Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, après tout ce qui a été dit et écrit sur les cours de soutien, ces derniers semblent encore avoir de beaux jours devant eux. Pour preuve, à Annaba, tout comme dans d’autres villes, les élèves, reconnaissables à leurs cartables et leur allure, ne cessent d’égayer les fades week-end dans les différents quartiers. Sans eux, ce serait le vide effarant. Donc, chaque vendredi et samedi, les rues s’animent, dès le matin, d’élèves venus parfois de loin, se rendant dans ce qui fait office d’écoles, et ce, pour recevoir des cours de soutien. Ce sont généralement des garages aménagés, rarement des appartements, où s’agglutinent 20 à 30 élèves. Les conditions de sécurité et d’hygiène laissent parfois à désirer, surtout lorsqu’il s’agit de garages aménagés ou de villas en chantier, louées pour y assurer un enseignement complémentaire. Le gros des endroits dans lesquels sont donnés les cours de soutien se trouve dans le périmètre de certains quartiers populaires. On en rencontre aussi dans la périphérie et dans d’autres endroits. On y donne des cours de mathématiques, de physique-chimie, de sciences naturelles, de comptabilité-gestion et de langues.
Ce sont les mêmes enseignants qui travaillent dans les lycées qui viennent « arrondir » leurs fins de mois dans ces structures informelles. Ces dernières, on les donnait pour « mortes » lorsque madame la ministre de l’Éducation avait fait leur « procès » l’été dernier. Elle avait déclaré que, en réalité, elle ne pouvait pas agir en policier à leur encontre, mais elle s’était engagée à leur soustraire leur « clientèle » par l’amélioration des prestations pédagogiques, l’amélioration des programmes et l’organisation des cours de soutien au sein même des établissements publics. Cette dernière initiative, mise en œuvre dès la première semaine des vacances d’hiver, ne semble pas avoir attiré beaucoup de monde. Pourtant, les enjeux pour cette année sont supposés être plus importants au vu de la suppression du seuil de révision.
Les modalités d »utilisation de la fiche de synthèse pour le rachat au baccalauréat n’ont apparemment pas encore été tranchées par la tutelle. Les cours de soutien prodigués depuis la semaine dernière par le biais de la Télévision nationale pourront-ils freiner l’afflux vers les cours privés? Naïma, une élève de terminale sciences expérimentales ne croit pas à cette éventualité. « Déjà, avec ce qui nous est donné en présence du professeur, on arrive mal à l’assimiler, que dire de ce qui nous est proposé à distance, sans possibilité de rebondir avec des questions sur des points mal compris ou ambigus? « , dira-t-elle. En tout cas, l' »entreprise » de cours de soutien ne semble pas connaître de reflux ou de baisse de fréquentation, et ce, malgré les conditions peu reluisantes dans lesquelles sont donnés ces cours et les montants des prestations qui atteignent jusqu’à 3000 dinars/mois. À cela s’ajoutent les frais de transport et la nourriture pour ceux qui se déplacent sur plusieurs kilomètres, tout en sachant que les moyens de transport se font rares les vendredis.
Khadidja B.