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1 500 combattants ont déposé les armes dans le cadre du désarmement au Nord-Mali : Le processus long à se dessiner, mais efficace…

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«Environ 1500 combattants ont volontairement déposé les armes à Tombouctou, Gao et Kidal (nord). C’est vérifiable sur le terrain. Nous nous attelons à lever d’éventuels écueils», affirme Zahabi Ould Sidi Mohamed, président de la Commission nationale chargée du programme DDR.

Cette affirmation est confirmée par Mohamed El Maouloud Ramadane responsable de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
«Malgré les difficultés, l’espoir de paix est vraiment permis. Je suis à Tombouctou (…) l’ambiance est conviviale. On courrait pour faire la guerre, maintenant on court pour faire la paix», dit-il.
De l’avis d’une source diplomatique en poste à Bamako, l’avancée du processus est facilitée via un compromis trouvé avec les combattants.
«Un problème qui avait ralenti le début de l’opération DDR est maintenant résolu. Certains combattants exigeaient d’être recrutés +avec le grade de général par exemple + alors qu’ils n’ont aucune formation militaire. Cette exigence a été refusée par tout le monde, y compris les partenaires étrangers du processus de paix ».

L’accord d’Alger, meilleur remède pour la crise
Les «Conversations régionales pour la Prévention de l’extrémisme violent dans la région sahélo-saharienne», qui se sont tenues à Alger, étaient arrivées à point pour rappeler combien la situation dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne reste précaire au milieu de menaces et périls multiformes : terrorisme, banditisme, drogue, trafic d’armes et réseaux de la traite humaine.
Toutefois, le Nord-Mali demeure le centre d’expérimentation des stratégies de puissance, tout comme la Libye ; or les deux pays sont les voisins sud et sud-est de l’Algérie. D’où toute la volonté pour solutionner d’abord ces deux régions avant de parler paix.
Dans ce cadre, les accords d’Alger demeurent un outil indispensable pour une solution politique négociée. La représentante des États-Unis au Conseil de sécurité de l’Onu, disait lors d’une réunion sur la paix et la sécurité en Afrique que «l’accord d’Alger reste de la plus grande importance à notre disposition pour commencer à faire face à la situation au Nord du Mali». Les représentants de l’Union africaine et de l’UE l’ont soutenu. Le 23 mai dernier, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu, les représentants des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine ont considéré que l’accord de paix issu du processus d’Alger concernant la crise au Sahel était une plateforme efficace pour résoudre la crise dans cette région.
S’exprimant sur la politique sécuritaire dans la région du Sahel et évoquant plus particulièrement le rôle de la force G5 Sahel, Amy Noel Tacho, représentante des États-Unis, a déclaré que le Conseil de sécurité et la communauté internationale se sont beaucoup concentrés sur les modalités d’appui à la force conjointe mais il est important de rappeler «que la solution sécuritaire à elle seule ne permettra pas de régler les problèmes économiques et politiques».
«L’accord d’Alger reste de la plus grande importance à notre disposition pour la stabilité de ce pays», a-t-elle ajouté en soulignant qu’il était important de «ne pas perdre de vue le processus de paix dans ce pays en s’attaquant aux causes profondes du conflit».
L’accord de paix au Mali, issu du processus d’Alger, a été signé en 2015 à Bamako entre le gouvernement malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Ce texte prévoit, entre autres, un retour à une vie politique démocratique par l’organisation d’élections libres.
L’Algérie, qui s’était opposée à l’intervention de l’Otan en Libye, avait imaginé, quelques années avant la naissance du G5S, un mécanisme similaire impliquant des pays de la région. Il s’agissait du CEMOC (Comité d’État-major opérationnel conjoint), lancé en avril 2010 et basé à Tamanrasset. Cette structure réunissait, théoriquement, les forces armées des pays sahéliens sous l’égide de l’Algérie. Si l’Algérie tourne le dos au G5 Sahel, c’est parce qu’elle considère que c’est un outil dévoyé de sa fonction et qu’elle est la véritable initiatrice du projet. Le G5 Sahel a été constitué à la hâte pour contrecarrer le projet algérien, mais celui-ci demeure sans aucun prolongement dans la société azawadie et dans les agglomérations des villes du Nord-Mali, Aghelhoc, Gao, Kidal et Tombouctou. Détaché des populations locales, qui n’ont pas adhéré au projet, le G5 Sahel risque au meilleur des cas, de faire un dangereux flop, là où Serval et Barkhane ont échoué avant lui, et au pire des scénarios de devenir une autre machine de guerre qui va tourner dans le mauvais sens.

Faire cesser le jeu de dominos
Il est une action salutaire qui doit se faire dans l’immédiat : repousser le spectre de la guerre d’usure aux portes de l’Algérie. Tant en Libye qu’au Mali, la guerre d’usure s’inscrit dans le temps, faisant pression sur le voisinage de cette vaste triple région maghrébo-saharo-sahélienne.
Aujourd’hui, les États-Unis sont arrivés à la conviction que seuls les Accords d’Alger fournissent le cadre adéquat pour une sortie de crise au Nord-Mali. L’échec des divers mécanismes militaires a été plus que visible. Mais, entre-temps, il aura renforcé les rébellions et les groupes armés en leur fournissant les prétextes pour s’allier une partie des populations.
La Libye avait été le premier domino de la région, et devait faire tomber des États en série. On sait que la Tunisie a subi de plein fouet, les contrecoups du «chaos des djamaâte» en Libye, et que le Mali a été le domino à tomber directement en rapport avec le retour des loyalistes au service de Kadhafi. L’Algérie et le Maroc, chacun pour des raisons différentes, ont résisté au jeu de dominos.
Maintenant que la communauté internationale revient à de meilleures intentions, il est opportun de faire échec au jeu sournois de stratégies des puissances en ramenant ses initiateurs à constater eux-mêmes l’étendue de leurs faux calculs, dont des plans qui ne les avantagent pas plus qu’avant.
O. Fayçal

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