique de la wilaya. Après le contournement de Tablat, nous obliquons à droite et la route que nous prenons, celle de Ghorafa va nous conduire toujours plus haut, jusqu’à ce qu’on atteigne une sorte de plateaux d’où nous apercevons la montagne de Djurdjura, à l’Est, mais si loin. Le paysage est beau. On a l’impression de le survoler en avion. Tantôt des ravins s’ouvrent sur notre droite ou notre gauche et la vue de ces gouffres nous procure des sensations délicieuses. Enfin nous amorçons une descente et la route se dégrade. Les dernières pluies ont causé de sérieux dégâts. Un peu plus loin des engins travaillent à déblayer et à damer le sol. Nous éprouvons de sérieuses secousses. Et puis, alors que nous approchons de Gurrouma, la première étape de notre voyage, la chaussée devient bonne et notre calvaire cesse. L’élément notable était surtout l’amandier. Cet arbre rustique est partout sur notre route. Il est même plus cultivé que l’olivier ou le figuier. Comme il a fleuri précocement, la montagne en est presque toute blanche. C’est cette couleur tranchant sur le vert des arbres de la forêt, en souligne l’abondance. La floraison finie, on ne remarque cet arbre que si on s’approche de lui. Or de Guerrouma à Bouderbala, en passant par Maala et Boukram, l’amandier en fleurs se signale à notre vue à tout instant, faisant penser à la neige qu’on n’a pas encore eue cette année.

Plus près du citoyen
Dans cette localité, sur le versant droit de la montagne, les citoyens attendent depuis le matin l’arrivée du premier responsable. Celui-ci visite le chantier d’un CEM. Démarrés en 2014, les travaux patinent un peu à cause de la pénurie du ciment.
L’entrepreneur le fait venir de si loin. Il inspecte également le chantier d’une polyclinique et des quatre logements d’astreintes dont les fenêtres ont une vue panoramique sur le barrage de Koudiet Acerdoune. Le médecin accoudé au rebord émet sa critique sur l’ouvrage, dont les eaux noient les bonnes terres. Il déplore aussi le taux d’humidité élevé, qui a des effets néfastes sur la santé des asthmatiques. Le wali est alors assiégé par une nuée de plaignants. Il y a le problème d’eau qui reste hors de portée d’une cinquantaine de foyers et le CW 93 dont l’état est déplorable. Le wali a mis du temps pour convaincre ses gens qui parlaient tous à la fois et voulaient une solution rapide. Il a néanmoins donné des instructions pour le raccordement des foyers non touchés par le réseau de distribution.
Quant au chemin dégradé sur 26 km, le wali a instruit le directeur des Travaux Publics pour qu’il prenne le problème en charge en procédant par tronçon. Par l’injection de petites enveloppes prélevées sur le budget de fonctionnement du secteur, il sera plus facile d’en financer les travaux de réfection. Le gaz sera pour 2017. Mais le wali a réagi et fixé l’année en cours comme délai. Ainsi, ce n’est pas seulement Gourouma (1670 foyers) qui aura le gaz d’ici la fin de 2016,), mais également Maala et Boukhram (respectivement 419 et 782 foyers).

Le progrès palpable
Il est loin le temps où une annexe de formation professionnelle arrachée avec peine au ministère de la Formation pouvait, pour un wali, être un sujet de fierté.
Aujourd’hui, le progrès est visible partout ! Il a d’abord ces routes qui partent dans toutes les directions. Il est difficile, si l’on n’était pas natif du coin, de s’y retrouver. Combien de fois le sentiment de tourner en rond ne nous a-t-il pas saisi au milieu du cortège ? Vues des crêtes que nous chevauchons de Guerrouma à Maala c’est tel lacis ! Mais toutes ces jolies villas qui bordent les rues lorsque nous arrivons dans ce chef-lieu de commune et qui n’attendent que le gaz, pour être dotées de tout le confort, où peut-on en voir de pareilles sinon dans les beaux quartiers de nos grandes villes ? Nous ne savons pas si Maala est équipé d’un réseau d’internet. Mais le directeur d’Algérie télécom a parlé de 288 accès et compte déjà 136 abonnés à Aïn Beidha, au chef-lieu de Guerrouma. En tout cas, la localité a son lycée. Démarré en sept 2013, cet établissement de 800 places pédagogiques et 200 rations sera dans peu de temps livré. Pour aller à Boukram qui doit être de l’autre côté de la montagne, nous avons été obligé d’aller à Lakhdaria.
De la montagne, la ville qui porte le nom du commandant martyr paraît une simple carte ou une miniature. Après ce crochet, nous enfilons le chemin de wilaya qui nous conduit vers Boukram. Nous avons décrit ses paysages dans un récent reportage. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’avec cette journée lumineuse, la localité semble en fête. Les gens sont heureux et ne se plaignent jamais.
Le wali a pu visiter donc tranquillement le lycée de même envergure que celui de Aïn Bessem et de Maala. Il a promis l’eau en avril et le gaz d’ici la fin de l’année. Les deux réservoirs de 1 000 m3 entrain de se réaliser à Ouled Boukami, au sommet de la montagne qui surplombe la localité, permettra d’alimenter non seulement le chef-lieu de la commune mais même les localités de Ouled Tatar et d’Arcoub. Le taux d’avancement des travaux pour ce qui concerne le génie civil est de 62%. Hélas, le projet butte sur des oppositions à hauteur du lieu-dit Tamarghenit. Aussi pour permettre le passage de la conduite, le wali a donné des instructions pour entrer en pourparlers avec les opposants en vue de trouver ensemble une solution et ce, dès dimanche prochain. Lorsque le cortège quitte le site, la nuit arrive subrepticement. La nuit nous surprend tout à fait à Bouderbala où le wali a visité une polyclinique réhabilitée.
Lorsqu’il quitte Lakhdaria pour Bouira, après avoir inspecté l’aménagement de la voie B et autres travaux de même nature concernant toute la ville et visité le projet d’un UMC et le bloc opératoire nouvellement équipé, il est 20 heures passées ! C’est la visite la plus longue et certainement la plus éprouvante de toutes celles que nous avons suivi. Mais cette peine a sa juste récompense : ces hauts lieux du tourisme de montagne, méritent qu’on leur consacre une journée entière.
Ali D.

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