Accueil ACTUALITÉ Abdelmadjid Menasra : «La lettre de Toufik a été surmédiatisée»

Abdelmadjid Menasra : «La lettre de Toufik a été surmédiatisée»

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Abdelmadjid Menasra a animé une conférence de presse au siège du Front du changement, parti qu’il préside depuis le plébiscite du 18 février 2012, à Ouled-Fayet, dans la matinée d’hier. Placée sous forme de bilan et d’une vision prospective, intitulée «Bilan de 2015 et prospective de 2016», la rencontre a permis au conférencier d’aborder la politique internationale et nationale, en y puisant les thèmes qu’il a considérés comme les plus marquants. À l’internationale, les événements de Paris seraient les faits les plus saillants. L’attentat de Charlie Hebdo et la tuerie de Paris en sont les plus illustratifs. Ceux-là sont, aux yeux de Menasra, la preuve de l’expansion terroriste et de la facilité que semble détenir celle-ci pour atteindre ses buts, où qu’ils soient. En dépit que les Occidentaux aient toujours stigmatisé les musulmans et leur attribué tous les actes barbares, ceux-ci ont, en revanche, toujours dénoncé les actes terroristes. Le deuxième lieu, l’ex-ministre de l’Industrie et de la Restructuration sous Benbitour aborde le nucléaire iranien. Le Traité que ce pays a ratifié n’a fait que lever l’embargo sous lequel il était pris en étau d’une puissance indéniable, comme il préfigure de nouveaux équilibres mondiaux. Concernant ce sujet, Menasra met en garde contre l’interprétation que d’aucuns ont faite par rapport à la position algérienne, stipulant que celle-ci était proche de l’Iran que de l’Arabie saoudite, donc chiite que sunnite, mais qu’en vérité ladite position ne soit, selon les dires de l’orateur, que la manifestation d’une diplomatie prudente, dont l’Algérie sait en faire usage dans les moments cruciaux. Le troisième point sur lequel s’est focalisé le bilan du président du Front du changement a trait à la configuration du Moyent-Orient. Pour l’intervenant, les conflits internes que vivent beaucoup de pays, Syrie, Irak, Liban et Yémen, pour ne citer que ceux-là, n’ont engendré que la hausse dans le nombre de victimes. Et d’aborder un rituel, pour tout Algérien qui se respecte, la Cause palestinienne, avec son lot de victimes, dont le quart est constitué d’enfants. Le conférencier met ici le doigt sur la plaie, «le terrorisme sioniste, le plus grand terroriste, mais que personne ne dénonce sous sa véritable identité», dira-t-il, sans jeux de mots. Pour lui, l’achat des armes par les pays arabes, lesquelles armes ne sont pas généralement destinées pour l’usage et la cible requis, celles-ci seront détournées de leur vocation initiale : elles sont utilisées par quelques chefs de nation pour tuer leur population que de les pointer vers les véritables ennemis. En clôture de la décortication de la politique internationale, Abdelmadjid Menasra prie Dieu pour que la Palestine soit libérée avec El-Qods comme capitale.

2015 : «l’année militaire»
Dans son approche politique, le président du Front du changement a, en réponse à la question du Courrier d’Algérie, sur la lecture qu’il a faite de la lettre du général Toufik, publiée dans les médias, presque banalisé ce fait. La lettre de Toufik autant que celle des 19-4 ont été surmédiatisées. Bien qu’il ne soit nullement dans l’intention de l’orateur de sous-estimer leurs auteurs, comme il l’a bien précisé dans son intervention, mais la presse a, selon lui, donné plus qu’il ne faut à ces lettres. L’année 2015 est l’année des militaires. Pour Menasra, l’importance historique, institutionnelle et politique, en sus de sa position à l’échelle mondiale (27e), africaine et maghrébine (2e après l’Égypte) et musulmane (4e après la Turquie, le Pakistan et l’Égypte), de l’ANP a été les différentes manifestations d’inquiétude du peuple. Au sujet de la structuration, dont elle a fait l’objet, le conférencier y applaudit la démarche de Bouteflika, «seul qui décide dans son pays». Pour attester de ses propos, le président du Front du changement s’en réfère aux propos d’un ministre, commis lors de l’inauguration du match de Rugby, selon lesquels ce dernier a été mandaté par le président de la République pour assurer cette mission. Comme quoi Bouteflika est au courant même du simple match de Rugby, dont l’équipe a été fraîchement créée à grande majorité d’internationaux dans sa composante. 2015, c’est aussi l’année du gaz de schiste, troisième réserve mondiale après la Chine et l’Argentine. Menasra en veut, suite aux événements tragiques qui ont endeuillé le Sud du pays, pour des raisons de lancement de travaux d’exploration par l’État, à ce dernier d’avoir failli en matière de communication avec les populations pouvant être la cible des conséquences qui en découlent. Même constat pour les faits survenus dans la région de Ghardaïa, l’État en est responsable, du fait de n’avoir pas prôné de dialogue au préalable. La politique nationale a été émaillée par des initiatives politiques émanant de diverses tendances. À la tête de laquelle, Menasra place celle du FFS. Dans tous les cas, l’échec, ou ce qui semble l’être, est à imputer, comme ne cesse de le mettre en relief le conférencier, au déficit communicationnel. De crise, l’Algérie en est d’accord. Quelle que soit la tendance, ou l’idéologie, qu’ils portent, tous les citoyens sont unanimes pour déplorer qu’il y a crise. Toute baisse de pétrole est vite ressentie par le commun des mortels, comme synonyme de déficit de survenance à ses besoins, pour l’Algérien, indique Menasra. Pour lui, il ne faut pas être devin pour le relever, il suffit que les poches se ruinent pour le faire. En parlant d’austérité, le conférencier y trouve le remède : revoir à la baisse le budget du ministère de la Défense, plus important que celui de la Syrie, l’Égypte et le Maroc, et constituant le double de beaucoup de secteurs réunis. À hauteur de 1 048 milliards DA, en 2015, et de 1 118 milliards DA dans le cadre de la loi des Finances pour 2016, le budget demeure assez élevé en cette période, où l’on clame l’austérité à tout-va. Concernant la hausse des prix, il recommande de s’inquiéter plutôt de celle touchant les prix des fruits et des légumes, que celle du gaz et de l’électricité, celles-ci étant définies dans la loi des Finances, alors que les premières citées sont soumises au diktat du marché libre et informel.

2016 : “l’année de la Constitution”
L’année 2016 sera celle de la Constitution. En janvier ou dans un autre mois, nul ne le sait, selon le président du Front du changement. L’essentiel n’est pas quand elle sera promulguée, mais plutôt dans son contenu qui devra déterminer le régime sous lequel l’on doit vivre. Car, pour le moment, selon toujours Menasra, le régime algérien est unique au monde : il repose sur la personne de Bouteflika. Qu’il soit présidentiel, parlementaire ou semi-présidentiel, comme en France, son statut doit être défini dans un cadre consensuel. «La Constitution doit être consacrée en compromis, elle ne doit pas être fabriquée», précise-t-il. Selon le conférencier, ce n’est ni le Président, ni la majorité parlementaire, ni les partis politiques qui la définiront, mais l’option référendaire qui s’en charge. Pour 2016, Menasra redoute une montée des troubles sociaux, conséquence logique d’une politique gouvernementale, qui a failli dans ses missions d’instauration d’un dialogue constructif avec l’opposition, et d’une planification avantageuse pour le pays, facteurs auxquels est venue se greffer une crise financière. En conclusion, Abdelmadjid Menasra en appelle aux hommes d’affaires de faire plus d’efforts, en matière d’investissement, et de laisser le discours aux politiques et aux médias, qui ont justement de raison d’être de s’exprimer.
Zaid Zoheir

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