Les habitants du vieux quartier de la basse Casbah d’Alger, ainsi que les commerçants et les citoyens de passage dans ce quartier mythique ont vécu un choc terrible, hier, vers 6 heures du matin, suite à l’effondrement, en chaîne, de quatre étages d’une bâtisse de l’ère coloniale sise à la Rue Tamglit (ex -Boutin), face à la mosquée Ketchaoua.
«Au moins deux corps ont été retirés des décombres », a-t-on appris, à notre arrivée sur les lieux, des habitants du quartier, les voisins et amis des deux victimes, le défunt, jeune père, Maïdi Adlane et son enfant âgé de trois ans, alors que les recherches se sont poursuivis, jusqu’à tard, hier, et c’est vers 16 heures que deux autres victimes ont été retirées des décombres. Il s’agit de la belle-sœur du défunt Maïdi Adlane, une jeune maman et son bébé, alors que les recherches se sont poursuivies pour connaître le sort de son mari, Mustapha, le frère d’Adlane, ce dernier, sa femme est dans tous ses états, elle était chez ses parents, dans la nuit du drame. Les voisins, amis et proches des victimes ont été les premiers à être sur les lieux. Il étaient sous le choc, et ne trouvaient pas les mots pour parler de cette tragédie qui vient de frapper leur quartier. L’un d’eux n’a pas manqué de nous lancer : «les services de l’APC et de la Wilaya avaient peint l’immeuble, de l’extérieur, sans se soucier de sa vétusté à l’intérieur». Avant d’ajouter : regarder «la blancheur de ces immeubles, dans le sillage de l’inauguration de la Mosquée de Ketchawa», sans pouvoir continuer à parler, la tristesse a étouffé sa voix.
« Regardez les murs des immeubles sont bien peints en blanc, alors qu’à l’intérieur tout est vétuste, et l’effondrement de cet immeuble était une question de temps, surtout avec les averses de pluie de l’hiver dernier, et celles de ces jours-çi» nous déclare, un des habitants du quartier. Les habitants du quartier et environs étaient là, mobilisés, sans contraindre le travail des services de la Protection civile, et s’échanger des mots entre eux, pour s’accrocher à l’espoir, que de vies pourront sortir de sous les décombres, mais le cours des évènements en décida autrement, l’effondrement a été fatal pour les habitants de l’immeuble et d’autres craignaient de voir la catastrophe se reproduire ailleurs, au vue de l’état des lieux de ces bâtisses de la Casbah, ce patrimoine national, inscrit à l’Unesco.
Vers, 11h30, un des anciens enfants de la vieille cité, nous dira « ce n’est pas terminé, pour les recherches, il se peut que d’autres personnes seraient encore ensevelies, ils sont une famille à y habiter, ici, et ce ne sont pas des squatteurs, ce sont les enfants de la Casbah», nous précise-t-il, sans tenter de cacher son bouleversement par le drame qui vient de secouer son quartier, lui qui, vu son âge, il en a vu, des drames tout au long de sa vie.. et de nous confier : «c’est toujours difficile de tenir le coup, après la découverte des deux corps sans vie de notre voisin Adlane et son fils» et d’ajouter «mais, il faut continuer à espérer que les autres membre de la famille sont coincés et qu’ils seront sauvés».
Et c’est en cet instant, le cri d’une femme brise l’ambiance du silence de la tristesse, c’est la femme d’Adlene, la maman de l’enfant de trois ans, que l’effondrement des étages a happé. Et à cet habitant de se tourner vers nous, et de dire « difficile de contenir la douleur d’une mère, elle a survécu à une mort certaine, puisqu’elle avait passé la nuit du dimanche à lundi, chez ses parents, mais pour elle c’est déjà sa mort, en perdant, un enfant et un mari.».
Le Wali d’Alger hué et chassé par les habitants de la Casbah
Venu s’enquérir de la situation suite à l’effondrement de l’immeuble en question, le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, accompagné d’une délégation, a été chassé par les habitants de la Casbah, en réaction au drame qui vient de les frapper, à cause de l’effondrement d’un immeuble. Les habitants du quartier de la Basse Casbah, rassemblés en grand nombre devant la mosquée de Ketchaoua, lui ont bloqué l’accès. Ce qui a poussé le wali à rebrousser chemin pour prendre la route vers le siège de la wilaya d’Alger.
Mohamed Amrouni