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Venezuela Reprise du dialogue gouvernement-opposition, sans grand espoir

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Le gouvernement socialiste du président vénézuélien Nicolas Maduro a repris vendredi son fragile dialogue avec l’opposition de centre droit, qui menace cependant d’arrêter toute négociation sans avancées concrètes, dans un contexte de grave crise économique.

Sous les auspices du Vatican et en présence de l’envoyé du pape, monseigneur Claudio Maria Celli, et des anciens dirigeants espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, dominicain Leonel Fernandez, panaméen Martin Torrijos et colombien Ernesto Samper, la réunion a débuté en fin de journée dans un hôtel de Caracas. Le président Maduro avait annoncé que lors de ce rendez-vous, le gouvernement remettrait un document avec ses idées pour sortir de la violente crise économique frappant le pays. «J’ai fait tout ce qui était possible et impossible pour que débute ce dialogue de paix avec la droite, et je suis disposé à continuer, mais sans ultimatum, sans bravade», avait averti M. Maduro quelques heures avant la rencontre. La Table pour l’unité démocratique (MUD), coalition qui réunit une bonne partie de l’opposition à Nicolas Maduro, a en effet menacé de rompre ce fragile dialogue, notamment si elle n’obtenait rien sur un retour aux urnes. «Le Venezuela est une cocotte-minute», a averti Jesus Torrealba, secrétaire exécutif de la MUD, qui «cherche à la table de dialogue une solution électorale à la crise».

«Probabilité proche de zéro»
Le recours au vote est l’arme que revendique l’opposition depuis sa victoire aux élections législatives fin 2015, qui a mis fin à 17 ans d’hégémonie parlementaire du camp de l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013). Surfant sur le mécontentement populaire dans ce pays pétrolier qui a sombré économiquement avec la chute des cours du brut, elle réclame ou un référendum pour révoquer Nicolas Maduro d’ici fin 2016, ou des élections anticipées au premier trimestre 2017. «L’opposition semble avoir tendance à négocier des choses impossibles», observe le politologue Nicmer Evans.
Car le référendum a été gelé par les autorités électorales, une décision confirmée vendredi par le Tribunal suprême de justice (TSJ) qui a rejeté un appel de la MUD. Et le chef de l’Etat martèle qu’il restera à son poste jusqu’à la fin de son mandat, en janvier 2019. «La probabilité qu’à cette table des négociations le gouvernement accepte un référendum ou des élections anticipées est proche de zéro, car Maduro a la certitude absolue qu’on veut sa tête», estime l’analyste Luis Vicente Leon. Dans ce dialogue, qui est déjà une avancée significative en près d’un an de crise politique, Nicolas Maduro a dit vendredi attendre «du respect face aux positions contraires, (afin) que nous puissions naviguer dans les eaux de ce qui reste de 2016, puis des années 2017 et 2018».

«Nous sommes à la limite»
Les deux camps ont fait quelques concessions, le gouvernement relâchant cinq opposants sur la centaine de «prisonniers politiques» recensés par la MUD, tandis que le Parlement suspendait le vote de défiance prévu contre M. Maduro et un appel à manifester. Pour Luis Vicente Leon, l’exécutif a en fait remporté le premier round en empêchant ces manifestations massives, en désamorçant la pression internationale et tout simplement en gagnant du temps. Mais l’opposition veut plus: «Nous les Vénézuéliens, nous avons besoin de signes de changement. Nous sommes à la limite, car la situation économique est une bombe qui peut exploser», a déclaré l’ex-candidat présidentiel Henrique Capriles. Plusieurs dirigeants de la MUD ont prévenu qu’ils reprendraient les manifestations et le «procès en destitution» du président si le dialogue n’avance pas. Dans ce contexte, la victoire surprise du populiste Donald Trump à l’élection présidentielle américaine renforce l’incertitude dans le pays sud-américain. Fâchés sur les droits de l’Homme, Washington et Caracas n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010 mais avaient annoncé en juin reprendre le dialogue, même si les tensions restent vives.
«Le discours agressif et menaçant de Trump sera l’excuse parfaite pour renforcer la thèse de l’ennemi extérieur au Venezuela», pense Luis Vicente Leon, même si Nicolas Maduro a annoncé sa volonté de mettre en place un «programme de travail positif» avec le président élu américain.

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