Accueil RÉGIONS Aïn Témouchent : l’île de Rechgoun appâte et épate les missions scientifiques...

Aïn Témouchent : l’île de Rechgoun appâte et épate les missions scientifiques étrangères

0

Classée zone humide d’importance internationale, en juin 2011, par la convention Ramsar, qui a pour mission l’utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales, régionales et nationales et par la coopération internationale, en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier, l’île de Rechgoun (35km au nord-ouest d’Aïn-Témouchent) est l’objet de plusieurs missions de prospections et de recherches scientifiques depuis la dernière visite (juillet 2015) de Amar Ghoul alors ministre de l’aménagement du territoire, du tourisme et de l’artisanat. Un département qui a été transformé et ses composantes rattachées aux nouveaux ministères crées durant l’ère d’Abdelmalek Selal, l’actuel Premier ministre. Ainsi le département de l’environnement est rattaché aux ressources en eau et de la pêche à celui de l’agriculture. Ghoul avait appâté tout le monde et épaté l’ensemble des observateurs et journalistes qui ont fait la traversée avec lui depuis le port de Beni-saf (6 à 8km au nord-est).

Le projet qu’il avait initié est-il tombé à l’eau ? L’on pose cette importante question, dans ce contexte précis car il était question d’une grande opération de réhabilitation aux normes écologiques avérées. L’instabilité des responsables et le changement fréquent des départements ministériels ne sont pas toujours une raison dans le cas de la classification du site de Rachgoun et les aménagements attendus mais qui auraient été relégués quand l’initiateur du projet est écarté pour les besoins que l’on ignore. Ce qui a été retenu en substance par l’ex-ministre est de créer un cadre réglementaire approprié à adopter pour la protection de l’île et sa gestion touristique et économique, tout en respectant ses potentialités en faune et flore marines. Ainsi des équipements légers devraient être mis en place progressivement sur ce site, un préalable à l’ouverture réglementée de lignes maritimes de transport de touristes vers l’île depuis Beni-Saf, évidemment. Les observateurs qui ont fait la randonnée avec lui gardent de bons souvenirs de cette visite de haut niveau, une première du genre. L’ex-représentant du gouvernement avait qualifié « Layla », l’autre appellation de l’île de Rechgoun, de « bijou à valoriser et à réhabiliter », en vue de l’intégrer dans le programme national et international de circuit touristique car ce site abrite non seulement un phare pour la navigation maritime datant de 1860, selon le représentant de la société gérante mais joue un rôle de zone refuge, attesté par la présence de géniteurs de grande taille dont la dynamique est d’autant plus fragile qu’ils sont peu nombreux, a-t-on appris. Il est bon de signaler que plusieurs prospections ont été menées par des missions scientifiques étrangères à la demande de départements ministériels différents, ces dernières années. Un bureau d’étude français avait fait uneétude et il ressort des conclusions de son rapport « que l’île n’est pas dégradée mais nécessite des travaux légers avant son ouverture au public, aux chercheurs et aux étudiants. » Ne voulant pas resté en dehors de ce cosmopolite à vocation multiple, le ministère de la Culture a réagi positivement en apportant sa contribution pour une réhabilitation valorisante, de cet espace d’une grande beauté, portant intégration de l’ensemble des sites dans des programmes de circuits touristiques.

Ainsi l’étude du bureau français prévoyait aussi « l’agrandissement de l’embarcadère qui passera de 2 à 5 places, la réalisation d’une petite piste en léger (pas de goudron) et la réhabilitation du poste de vigie. » L’ex-directeur de l’environnement de la wilaya avait proposé, l’équipement du phare en moyens plus importants et la réalisation d’un petit abri de pêche qui servira en cas de mauvais temps. »
Une amenée d’énergie solaire en photovoltaïque a été suggérée, parallèlement à la pose de petits panneaux de sensibilisation du public sur l’importance du site et l’intérêt de le protéger. Du point de vue du conservateur des forêts de l’époque, « l’essentiel est que les aménagements préconisés par l’une ou l’autre partie doivent obéir à la loi 02-02 portant protection du littoral, notamment l’interdiction de toute construction en dur sur le territoire de l’île. » Sur ce point précis tous les avis techniques émis par des observateurs avérés en se basant sur des arguments de scientifiques se concordent. L’autre mission scientifique qui s’est intéressée à « Laila », en 2012, est celle réalisée par des experts italiens sous forme d’un film documentaire projeté à la « Biennale des arts » en septembre 2012 à Istanbul. La coordinatrice du projet, Giulia Di Lenarda (Italie), a indiqué « que ce film servira à sensibiliser des gens au respect de la nature. Il a pour but, également, de montrer à travers l’image et le son l’intérêt écologique de ces réserves naturelles protégées. » Sur un autre registre à caractère culturel et écologique « Une étude portant l’élaboration d’un plan de protection et de mise en valeur des sites archéologiques de la wilaya d’Aïn Témouchent devait être lancée par la direction de la culture et concerne aussi bien l’île de Rachgoun que les sites romains de Siga et Syphax et la zaouïa de Sidi Yakoub. L’île de Rachgoun est partie prenante du domaine du littoral, elle couvre une superficie d’environ 60 hectares et présente de nombreuses particularités dont celle d’avoir abrité les derniers phoques moines observés localement. La dernière mission scientifique faite par des plongeurs espagnols date du 1er juin 2016 et s’est étalée durant 8 jours. Le wali Hamou Ahmed Touhami avait réuni en son cabinet un staff représentatif issu de plusieurs départements techniques pour assister à la présentation du travail élaboré par ladite délégation d’experts. Cette fois-ci c’est le domaine de la bathymétrie qui est visé. Il s’agit de mesurer des profondeurs et des reliefs spécifiques de l’île et ses environs immédiats pour déterminer la topographie du fond de la mer. Une convention utilisant des codes de couleur permet de cartographier les fonds marins de manière standardisée.
Il découle de ce travail de grande importance la mise en œuvre de cartes topographiques marines devant servir de documents de base pour le contrôle, le suivi et la protection de l’île et ses environs. Le wali, dans sa déclaration, a réitéré son souhait « de voir cette partie de la Méditerranée devenir une façade touristique par excellence avec tout ce que peut présenter le site comme diversité biologique à préserver et valoriser, d’une part , et ce qu’il peut apporter comme valeur ajoutée par la promotion du tourisme nautique et balnéaire de la région, d’autre part. »
Boualem Belhadri

Article précédentSomalie : les shebab exécutent 6 espions
Article suivantEuro 2016 : la France s’impose dans la douleur face à la Roumanie