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Sour El Ghozlane : une enveloppe de 800 millions DA pour alimenter en eau 5 communes

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Les fléchettes de pluie qui s’écrasaient ce mercredi matin contre le pare-brise de notre véhicule annonçaient la couleur de la journée : elle allait être froide, humide et venteuse. L’impression, ressentie au sortir de la ville de Bouira, se renforçait à hauteur du col de Becouche qui culmine à près de mille mètres. Les monts de Dirah, malgré leur situation géographique qui les fait appartenir aux Hauts-Plateaux conserve intacte, en hiver, leur mauvaise réputation. Nous allions avoir confirmation, car les trois communes où nous allions nous y rendre se trouvent au cœur de ces monts.

Sour El-Ghozlane où le lourd poids du passé
Bien que nous ne fassions qu’y passer, il est difficile de ne pas évoquer cette ville où tout vous ramène à ses anciennes origines : sa muraille circulaire et ses bastions, son ancien hôtel de ville, son hôpital, son ancienne sous-préfecture où l’on raconte que De Gaulle y passa la nuit lors de son déplacement en Algérie, en 1958, sa mosquée qui doit être aussi ancienne, ses écoles et ses rues datant de 1883. Un débat s’installait dans notre véhicule autour de l’étymologie du nom de la ville : était-ce aux meurtrières qui garnissent ses murs en pierre de taille et qui permettaient aux soldats de défendre la ville en tirant par ses trous sans se montrer que la ville tirait son nom ? Ou était-ce aux gazelles qui vivaient en liberté dans les parages ? Ces deux thèses se trouvent dans l’historiographie que Jean Pères, un ancien colon qui se piquait de recherche et qui vivait au début de 20ème siècle avait consacré à Sour El Ghozlane. Aussi les avis parmi nos contraires étaient-ils partagés sur ce point. Pourtant la logique a fini par triompher. Il fallait se rendre à l’évidence : Sour-El-Ghozlane, située aux portes du désert était fréquentée des gazelles. Des félins aussi, notamment le guépard à en croire le récit de certains. C’était naturel, ils suivaient leurs proies. Mais notre étonnement est grand que ce colon qui faisait parler les pierres couvertes d’écriture latine et relatant des faits de guerre n’ait pas noté que le nom de Sour El- Ghozlane devait être Arabe, c’est-à-dire datant du temps où les arabes étaient arrivés en Algérie. Cette période avait immédiatement succédé à l’époque romaine. Le mur qui entourait la ville et qui devait exister alors ne comportait pas de meurtrières. Il n’y avait pas de fusils. En revanche, les gazelles devaient venir se blottir la nuit contre ses murs pour en recueillir un peu de fraicheur en été ou se protéger contre le vent et la pluie en hiver. L’actuelle muraille est d’origine française. C’est à ce titre que la ville a reçu le nom du Duc d’Aumale en souvenir de ce grand général français qui a combattu le soulèvement dans notre pays. Le nom de Sour El-Ghozlane, proprement arabe, a remplacé, celui d’Auzia, typiquement romain. Inspiré comme nous le pensons par la présence de ces gracieux ruminants en ces lieux rocailleux, il a été repris, quelques années après l’indépendance pour designer officiellement cette ville au passé si chargé d’histoire.
Au moment où nous passons par la RN18, le soleil doit être assez haut dans le ciel noir. Un détail météorologique : il n’y a pas de neige sur les sommets. Chose totalement insolite par rapport à la saison. Généralement, en janvier, le froid est très vif et Dirah disparait complètement sous une épaisse couche de neige. Cette clémence inhabituelle n’a pas empêché la population de sortir la kachabia ou le burnous, pour les personnes d’un certain âge, le manteau et autres vêtements amples et fourrés pour les plus jeunes.

Le wali accorde trois mois de délai
Mais quel était l’objectif inscrit par le wali à sa visite, ce matin? L’eau évidement, préoccupation de tous les instants pour ces habitants confrontés à une crise endémique. à Dachmia, commune de 3000 habitants, des dizaines de citoyens guettaient l’arrivée de ce responsable dehors et à l’intérieur du siège de l’APC. De la pluie mêlée à des flocons de neige brouille un instant le paysage montagneux. Ici les hivers doivent être rudes quand ils ne sont pas affectés par le redoux exceptionnel comme celui de cette année. à côté de cette préoccupation, la population des petites localités exposaient leurs doléances liées au gaz, aux routes et aux soins. Attentifs, le wali avait réponse à tout. Mais place d’abord au souci majeur qui, comme nous venons de le dire est l’eau. Le projet qui consiste à amener dans cette commune en renforcement du réservoir de 200m3 existant connait un léger retard. L’exposé des faits a permis de montrer que ce retard dû à une opposition qui venait d’être levée était d’un mois. Les travaux reprenaient donc, mais ils sont aux taux d’achèvement estimés à 60%. En effet, sur les 13,400 km de conduite à poser, seuls 8,000 km ont pu être achevés. Il restait aussi les deux stations de reprise pour refouler l’eau arrivant du réservoir de Tbabkha vers le réseau de distribution. Le wali a accordé trois mois de délai l’achèvement des travaux et fixé le début de juin pour la mise en service de la nouvelle conduite. La pluie a cessé mais le temps restait menaçant. Le premier responsable s’est attardé avec les élus et quelques citoyens autour de leurs préoccupations quotidiennes. Ce sont surtout les habitants du lieu-dit Ouled El Hadj, plus haut encore, vers l’est, qui se plaignaient de la crise d’eau qui les touche. Ils réclamaient un système de pompage pour amener l’eau jusque-là et en apprenant que le nouveau réseau de distribution n’oubliera aucune localité, ils avaient exprimé bruyamment leur satisfaction. La route par laquelle nous arrivions au siège d’APC de Ridane, une commune de 600 habitants est aussi bonne que celle qui nous a amenés de Sour El-Ghozlane vers Dachmia. Mais comme il est difficile en montagne de s’orienter, cette difficulté s’est aggravée pour nous du fait que le soleil demeurait complètement caché.Tout ce que l’on peut dire, c’est que les deux côtés de la route sont bordés de bois très touffus. Nous appuyons vers la gauche et la route se poursuit vers Djouab, dans la wilaya de Médéa. De nouveau, le temps s’est gâté. Une mini tempête de neige nous attendait. On avait alors le sentiment que le ciel tombait sur la terre, tant la tourmente était violente. Un froid vif s’insinuait entre les vêtements et faisait frissonner notamment ceux qui n’avaient pas prévu une telle baisse de température. Comme d’autre part, il y avait foule, ceux de nos confrères qui restaient à l’entrée pour attraper quelques bribes d’explication sur le projet d’AEP, ils étaient exposés directement aux intempéries. Heureusement cette perturbation atmosphérique a été de courte durée. Et la foule bougeant, nous avons pu faire provision d’informations. Le projet touche à sa fin. Il est à un taux de 90%. Sur les 12,500 km de conduite, l’entreprise a réalisé 11 km. La seule pierre d’achoppement est d’ordre technique et concernait les deux stations de reprise. Les travaux allaient reprendre dans une semaine. C’est une des exigences du wali, qui là aussi a réitéré ses instructions pour que tous les travaux soient achevés dans trois mois. Il a par ailleurs montré la même qualité d’écoute vis-à-vis des citoyens venus exposer leurs problèmes et donner des solutions.

La boutade de l’ancien wali
Alors que nous cinglions vers le sud- est sous ciel redevenu calme mais toujours noir, l’attaché de presse de la wilaya pour détendre l’atmosphère et faire oublier le mal de voyage dont au moins deux d’entre nous souffraient à cause des virages, est allé de sa petite histoire. Elle concerne la commune de Ridane. C’était au temps de l’ancien oubli. Et c’était au temps où le terrorisme dictait sa loi de façon implacable. On comprend qu’au milieu de ses montagnes, les groupes terroristes se sentaient comme chez eux. Alors, ils avaient décidé de brûler le siège d’APC. Et pour passer à l’acte, il ne leur a pas été bien difficile. à cette époque, les APC et les CEM étaient les cibles privilégiés. Les terroristes cherchaient à déstabiliser le pays en frappant les institutions. Le siège a flambé donc comme une torche. Le lendemain de cet acte vandale, le wali Benaseur prenait le chemin de Ridane pour constater le délit et montrer quand même que l’état était debout. Hélas l’incendie n’a laissé qu’un tas de cendre derrière. Pourtant quelque chose a échappé à cet autodafé, quelque chose qui a suscité l’humour du wali en le voyant. C’était une pile d’exemplaires de revue locale que les terroristes n’avaient pas jugé bon de détruire. Cette revue qui paraissait chaque mois portait le titre de Tikdjda. Elle avait réalisé une série de reportage sur cette commune. à ce titre, tous les exemplaires ont été envoyés vers la commune qui les achetait pour encourager la parution de ce magazine. Donnant un coup de pied au coffret qui contenait les exemples intacts au milieu d’un amas de papier carbonisé, le wali aurait lancé à l’équipe de rédaction, dont l’attaché de communication de la wilaya : alors lancés, racontait l’attaché de presse : « Même les terroristes ne veulent pas de votre revue. » Aujourd’hui, la situation a beaucoup changé. Avec le retour au calme, nous remarquons sur notre route vers Maâmora de belles maisons construites grâce à l’aide à l’habitat rural fournie par l’état. En revanche peu de champs cultivables. Ici, on est vraiment dans les Hauts-Plateaux. Le ruban d’asphalte se déroule au fond d’une étroite vallée où coule un oued. La seule végétation que nous observions est le laurier qui couvre les deux rives. La solitude des lieux est accentuée par désolation du paysage nu et l’absence quasi-totale des bêtes et des gens. Etait la rumeur qui a couru sur la visite du wali ? Toujours est-il que le chef-lieu de cette commune qui compte quelques 1200 habitants est fort animé lorsque nous y posons le pied. Ici le progrès est encore plus sensible. On ne trouve rien qui le différencie des villages les plus proche des villes. Les rues sont propres, les maisons qui les bordent assez belles et les locaux bien achalandés. Les passants n’ont pas l’air curieux et un étranger peut passer pour un des leurs…Le siège qui occupe le centre du village est coquet et bien entretenu. Le wali a été informé de l’état d’avancement du projet : il est à 60%, comme celui de Dachmia. Ici, c’est un propriétaire qui s’oppose au passage de la conduite longue de 22,500 km. Le wali a brandi l’option de l’expropriation d’office au nom de l’intérêt public. Quitte à ce que le propriétaire s’autosaisisse de la justice. Déjà, l’itinéraire a dévié de 300 à 400 mètres pour éviter d’éventuelles oppositions. Ce qui, comme à Dachmia a entrainé un grand retard. Ici les mêmes instructions ont été données pour que le projet soit livré dans les trois mois qui suivent, l’objectif principal est que l’eau arrive dans ces trois communes qui souffrent particulièrement des affres d’une sécheresse endémique dès la fin du premier semestre. Le wali a, ensuite, consacré beaucoup de temps à relever les doléances des citoyens, comme il l’avait fait auparavant dans les deux autres communes. Après quoi, il a chargé le DSA de constituer une commission pour recenser systématiquement tous les problèmes en vue de leur prise en charge effective dans les meilleurs délais. Ces problèmes sont partout les mêmes : routes, gaz, AEP. Concernant le gaz, le wali a instruit les responsables concernés pour le renforcement des moyens en butane en attendant le gaz de ville. Ce qui ne saurait tarder.

Une importante enveloppe allouée
De Maâmoura à Sour El-Ghozlane, la route est longue, quoi qu’en bon état et zigzagante à travers la forêt. En quoi elle diffère de celle que nous avions prise à l’aller. Le temps restait pluvieux et le lieu-dit Tbabkha, à la sortie sud de la Ville des Hauts-Plateaux, le terrain était un cloaque. Nous y pataugions un bon moment, car une autre opération y est inscrite au profit des deux autres communes, en l’occurrence Hakimia et Hadjr Ezarga, elles aussi relevant administrativement de la daïra de Sour El-Ghozlane. Le projet est d’amener l’eau à partir du réservoir implanté à cet endroit vers ces deux communes sur près de 50 km. Le projet n’est pas encore lancé. Le wali a subordonné son lancement à la mise en place d’une commission qui fixera d’abord le tracé et recueillera les avis d’opposition si éventuellement ils existent. Le responsable a accordé une semaine à la wilaya pour rendre compte de sa démarche. Il a également fait savoir que pour ces deux communes, dont la population varie entre 500 et 550 habitants, l’eau ne pourra être distribuée que vers la fin de l’année. Ce qu’il faut noter, c’est que ce grand réservoir situé à la sortie sud de Sour El-Ghozlane est d’une capacité de 12 000 m3. Lui-même relié au système de barrage de Koudiet Acerdoune, il alimente en AEP le chef-lieu de daïra, en attendant d’offrir ses services pour ses cinq (5) communes. Au cours du point de presse qui a sanctionné sa visite, le premier responsable de la wilaya a bien précisé que les trois premières communes, en l’occurrence Dachmia, Ridane et Maâmoura seront alimentées à partir du barrage de Koudiet Acerdoune au tout début de juin prochain, tandis que les deux autres (Hakimia et Hadjr Zerga) ne pourront l’être avant la fin de l’année en cours. Cet éclaircissement était nécessaire pour comprendre que si l’enveloppe allouée à cette opération, longue de 100 km est de 800 millions DA, celle-ci se répartit en deux entre les cinq communes, la première étant en cours et à un taux d’avancement important, malgré les retards dus aux oppositions sur le terrain et la seconde qui démarrera dans une semaine au profit de Hakimia et de Hadjr Zerga. Ainsi, en dépit de la crise, nous pouvons dire que l’état reste déterminé à mener jusqu’au bout ses programmes quinquennaux et à maintenir le cap concernant le développement de la wilaya à travers ses quarante cinq communes.
Ali D.

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