Le président du parti islamiste, le MSP, Abderzak Makri, a déclaré samedi, que sa formation « œuvrera « avec sérieux et efficacité » pour soumettre des propositions sur les réformes qui feront objet de débat, principalement l’amendement de la Constitution.
A ce sujet, Makri a insisté, lors d’une conférence de presse tenue au siège du parti, sur la nécessité d’instaurer, dans la prochaine Constitution, « un système politique aux contours clairs ». Dans son analyse, Makri estime que pour donner aux élections législatives la place qui leur revient de droit, il est impératif que le Gouvernement soit issu de la majorité parlementaire, expliquant que le Gouvernement doit représenter la majorité plébiscitée par le peuple. Le successeur de Abou Djerra Soltani a en outre appelé à lutter « contre la fraude et à permettre aux médias et associations de la société civile d’exercer leurs missions, en toute liberté et indépendance, loin de toute pression ».
Makri déclare sa « flamme » aux projets de Tebboune
Ainsi donc, après avoir refusé de participer à l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, sous prétexte que les « garanties de transparences n’étaient pas réunies », le voilà qu’il s’aligne du côté des démarches du Président élu suite à un scrutin qu’il a contesté.
« Le Président est élu par une partie des algériens et nous allons travailler avec lui comme nous avons travaillé avec les autres présidents, en tant que parti de l’opposition, et cela quelles que soient les conditions d’organisation des élections», avait-il lancé, il y a quelques jours, devant les médias. Au lendemain de son intronisation, le président Tebboune avait tendu la main au Hirak, pour un dialogue inclusif pour sortir le pays de la crise qui n’a que trop duré. Le chef du MSP, qui s’est longtemps mué dans un silence glaçant, s’est précipité d’offrir ses services au Président en prônant le dialogue et sa disposition à travailler avec le nouveau Président.
Toujours en embuscade, guettant la moindre offre du puissant du moment, M. Makri saisit dans l’air le projet d’amendement de la Constitution pour accrocher son wagon au train de Tebboune, en affirmant que son parti allait formuler des propositions.
Le MSP et la menace du parti de Bengrina
Mais qu’est-ce qui justifie donc toutes ces élucubrations et autres divagations, de la part de ce parti d’obédience islamiste, habitué à souffler le chaud et le froid ? Le parti est peut-être à la recherche d’un repositionnement politique imposé par la nouvelle donne née, à la fois du mouvement populaire et de la dernière élection présidentielle. Outre les multiples clins d’œil en direction du nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le parti se sent surtout menacé par la montée en puissance d’un parti concurrent.
La formation politique « El-Binaa El Watani » d’Abdelkader Bengrina, du même courant islamiste, fait trembler le chef du MSP. Et ce n’est pas sans raison. C’est que ce parti à travers son candidat, Bengrina, est arrivé juste derrière Tebboune lors du scrutin présidentiel avec 17% des suffrages exprimés.
Abdelkader Bengrina donne ainsi des sueurs froides à Makri, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ce dernier qui pourrait lui voler la vedette et lui faire de l’ombre de surcroît que c’est un dissident du MSP. D’ailleurs, il est à rappeler que Makri avait refusé d’appuyer Bengrina lors du dernier scrutin.
Brahim Oubellil