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Bafta 2017 : «La La Land» roi des Oscars anglais

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La comédie musicale de Damien Chazelle est repartie avec cinq trophées, dont meilleur film, réalisateur et actrice. Mais tous les regards de la soirée étaient tournés vers les discours des vainqueurs, préoccupés par la situation politique actuelle. Des deux côtés de l’Atlantique, La La Land enchante. Après son triomphe aux Golden Globes hollywoodiens, la comédie musicale de Damien Chazelle a également régné en maître, dimanche à Londres, sur les Oscars anglais, les Bafta. En lice pour onze trophées, les amours contrariées et les numéros de claquettes d’Emma Stone et de Ryan Gosling sont repartis avec cinq Bafta: meilleure musique, meilleure photographie, meilleure actrice, meilleur réalisateur et meilleur film. De bon augure pour les Oscars qui se dérouleront à Los Angeles le 26 février prochain et dont le vote pour désigner les lauréats débute dès lundi 13 février. Mais cette razzia n’a pas été le raz de marée annoncé, La La land a laissé de la place à ses rivaux. Manchester by the sea sur un homme endeuillé et Lion qui raconte l’histoire vraie d’un orphelin qui retrouve sa famille en Inde ont décroché deux trophées chacun. Meilleur acteur pour Casey Affleck et meilleur scénario pour Kenneth Lonergan du côté de Manchester by the sea. Meilleure adaptation et meilleur second rôle pour Dev Patel.
La victoire du comédien, révélé par Skins et Slumdog Millionnaire a été la surprise de la soirée. Tout le monde pariait plutôt sur Mahershala Ali de Moonlight. Malgré quatre nominations, le bouleversant film de Barry Jenkins sur un adolescent noir de Miami refoulant son homosexualité repart les mains vides. De même que Nocturnal animals de Tom Ford. Ex-aequo avec neuf nominations, Premier contact de Denis Villeneuve se contente d’un Bafta technique. L’autre révolution de la soirée a été le Bafta du meilleur film étranger, décerné non pas à Toni Erdmann mais au Fils de Saul, son précurseur sur la Croisette. Mais cette année, le suspense portait autant sur le palmarès que la teneur des discours de remerciements. Allaient-ils être aussi cinglants et engagés que ceux entendus aux Golden Globes ou aux SAG awards qui s’étaient transformés en tribune anti-Trump? Par mesure de précaution, l’humoriste Stephen Fry qui animait la soirée avait enjoint ses confrères à être concis sous peine de se faire interrompre. Mais le comique s’en est aussi donné à cœur joie, se demandant «quels vainqueurs avaient validé les Russes» ou invoquant «l’article 50», celui du Brexit, pour passer à la récompense suivante. Donald Trump n’a pas été oublié: «seul un imbécile peut penser que Meryl Streep n’est pas une des plus grandes actrices de notre époque», s’est écrié Stephen Fry.

Ken Loach: «Les réalisateurs sont avec le peuple»
Lauréat du Bafta du meilleur film britannique pour Moi, Daniel Blake, déjà palme d’or à Cannes, Ken Loach a enflammé d’entrée de jeu le parterre du Royal Albert Hall où avaient pris place le duc et la duchesse de Cambridge: «Je suis reconnaissant à l’Académie de soutenir la vision au cœur de Moi, Daniel Blake: des milliers de personnes les plus pauvres et les plus vulnérables sont traités avec brutalité et dureté. C’est ce même déshonneur qui s’est abattu sur les enfants réfugiés que le gouvernement n’a pas recueillis». Et de mettre en garde: «Les films peuvent nous faire rire mais aussi dire des choses sur le monde réel qui s’assombrit. Dans cette lutte qui s’annonce entre les puissants, les corporations, le gouvernement et nous autres, les réalisateurs savent de quel côté ils sont: ils sont avec le peuple». Isabelle Huppert qui remettait un trophée a elle aussi fait allusion aux turbulences actuelles, souhaitant «un Royaume-Uni toujours uni». Kenneth Lonergan a rendu hommage à sa fille «qui a participé à cinq marches contre Donald Trump».
Viola Davis, Bafta du meilleur second rôle pour sa performance de femme au foyer accablée par l’existence dans l’Amérique des années 50, a aussi réaffirmé ses convictions rendant hommage au dramaturge décédé de son film Fences pour avoir «donné une voix aux concierges, aux éboueurs afro-américains, tous ces gens qui ont vécu dans l’oppression des loi racistes de Jim Crow» . La star de la série Murder a aussi espéré que la diversité de cette saison des prix ne soit pas un leurre. Pour un Moonlight, Fences ou Les Figures de l’ombre qui sont les porte-drapeaux de ce cru 2017, combien de films représentant les minorités émergeront dans les années à venir? Emma Stone qui sur le tapis rouge estimait qu’il était important dans les discours de «protester contre l’oppression et les comportements inhumains» a tenu parole. «Dans ce monde empli de divisions, je suis heureuse que l’on puisse se rassembler pour célébrer la magie de la créativité qui transcende les frontières», a relevé la comédienne qui faisait face à Natalie Portman, Amy Adams, Emily Blunt, et Meryl Streep. Les producteurs de la comédie n’ont pas dit autre chose: «Notre langage est universel, notre musique est transcendante, et notre passion le ciment qui nous lie». Une liberté de ton que l’on retrouvera sans nul doute aux Oscars.

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