Accueil ÉCONOMIE Abdelhak Lamiri, au «Courrier d’Algérie» : «Le véritable taux est celui de...

Abdelhak Lamiri, au «Courrier d’Algérie» : «Le véritable taux est celui de Port-Saïd»

0

Le Courrier d’Algérie : La dévaluation du Dinar reste un sujet presque tabou, continue d’alimenter les débats, surtout en ce moment, avec la baisse des cours du pétrole. Cette situation est l’une des variables les plus importantes dans le modèle de détermination de la parité du Dinar. Qu’en pensez-vous?
Abdelhak Lamiri : C’est un développement important. La dévaluation du Dinar peut être un début de solution, si l’instrument est bien utilisé et coordonné avec d’autres leviers de fonctionnement de l’économie. Donc, c’est important d’en discuter. La Banque d’Algérie reconnaît, elle-même, que le Dinar est surévalué depuis le début de la chute des cours pétroliers.

Dans sa note de conjoncture de septembre 2014, la BA estime que la surévaluation du Dinar est de l’ordre de 5%. Quel commentaire faites-vous dans ce sens?
Le Dinar est surévalué, mais pas de 5% seulement. Il est surévalué au moins de 50%. Le véritable taux est celui de Port-Saïd; il reflète réellement l’offre et la demande. La présente dévaluation n’est qu’un début du processus, l’on ira jusqu’à 50% à moyen terme;

Certains experts estiment qu’il y a une incohérence entre la politique de change et la politique commerciale qui prône la réduction des importations? Êtes-vous de cet avis?
Oui, la surévaluation du Dinar encourage les importations et décourage les exportations. L’État a peur de dévaluer, car cela va créer une hausse des prix internes (inflation). Mais l’État peut neutraliser les prix internes par la subvention des produits de première nécessité. Il faut aller vers la vérité du taux de change, mais en maîtrisant les impacts sur les citoyens les plus pauvres: ceci est possible avec un investissement minimal pour la conception d’un système d’information qui situe les revenus de toutes les familles. On subventionne directement les citoyens les plus démunis. L’État gagnerait plus de 20 milliards de dollars par an.

Quelles sont, d’abord, les raisons principales de la dévaluation du Dinar?
Les raisons de la dévaluation du Dinar sont claires : absence de compétitivité de nos entreprises, vulnérabilité de l’économie, choc externe, fixation administrative du taux de change en sont les principales.

Ensuite, quelles sont les répercussions de la baisse du Dinar sur l’économie nationale ?
Il y a beaucoup de conséquences positives et négatives. Parmi les dernières, l’on peut noter la hausse des prix (inflation). Les Algériens vont acheter plus cher les produits importés (équipements, médicaments, blé etc.). Mais, l’on peut par des subventions éliminer l’impact sur les produits de base. Il vaut mieux des subventions directes (dans les revenus). Les impacts positifs sont nombreux : cela va contribuer à équilibrer le budget (la fiscalité pétrolière va faire rentrer plus d’argent), les importations vont chuter (hausse des prix des produits importés) et les exportations hors hydrocarbures peuvent augmenter (les produits algériens deviendront moins chers). Si l’on accompagne cette dévaluation par des mesures structurelles (création de plus d’entreprises, développement humain, stratégie de développement, amélioration de la compétitivité) nous avons là un début de solution à la crise. Si l’on se limite uniquement à la dévaluation, l’impact sera très limité, et les aspects négatifs vont l’emporter sur les positifs.
Entretien réalisé par I. B.

Article précédentCinéma : Universal dévore le box-office en 2015
Article suivantMicroentreprise : Algérie Télécom et l’Ansej lancent la Caravane nationale

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.