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AUTOROUTE EST-OUEST ET AUTRES PROJETS OCTROYÉS À HADDAD : Ouyahia et Sellal font porter le chapeau à Bouteflika

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Sans être totalement affecté par le décès de son frère et avocat Laïfa, survenu dimanche passé, l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a révélé, hier, beaucoup de secrets de la gestion des affaires publiques du pays pendant la période de maladie du Président déchu, Bouteflika.

Poursuivi pour octroi d’« indus avantages lors de la passation de marchés en violation des dispositions législatives et réglementaires, abus de fonction volontaire par un fonctionnaire public en violation des lois et réglementations, conflit d’intérêts en matière de passation de marchés, dilapidation volontaire de deniers publics et usage illégal par un fonctionnaire public au profit d’une personne ou une entité », l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia a été auditionné, hier, dans le cadre du procès de l’homme d’affaires Ali Haddad au tribunal de Sidi-M’hamed. L’accusé a livré le degré de décadence dans la gestion des affaires publiques durant le règne du Président déchu, Abdelaziz Bouteflika. À noter que l’ancien homme fort de l’État a vécu, la veille, une journée compliquée et affligeante lors de l’enterrement de son frère Laïfa auquel il a assisté sur autorisation du Parquet général. Ceci alors qu’il devait comparaître le même jour, au procès de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout. Laïfa était le seul membre de famille autorisé à le visiter en prison, sa femme et ses enfants se trouvant à l’étranger depuis l’avènement du Mouvement populaire du 22 février 2019.

Ouyahia : « Ma femme n’a jamais possédé de société… »
Invité à répondre sur les charges retenues contre lui, Ouyahia a nié toutes les accusations de corruption et d’enrichissement illicite des membres de sa famille, dont sa femme et ses enfants. Il déclare d’une voix tranchante : « Ma femme n’a jamais été propriétaire de quelconque société et mes enfants n’ont bénéficié d’aucun marché public ». Le magistrat le confronte au fait que ses enfants étaient effectivement propriétaires de sociétés et avaient bénéficié de plusieurs projets, Ahmed Ouyahia s’est défendu en disant qu’il avait tout déclaré auprès de l’ex-président Bouteflika « à travers une déclaration orale et non pas écrite ». Il évoque la période où il était chef du gouvernement, entre 2017 et 2019. « Le gouvernement que j’ai dirigé a toujours œuvré pour la protection de l’argent public. Nous avons épargné plus de 200 millions d’euros, l’équivalent de 2 000 milliards de centimes en dinar », a-t-il dit. Et d’ajouter : « j’ai géré toutes les décisions en étant le premier responsable du gouvernement. C’est tout le gouvernement qui a validé l’octroi des marchés en gré à gré et non pas Ahmed Ouyahia tout seul ».
Il affirme, durant tout le procès, qu’il était toujours très regardant sur la gestion des affaires publiques et étudiait tous les détails, notamment ceux concernant l’octroi des marchés et projets publics. « Je n’ai jamais géré le gouvernement par le téléphone. J’avais l’œil sur tout le monde, j’approuvais et je signais. Mais j’avais beaucoup confiance en les ministres de mon gouvernement, car je ne suis pas un expert dans tous les domaines », a-t-il indiqué.
Sur la cimenterie de Relizane du groupe ETRHB de Haddad, Ouyahia a affirmé qu’il ne fait que suivre le projet qui a atteint un taux de construction de 80 % avant que les travaux ne s’arrêtent complètement. Il a affirmé que ce qui l’intéressait était l’achèvement du projet et non pas l’identité de l’entrepreneur qui a obtenu le marché. Mais qui porte la responsabilité sur tous les dépassements dans la gestion du pays engendrant un véritable désastre économique ? « Je parlais souvent au téléphone avec l’ancien Président et envoyais des rapports quotidiens sur le déroulement des projets », a-t-il asséné. Plus les questions du magistrat sont embarrassantes, plus l’ex-Premier-ministre enfonce l’ex-Président, comme par exemple sur les multiples dépassements enregistrés sur les marchés de gré à gré : « c »est l’ancien président Bouteflika qui a ordonné de prendre en charge en urgence ces projets et de les régulariser ultérieurement ».
Même réponse quand le magistrat l’a interrogé sur les projets de l’autoroute Est-Ouest et le port de Djen-Djen (Jijel) : « selon l’expertise que j’ai pu consulter à la prison, ces deux projets ont été validés suite à des instructions de l’ancien président de la République ». Dans ses arguments, Ahmed Ouyahia a expliqué que « le volume des marchés publics dépasse annuellement les 34 milliards de dollars avec une moyenne de 5 000 contrats signés chaque année. Ce qui nécessite la mise en place de forts mécanismes de réalisation, mais la politique de structuration des entreprises de réalisation des projets durant ces dernières 20 années était insuffisante ». « Parmi ces projets figurent des infrastructures et des chemins de fer. Dieu merci, ils ne m’ont pas demandé des comptes sur les contrats en rapport avec la gestion du séisme du 21 mai 2003 où on avait donné tous les contrats en gré à gré, vu l’urgence des circonstances », a-t-il plaidé. Il soutient que toutes les décisions qu’il avait prises étaient en parfaite concertation avec le président de l’époque, Bouteflika.

Sellal : «Je ne suis pas un gardien … »
Fin de l’audition, son prédécesseur à la tête du gouvernement, Abdelmalek Sellal, prend place à la barre. Même stratégie de défense: Sellal tentera de se démarquer des accusations de corruption, en portant le chapeau à l’ex-président Bouteflika. Interrogé sur les projets en BTP et surtout celui de l’autoroute Est-Ouest, dont beaucoup de tronçons ont été octroyés à Haddad, Sellal dit au magistrat que l’ancien Président l’avait chargé de suivre les projets étatiques de travaux publics quand Amar Ghoul occupait le poste de ministre des Travaux publics, ajoutant qu’il avait « refusé » cette mission dans un premier temps et dit : « Je ne suis pas un gardien ». Confronté aux témoignages de la défense de l’homme d’affaires Haddad qui avait affirmé que c’est lui qui donnait des ordres, Sellal répond : « j’avais mené des visites de travail au tronçon de Lakhdaria de l’autoroute Est-Ouest, dont les travaux ont été confiés à l’ETRHB de Haddad, en présence des médias. Il y  avait une problématique sur une distance de 140 mètres de déviations dangereuses.  Cosider s’en est chargé deux fois, mais sans résultat. Alors j’ai demandé aux responsables de l’ETRHB de trouver une solution ». Appelé également à répondre sur les accusations d’avoir concédé les actions de l’entreprise Fertial (du groupe public Asmidal) à Ali Haddad résultat d’un contrat de gré à gré, contrairement à la législation, Sellal s’en défend en disant que « c’est Asmidal qui a cédé son usine en préférant se concentrer sur ses investissements à l’usine de l’Ouenza où elle avait besoin d’un gros capital. Elle a refusé d’user de son droit de préemption ».
Hamid Mecheri

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