Les soi-disant artisans bénéficiaires des locaux promis par le président de la République situés près de l’OPGI n’ont pas trouvé mieux que de louer les locaux qui leur ont été attribués pour l’exercice de leur métier à des subsahariens en contrepartie d’un loyer mensuel de 10 à 15 000 dinars. Les subsahariens y ont apporté des aménagements qui défigurent l’architecture initiale.
Ils vivent jusqu’à 20 personnes par local de 10 m². Les conditions d’hygiène sont quasiment absentes dans ces lieux. Les fortes odeurs d’urine vous agressent l’odorat dès que vous vous approchez de ces locaux. Youcef, le gardien du marché de Gharassa, dira que ces Subsahariens squattent les locaux attribués aux artisans. Benjedou Tahar, retraité de l’ANP, est le seul algérien qui vit au niveau du rez-de-chaussée de ces locaux construits en R+1. Ce père de famille dira qu’il est là bien avant l’arrivée de ces nouveaux locataires, il y a deux ans de cela.
Lui qui est au courant de tout ce qui se passe à cet endroit, dira que ce sont les artisans bénéficiaires des locaux qui les louent entre 10 et 15 000 dinars par mois aux Subsahariens. Il dira que par crainte pour son épouse et ses enfants, il est obligé de s’enfermer chez lui à partir de 18 heures. « Le soir, dira-t-il, la vie devient intenable dans ces lieux. Il y a des beuveries, de la consommation des drogues, de la prostitution, des cris et des bagarres. Il y a aussi des voyous qui y viennent soit pour vendre l’alcool et les drogues soit pour boire, consommer de la drogue ou fréquenter les Subsahariennes. Pour ce qui est du nettoyage des alentours, il faut bien reconnaître que chaque vendredi, ces Subsahariens procèdent au ramassage des ordures. Je me suis adressé plusieurs fois au P/APC et à la police mais rien de positif n’a été fait. Les policiers viennent ici de temps en temps et disent qu’ils ne peuvent rien faire. »
De leur côté les Subsahariens que nous avons rencontrés sur les lieux nous ont montré un local situé au premier étage. Une pièce de 10m² dont les murs sont transpercés de pieux servant à soutenir des sacs contenant des effets des locataires. Cartons, vieux matelas en éponge synthétique et couvertures jonchent le sol. Nos guides assureront que 20 personnes couchent dans ce local.
Au niveau du hall qui se trouve en face de la cage d’escaliers, un débrouillard parmi ces locataires a bien installé une gargote de fortune pour vendre œufs durs, omelettes, thé et café. En face de lui, une Subsaharienne est assise sur un tabouret derrière une table sur laquelle est posé un sac en plastique contenant des baguettes de pain destinées à la vente. Au fond du couloir, un jeune Africain portant des écouteurs à l’oreille danse merveilleusement sans prêter attention à notre présence.
Un Camerounais prit la parole pour dire : « Nous sommes ici en pays hôte pour chercher à vivre mieux que chez-nous et vous voyez dans quelles conditions nous nous trouvons. Nous manquons de tout. Il n’y a ni toilette, ni douche, ni sécurité. Nous sommes des êtres humains et nous aimerions qu’on nous traite comme tels ».
Messaoud Ahmed