Après la rupture du jeûne pour beaucoup de Constantinois , les cafés demeurent les seuls endroits pour se réunir entre copains et discuter de tout et de rien tout en sirotant un thé ou des rafraichissants. Ce qui donne à l’évidence que les veillées ramadhanesques sont pratiquement à l’identique pendant tout le mois et tous ceux qui sortent seuls ou en famille avec ou sans voiture pour fuir la chaleur étouffante des appartements donnent l’impression de tourner en rond , tant les opportunités pour des manifestations culturelles sont très aléatoires, pour ne pas dire inexistantes. C’est ainsi que de larges franges de jeunes surtout passent le plus clair de leur temps en groupe dans les cafés ou au pied des immeubles, et où certains s’adonnent à leurs jeux favoris en l’occurrence des parties de cartes ou de dominos , alors que pour d’autres ce sont des parties de football interminables sur la chaussée ainsi que d’autres amusements pour tuer le temps jusqu’au S’hour . Il faut admettre aussi que c’est un véritable brouhaha qui est généré par ces jeunes qui veillent jusqu’à une heure tardive de la nuit. « Cet état de fait s’explique par l’absence de loisirs et de divertissements, nous ont déclaré des jeunes rencontrés à la nouvelle ville Massinissa, nous n’avons pas où aller, ajoutent-ils, nous flânons d’un endroit à un autre, histoire de tuer le temps, jusqu’à ce qu’il nous tue à petit feu », ironisent-ils. « Hormis les cafés, il n’y a vraiment rien à faire » renchérit un autre jeune, alors on s’ennuie à mourir, ajoute notre interlocuteur visiblement déçu par cet état de fait qui le ronge douloureusement en son for intérieur. En effet, il va sans dire que l’absence de loisirs et autres divertissement à l’adresse des jeunes est vécue plus ou moins dramatiquement par cette frange que l’oisiveté ronge et comme dit le proverbe l’oisiveté est mère de tous les vices. Cela dit, Constantine et ses banlieues souffrent de l’absence de salles de cinéma qui font encore défaut malgré l’assurance des autorités locales de leur réouverture imminente. Le parc de loisirs de djebel Ouahch, qui faisait la fierté des Constantinois qui s’y rendaient en famille pour s’installer à l’ombre des peupliers et des châtaigniers, ou, pour les plus jeunes, se barboter gaiement dans les lacs n’est plus très apprécié du fait de l’insécurité ambiante. Même la ménagerie aménagée à l’entrée du parc a été délaissée et les animaux chèrement acquis ont, soit péri soit ont été transférés ailleurs, c’est vraiment dommage ! Toutefois même si les travaux de réhabilitations de ce parc sont en cours pour lui rendre son lustre d’antan, ainsi que la forêt récréative d’El-Meridj que les autorités locales veulent rendre plus attractive avec la mise en place de commodités pour les amateurs de randonnée a quand même subi le même sort et s’est trouvée fréquentée par les délinquants et autres alcooliques, qui en ont fait un terrain conquis malgré la fréquence des patrouilles de la Gendarmerie nationale chargée de la sécurisation des lieux . Le constat est sans équivoque : la ville des ponts est orpheline en matière de loisirs, les jeunes et moins jeunes tournent en rond et surtout durant ces nuits de longues veilles, Ramadhan oblige, et restent pour eux un remake qui n’en finit pas de les torturer, ils ont besoin de se divertir et de libérer le trop plein d’énergie accumulé, mais le manque de lieux appropriés fait que le mot loisirs a perdu son sens. Alors, Ramadhan ou non, et en l’absence de divertissements, on tourne en rond … et franchement ce ne sont pas les quelques soirées musicales programmées durant ce mois qui vont changer la donne, loin s’en faut, car Constantine mérite mieux! Mâalem Abdelyakine