Au septième jour de la campagne électorale de la course vers l’hémicycle Zighout Youcef, les candidats ne semblent pas intéresser leurs publics, et le discours électoral ne semble non plus pas emballer les électeurs. Voilà déjà une semaine que la campagne électorale a débuté. Vu son statut de première ville du pays, Alger sert de baromètre. Dans nombreux de ses quartiers, la majorité des panneaux électoraux étaient encore vides jusqu’à hier. D’autres arboraient des affiches à moitié déchirées comportant différents types de caricatures exprimant, entre autres, dérision et rejet. Pour illustrer le décor, les cortèges électoraux et les permanences des partis ouvertes autrefois par centaines, n’existent plus. Selon des analystes et observateurs, deux principaux facteurs sont à l’origine de ce désintérêt des citoyens. Le premier consiste en le fait qu’un grand nombre de candidats, qui promettent « le changement », sont issus des partis ayant soutenu bec et angles l’ancien régime y compris le cinquième mandat. Quant à leurs programmes, à défaut de projets novateurs et de solutions réelles aux problèmes du pays, ils s’articulent sur les constantes, les échecs des deux dernières décennies, ainsi que sur les causes des peuples et des autres pays. Pire encore, certains font carrément dans le populisme. On voit, aujourd’hui encore, quelqu’un qui promet de « faire d’une des villes de notre Sud comme celles des Émirats arabes unis », et un autre qui se dit capable d’« éteindre le feu allumé par ‘‘la bande’’ (Îssaba) », parce qu’il lui a été attribué le numéro 14, qui n’est autre que le numéro d’appel de la Protection civile. Ajoutée à cela, une crise sanitaire qui, touchant de plein fouet plusieurs secteurs, est venue aggraver les souffrances des Algériens, d’où ce désintérêt aux élections. Une crise hissée au stade de problème national, face à laquelle les candidats, aussi bien des partis que ceux indépendants, restent peu ou pas du tout innovants notamment en ce qui concerne les propositions et des démarches pour y faire face. À retenir, dans ce contexte qui, du point de vue social, contraste avec les aspirations du citoyen lambda, l’attrait est loin d’être les élections elles-mêmes mais plutôt la relance, un tant soit peu, de l’activité économique qui accompagne ce genre d’évènements nationaux. Dans ce sens, les commandes d’affiches, portraits, dépliants, banderoles et autres supports de visibilité ont permis aux agences de communication et aux imprimeries des secteurs privé et public de respirer, d’autant plus qu’après plus d’une année de pandémie de Coronavirus, celles-ci tournaient au ralenti, voire, étaient quasiment à l’arrêt. Hormis cet aspect positif, au bonheur d’un certain nombre de familles, le citoyen s’interroge sur l’utilité des moyens humains, matériels et financiers (atteignant les 8 milliards) mobilisés par l’État. « Aujourd’hui on n’est pas sûr que la prochaine Assemblée populaire nationale sera meilleure que les précédentes, non seulement, en matière de qualité et d’intégrité des députés mais aussi en matière d’autonomie et de pouvoir de contrôle sur l’exécutif », lit-on à travers d’innombrables commentaires publiés sur les différents réseaux sociaux de la toile.
Lyes Ayoub