Le premier sommet Russie-Afrique de Sotchi, qui vient de s’achever, s’est tenu dans un contexte particulier marqué par des tensions exacerbées de Moscou avec les pays occidentaux, sur fond de l’échec du plan de ces derniers, sur le terrain syrien, non sans conséquences sur leurs approches collectives et respectives, en matière de politique étrangère, notamment économique et même militaire, sur l’ensemble de la région et aussi sur la scène internationale, dont l’Afrique.
Le sommet de Sotchi, le premier du genre qu’organise la Russie, au moment où le continent africain est au centre des convoitises, avec la venue de nouveaux acteurs sur la scène internationale, tel la Chine, qui, depuis le rythme soutenu de son partenariat avec le continent, a bousculé la balance, qui a été depuis des décennies au profit des acteurs traditionnels, les ex-puissances coloniales en Afrique, dont principalement la France. Notre continent souffrant des lacunes et carences d’une mauvaise gouvernance et de démocratisation de la vie politico-économique et sociale des pays et peuples d’Afrique, situation qui a longtemps profité à ces partenaires étrangers traditionnels, aspire à redresser la barre et diversifier sa coopération, pour renverser la tendance aux profits des africains. Après la diversification, depuis ces dernières années, de ses interlocuteurs en vue de booster le développement en Afrique, avec l’arrivée sur la scène internationale de nouvelles puissances émergentes, : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, par la tenue de sommets bilatéraux, à l’exemple de celui Chine-Afrique et celui de Sotchi, qui devra se tenir chaque trois ans, devrait constituer une nouvelle opportunité pour l’Afrique, notamment dans ses attentes et besoins en matière de transfert de technologie et du savoir, pour booster, d’une manière effective, le développement du continent, en général et des pays africains en particulier. Ayant promu pour longtemps, la logique de coopération gagnant-gagnant avec ses partenaires, notamment traditionnels, sans de réelles avancées, au vu du retard d’avancées notables, le continent demeure un marché fructueux pour les multinationales et les entreprises occidentales. Le sommet de Sotchi a affiché la volonté de Moscou de promouvoir la logique une partenariat gagnant-gagnant, qui ouvrira de réelles perspectives et opportunités pour le développement et l’essor d’un Continent, regorgeant de richesses naturelles et de ressources et capacités humaines. Souhaitant porter le volume des échanges, avec l’Afrique, de 20 milliards à 40 milliards. Il est à rappeler qu’en 2018, la Russie a été le partenaire commercial de l’Afrique qui a dégagé le plus gros excédent, estimé, à 14 milliards de dollars. Et pour soutenir le développement en Afrique, notamment de certains pays africains, Moscou a mis sur pied, cette année, l’International Sovereign Development Agency (ISDA), agence russe qui se «focalisera sur le soutien au développement des États africains». L’ISDA entre ainsi dans la compétition avec d’autres organismes : américains, européens, japonais et chinois, d’accompagnement du développement en Afrique. Son directeur général, Konstantin Malofeev a accordé récemment une interview à un site russe, lors laquelle il a mis en avant les points essentiels de l’approche russe, en matière de soutien au développement en Afrique qui sera «avec un coût d’endettement nettement plus réduit», allusions autres organismes existants, dont ceux précités. Les responsables africains, dont la majorité des chefs d’État et de Gouvernement ayant fait le déplacement à Sotchi, ont mis en avant leur volonté de faire jouer à l’Afrique un rôle premier, voire «pionnier» comme l’a précisé, le chef d’Etat, Abdelkader Bensalah, en vue de garantir, selon les besoins et les attentes des pays africains, du partenariat Russie-Afrique, l’ intégration effective de l’Afrique, via un partenariat à même de drainer les ressources financières et les moyens technologiques, pour une croissance soutenue et durable de l’économie africaine, prenant en compte le développement social et la protection de l’environnement outre les spécificités du continent, souvent ignorées, par les partenaires traditionnels de l’Afrique. La Russie n’ayant pas un passé de colonisateur en Afrique et son prédécesseur, l’Union soviétique, ayant été au premier rang de soutien aux mouvements de libération et de révolutions des peuples africains contre le colonisateur et le système d’apartheid en Afrique du Sud. Un passé qui ne manquera pas aussi d’être pris en compte par les africains pour accélérer le rythme du développement en Afrique, longtemps freiné, en faveur des intérêts des occidentaux et de leurs soutiens locaux.
Karima Bennour