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ROMAN EN LANGUE AMAZIGHE : « Ighisi di Tnaslit » en librairie

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Un roman en Tamazight, intitulé « Ighisi di tnaslit », ou, à peu de choses près, Une lézarde dans la pureté de la nation, a été édité en cette année 2022 chez les éditions El-Amel de Tizi Ouzou, écrit par Abdelkader Abdi, écrivain-poète, de son état aussi vice-président du bureau de wilaya de l’Union des écrivains algériens (UEA), ancien enseignant de la langue arabe au lycée Krim-Belkacem de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou).

L’auteur avait aussi assuré des cours d’arabe, pendant une courte période, au Département de français de l’université Mouloud-Mammeri. Dans ce roman, préfacé par Rachid Alliche, un enseignant de tamazight, le lecteur trouvera un récit relatant une poignante histoire avec ses ramifications depuis les premières décades du 19e siècle jusqu’à l’insurrection de 1954. Des périodes au cours desquelles la propre famille de l’auteur paiera un lourd tribut. Les époques des faits remontent à des souvenirs retraçant l’évocation d’un cher « dada » ou d’un cher papa, embarqués par les forces françaises ou par ses supplétifs algériens, sous les ordres de l’administration coloniale, vers les lointaines prisons de la Nouvelle-Calédonie. Ponctuée de poèmes, la narration décrit la douleur des parents et des victimes de ces dures déportations qui touchaient la crème des militants nationalistes anticolonialistes, recensés dans les villages de l’Algérie, notamment en Kabylie. Le récit, scindé en quelques chapitres, « enjolivés », souvent de poèmes descriptifs, l’auteur y met en exergue les vives douleurs des mères, des épouses, des sœurs, des pères, des frères, vivant et résistant, en nourrissant l’espoir de revoir un jour l’enfant ou les enfants chéris déportés vers cette contrée de l’Océanie de triste mémoire. Pour établir une liaison avec les mouvements insurrectionnels connus par la Kabylie, l’auteur pénètre ensuite de plain pied dans les préparatifs du déclenchement de la lutte armée en 1954, où pouvait lire le poème « Tahkayt-iw » (mon histoire), à plonger dans les pérégrinations d’une vie faite, toute, de combat, pour une survie de la famille, après la disparition du vieux père. Toutes ces années étaient faites d’une misère inouïe, imposée par le colonialisme, qui ne permettait ni éducation, ni instruction, ni travail au profit de l’enfance et de la jeunesse en Algérie. Pendant ce temps, ces dernières rêvaient à pouvoir un jour apporter un tant soit peu d’aide aux parents, poussés par cette administration de répression à une terrible précarité. Avec son « grand » frère, Kader, tout enfant encore, se lèvera très tôt chaque matin pour accompagner, en montagne, hiver comme été, son aîné, à peine sorti de l’adolescence, ainsi que leur maman, pour y accomplir de ces besognes par trop lourdes pour de frêles corps ; tels l’élevage d’un cheptel, participer aux labours de lopins de terre, veiller ensuite à protéger et à surveiller les semis et récoltes contre des animaux sauvages, prédateurs de produits agricoles.

Le supplice des déportés en Nouvelle-Calédonie
Dans un chapitre de cet ouvrage, il est décrit en outre l’immense déprime du prisonnier après sa déportation en compagnie d’autres détenus. La vie y étant pour lui insupportable, dans une Île entourée de flots d’eau infranchissables, loin des parents et de la famille, notre écrivain composera un poème à ce propos intitulé « Alay, alay, ay azro », titre d’un conte légendaire, très touchant, dans lequel il « implorait » les lieux (ou le rocher, azro), à s’élever sans cesse pour lui permettre (s’imaginait-il) à voir cette patrie nostalgique où se trouvaient ses parents et les siens en général. L’auteur romançait dans son ouvrage l’histoire de cet Algérien de Kabylie, prénommé Abdelkader, un prénom que l’auteur recevra lui-même de ses parents à sa naissance, les terribles conditions du déporté vers cette contrée, habitée par une population, elle-même colonisée, ainsi que d’autres français et françaises emprisonnés, injustement, au même titre que tous les autres incarcérés. Et, au fur et à mesure que des années passent, une certaine cordialité s’y est instaurée, entretenue de part et d’autre, afin de trouver une voie de lutte commune pour la liberté et contre toute forme d’injustice dans la vie. Pour y atténuer quelque peu les dures conditions de détention des déportés, l’administration des geôles calédoniennes y entama l’organisation de temps à autre de rassemblements mixtes pour susciter des initiatives de mariages, suivant le choix sur lequel chaque prétendant ou prétendante porterait son dévolu. Ainsi, Kader ne s’imaginait jamais à se marier sur place, rien qu’en pensant à un si joyeux évènement dans sa vie, mais sans les rites et les coutumes de sa terre natale, malgré la naissance, au fil des ans, d’une certaine entente de fraternité où toute forme de haine s’extirpait d’elle-même. Aussi, au troisième regroupement, Kader y rencontra une « chance », totalement à son goût, à ne pas laisser s’échapper, de par ses préférences pour le travail de la terre et de l’élevage, ses propres pratiques de prédilection, lorsqu’il était encore enfant dans la Kabylie de ses parents… Cette chance s’appelait « Louise Marie », elle-même militante pour une vraie justice, non seulement dans son pays, la France, mais aussi, souhaitait-elle, dans le monde entier.
Par son ouvrage, de plus d’une centaine de pages, l’auteur invite son lecteur à se laisser glisser dans le labyrinthe de son histoire, de ses histoires, en s’y imprégnant de ce monde qu’il sublimait dans le récit, imbu pleinement d’amour, de solidarité, de fraternité, de morale et autres valeurs intarissables en bonté, en courage, en résistance… Un rêve, en fait, toujours en attente de l’exaucement. Distribué dans des librairies du centre du pays, notamment à Tizi Ouzou, l’ouvrage est cédé à 400 DA. Salah Y.

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