Membre de la Résistance contre les nazis en France et ensuite membre des réseaux Francis Jeanson puis Henri Curiel de soutien au Front de libération nationale (FLN) dans la lutte du peuple algérien contre l’occupation coloniale française, et après, très actif dans l’appui aux mouvements de libération dans le monde, Adolfo Kaminsky est décédé lundi à l’âge de 98 ans. Connu pour être spécialisé dans la fabrication de faux papiers d’identité, Adolfo Kaminsky, qui était également un photographe de talent, a aidé le FLN en se sentant «pleinement FLN», et pas seulement à son service. Il faisait partie des «porteurs de valises» du fameux réseau Francis Jeanson, puis du non moins fameux réseau Francis Curiel et avait les mêmes motivations que les déserteurs français qui ont refusé de porter les armes contre le peuple algérien durant la guerre d’indépendance. Ils avaient pour noms, entre autres, Anne Preiss, Alban Lietchi, Hélène Cuenat, Simon Blumenthal, Didar Rossano, Henri Curiel, René Vauthier, Pierre Clément, Adolfo Kaminski, Noêl Fravelière, Niels Anderson, Jean Galland, Nicole Dreyfus, Nicole Rein, Jean-Claude Paupert, Louis Orhan,…pour les plus connus. Né en Argentine le 1er octobre 1925, Adolfho Kaminsky s’est installé avec sa famille en France en 1932. Après l’invasion de la France par les nazis en 1940, sa mère est tuée par les allemands et sa famille est internée en 1943 dans le camp de Drancy dont ils sont libérés grâce à l’intervention du consulat argentin. Il entre dans la résistance anti-nazie et se consacre à fabriquer des faux papiers d’identité. Après la défaite du nazisme, il refuse de travailler avec les services secrets militaires français, au moment des prémisses de la guerre d’Indochine, par refus de collaborer à la guerre coloniale. De 1957 à 1962, il aida le FLN en fabriquant de faux papiers dont des cartes d’identité, cartes de résidence, passeports, permis de conduire,… pour les dirigeants de la Fédération de France du FLN qui devaient circuler en France ou se rendre à l’étranger sans être inquiétés, ainsi que des cachets humides. Les faux papiers ont contribué à assurer le passage des militants FLN à partir de la France à travers les frontières européennes, pour y récupérer et acheminer des fonds pour aider la lutte armée du FLN ou pour échapper à l’arrestation. «Le « suicide » de l’avocat Ali Boumendjel et la « disparition » de Maurice Audin confirmaient qu’en Algérie on torturait et on tuait impunément. La torture, institutionnalisée, faisait craindre le retour des méthodes de la Gestapo, c’est ce qui explique mon engagement aux côtés des Algériens», expliquera Adolpho Kaminsky plus tard. «Tout ce que j’ai fait pour l’Algérie a été dicté par ma conscience refusant tout joug colonial. Et si c’était à refaire, je le referais sans hésitation», a-t-il confié. Après l’indépendance, il a vécu en Algérie et a participé à la mise sur pied de l’Ecole des beaux-arts. Il poursuivit en même temps son aide aux mouvements de libération des pays d’Amérique latine, du Brésil, de l’Argentine, du Venezuela, du Salvador, du Nicaragua, de Colombie, du Pérou, de l’Uruguay, du Chili, Mexique, et aussi de Saint-Domingue et d’Haïti, ainsi qu’à la lutte armée anti colonialiste et pour l’indépendance des pays d’Afrique comme la Guinée-Bissau, l’Angola, le Mozambique, et la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, en plus de l’aide aux militants du Portugal colonial sous le régime de Salazar, et aux militants anti-Franco en Espagne, et aux Grecs en lutte contre la dictature militaire des colonels. Ses faux papiers ont été faits également pour les déserteurs de l’armée US qui ne voulaient pas faire la guerre du Viêt Nam. Il a trouvé en Algérie toute l’aide au moment où les agents de l’apartheid sud-africain le menaçaient.
M’hamed Rebah
