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Aïd El-Adha à Sétif : Le dilemme du rituel du sacrifice au temps du coronavirus

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Jamais sans doute, la population à Setif n’aura été confrontée au dilemme consistant à égorger un mouton le jour de l’Aïd El Adha ou faire l’impasse sur ce rite, comme c’est le cas cette année où la wilaya, avec plus de 2.000 cas confirmés de Covid19 en cette fin de juillet, figure en pôle position en matière de contaminations.

Les avis des citoyens approchés par l’APS sont partagés et il est très difficile, à quelques jours de l’Aïd, de définir quelle tendance est dominante. Chacun y va de son «inattaquable» argumentaire, rendant inconciliables, ou presque, les points de vue des uns et des autres. Mokdad B., la cinquantaine, soutient mordicus que tant que les boucheries sont ouvertes et écoulent normalement leur viande, «le sacrifice n’est pas plus dangereux que d’acheter un kg de côtelettes» et qu’il ne voit pas pourquoi il rendrait ses enfants «malheureux de regarder avec envie le mouton des voisins». Assurant qu’il prendrait «toutes les précautions sanitaires», ce fonctionnaire à la retraite affirme que «pour rien au monde» il ne dérogerait à la célébration du geste du prophète Ibrahim, l’un des rites religieux les plus importants en Islam. Une opinion que ne partage pas Hassen F (45 ans, ingénieur en hydraulique) qui affirme que les «précautions» auxquelles a appelé la commission ministérielle des fetwas sont «impossibles» à prendre. Il affirme, à cet égard, que rien ne pourrait garantir que l’animal acheté n’aura pas été palpé par des dizaines de mains, que les couteaux servant à l’immolation seront stérilisés, etc …. «Personnellement, dit-il, je ne ferai pas courir le moindre risque, ni à mes enfants, ni à ma mère âgée qui vit sous mon toit, ni encore à moi-même».

Le bétail vendu à l’abri des regards
En attendant, les points de vente de moutons sont légion un peu partout sur le territoire de la wilaya. Sans être aussi nombreux que les années précédentes, ces lieux de négoce sont disséminés à la périphérie de la capitale des hauts plateaux, sur des placettes improvisées, dans des garages, à l’abri des regards, ou dans des fermes situées dans plusieurs endroits de la wilaya. Ces lieux qui ne sont pas pris d’assaut pour le moment, ne désemplissent pas néanmoins, comme l’a constaté l’APS. Ces visites de potentiels acheteurs représentent, à elles-seules, un «risque non négligeable du fait des regroupements que cela provoque, surtout s’il s’agit d’espaces clos où les règles de distanciation physique ne sont pas respectées», explique Fatma Zohra Kadri, épidémiologiste. Pour cette praticienne, «il s’agit pour chacun de nous de décider de sacrifier au rituel de l’Aïd el Adha ou de s’abstenir en tenant compte de l’avis du collectif des professeurs en sciences médicales, d’un côté, et de celui de la commission ministérielle des fetwas, de l’autre». Se refusant à influencer, de quelque manière que ce soit, la décision des pères de famille qui «doivent peser consciencieusement le pour et le contre», Dr. Kadri tient à préciser qu’au stade des connaissances actuelles, le virus «n’est pas transmissible à l’homme par les animaux», donc la consommation de viande «ne représente pas plus de risques que lors des années précédentes». «Le plus grand risque est lié aux regroupements que provoquent toujours les fêtes de l’Aïd, que ce soit au moment de l’achat du mouton ou de son immolation, en particulier si les gestes barrières sont négligés», affirme-t-elle encore. Les citoyens qui décideront d’égorger un mouton en cette fête de l’Aïd el Adha sont donc appelés à respecter scrupuleusement les mesures de distanciation, à veiller à leur hygiène corporelle, et à garder leur masque de protection en toute circonstance, que ce soit au moment de l’achat de la bête à sacrifier ou pendant le rite de l’immolation, souligne la même praticienne.

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