Le chef du gouvernement espagnol vient de tenir des déclarations qui signent un brusque revirement de situation sur le Sahara occidental. L’Espagne soutient « une solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la charte de l’ONU et les résolutions du Conseil de sécurité », a affirmé, hier, Pedro Sanchez, qui plus est, fait abstraction du funeste « plan d’autonomie » marocain.
Au moment même où la presse du Makhzen se targue d’un retour à la normale des relations entre Rabat et Madrid en mettant en avant une photo associant Nasser Bourita et José Manuel Albares, le président du gouvernement espagnol, vient de se déjuger sur le Sahara occidental. Dans un discours prononcé à la tribune de l’ONU, Pedro Sanchez a tenu des déclarations qui tranchent brutalement avec la position espagnole qu’il avait lui-même exprimée, mars dernier, sur ce dossier.
« Nous ne pouvons pas reporter les conflits du siècle dernier. C’est pourquoi, en ce qui concerne une région très importante pour l’Espagne comme le Sahara occidental, l’Espagne soutient une solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la charte de l’ONU et les résolutions du Conseil de sécurité. En ce sens, le travail de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU me semble fondamental. Et je tiens à dire qu’il a le plein soutien du Gouvernement espagnol », reprend in extenso hier, le quotidien numérique espagnol ‘’Publico’’.
Ces nouvelles déclarations qui signent brusquement un revirement de situation sur ce dossier « baromètre » qui détermine le niveau des relations entre l’Espagne et le Maroc, tenues de surcroit sur la tribune onusienne, s’apparentent à un retour à la voie du droit international qui consacre le Sahara occidental, à travers le processus de l’ONU et les résolutions de son Conseil de sécurité, comme une question de décolonisation dont le peuple des territoires occupés par le Maroc aspire au légitime référendum d’autodétermination.
C’est d’autant plus que ce retour espagnol à la solution onusienne s’entend comme un changement de position, que Sanchez a fait abstraction des thèses marocaines dites « plan d’autonomie ». Une politique de déni du régime du Makhzen qu’il avait pourtant adopté en mars dernier en cédant devant le chantage de Rabat, notamment sur le dossier migratoire, dont la suite est connue à travers le crime commis près de Melilla du vendredi noir du 24 juin passé.
À moins que cela soit une énième manœuvre perfide de sa part, comme il en excelle depuis qu’il s’est acoquiné avec le Makhzen et son plan diabolique pour le Sahara occidental avec, Sanchez revient sur la position de Madrid d’il y a environ sept mois. Une posture de trahison à l’égard du Sahara occidental qui a remis en cause une position de consensus en cours depuis 1975 en Espagne. D’ailleurs c’était ce grave précédent qui était derrière la crise diplomatique avec l’Algérie, qui a décidé alors de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne.
Depuis lors, Pedro Sanchez et son gouvernement s’est attiré les foudres de la classe politique à l’interne, tout comme les réprimandes de la communauté internationale pour avoir changé de fusil d’épaule sur la question sahraouie.
Farid Guellil