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RESTRICTIONS SUR LES VISAS EUROPÉENS : Quand le ciel se referme au-dessus des Algériens !

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Les Algériens sont-ils considérés persona non grata dans les pays de l’Europe et aux États-Unis ? C’est ce qui semble être le cas depuis ces dernières années. Victimes de législations européennes de plus en plus contraignantes et rigoureuses sous prétexte de lutte contre l’immigration illégale, les Algériens sont visés cette année particulièrement par des mesures encore plus strictes des procédures d’octroi des visas. Ceci au moment même où ils commencent à se remettre difficilement du choc provoqué par la décision des services consulaires de la Turquie –un pays où les Algériens ont pris habitude de s’y rendre – qui ont décidé, la semaine dernière, de supprimer les visas électroniques pour les citoyens âgés entre 18 et 35 ans et de restreindre les conditions d’accès pour les autres catégories d’âge. Ils assistent, quelques jours seulement après, à des procédures similaires de la part de l’ambassade de Finlande en Algérie. Ce pays scandinave a annoncé en effet que les demandes de visas touristiques pour les Algériens ne seront plus acceptées et que dorénavant elles ne seront recevables que les demandes de visas professionnelles, culturelles, familiales et amicales. Ces deux pays s’ajoutent à la France, l’Espagne et les États-Unis, qui ont tous réduit dans leurs législations le droit de mobilité à l’égard des Algériens.
Même situation qui s’est répétée avec la Tunisie l’été dernier, lorsque les autorités de ce pays voisin ont décidé d’imposer une taxe d’entrée aux touristes algériens qui transitent via les points de passage frontaliers. Suscitant une vague d’indignation qui a atteint même les hautes autorités des deux pays. La Tunisie a été contrainte, dans un premier pas, d’annuler cette taxe et de la remplacer par une autre de 200 dinars tunisiens (14 000 DA) imposée sur les transporteurs algériens, avant d’y abdiquer complètement dans un mois cédant aux menaces de réciprocité du côté algérien.
Les Émirats arabes unis, pour leur part, adoptent depuis des années déjà une politique des plus strictes à l’encontre des touristes algériens et même les demandeurs de visas professionnels. Même si de prime abord il est clair qu’accorder ou refuser l’accès à des personnes de nationalité étrangère dans son territoire a toujours été une question de souveraineté nationale, les récentes décisions, touchant particulièrement les Algériens, s’avèrent avoir beaucoup plus un caractère inéquitable, disproportionné et discriminatoire.
Les pays européens et la Turquie, qui répondent ainsi à des injonctions de Bruxelles, font fi de toutes les conventions et pactes d’ententes mutuelles concernant la coopération, le libre échange commercial et l’allègement des conditions sur la mobilité des personnes. Faisant face à des pressions accrues causées par une montée en force des courants ultranationalistes et populistes, les gouvernements européens sont contraints ainsi à régler les problèmes internes en instrumentalisant les politiques étrangères.
Le migrant, souvent « illégal» comme aiment à le répéter les Européens, ou « sans-papiers» chez les Américains – Indocumented Migrant –, est toujours mis à l’indexe par les partis de droite et les libéraux pour expliquer l’accumulation et la complexité des problèmes qui touchent l’Europe : violence, cherté de la vie, recul de développement économique et des investissements, augmentation des prix de l’immobilier, baisse de l’emploi, fuite des multinationales vers les pays asiatiques, … Officiellement, à part les rapports périodiques de l’EU sur les indices en rouge de l’économie algérienne et l’accroissement des problèmes sociétaux, les gouvernements européens, plus la Turquie, n’ont pas rendu publics les véritables motifs de leur décision d’entraver l’arrivée des Algériens sur les territoires de la rive nord de la méditerranée.
Toutefois, le problème n’est pas à rechercher ailleurs, la raison se trouve, semble-t-il, dans le fait de tentatives d’anticipation de ces gouvernements sur un éventuel rush des migrants algériens illégaux sur leurs sols. Les perspectives politiques et économiques opaques ; le pays est toujours avec un chef d’État intérimaire, qui plus est contesté, alors que le calendrier électoral n’est pas encore fixé. Au plan économique, proprement dit, l’Algérie est menacée d’une crise à cause du recul continu des réserves de change, situation qui fait craindre une explosion sociale. Cette situation n’est pas à même d’arranger les gouvernements européens qui veulent éviter un tel scénario et empêcher la montée des courants populistes et nationalistes anti-intégration européenne.
Ce durcissement des procédures d’obtention du visa pour les Algériens ainsi décidé et qui intervient avec la fin de l’été a peut-être aussi un rapport avec la volonté et le souci des dirigeants des pays européens d’assurer une rentrée sociale avec moindres coûts politiquement et économiquement et d’éviter ainsi le spectre des Gilets Jaunes en France ou les vagues d’indignation en Allemagne suite aux cas d’homicides individuels commis par des réfugiés afghans et syriens mais exploités excessivement par les médias pro-droite, engendrant la baisse de popularité d’Emanuel Macron et d’Angela Merkel.
Ces craintes et peurs se manifestent clairement dans la nouvelle terminologie des leaders européens : « dangers d’une immigration mal maîtrisée », « migrations économiques », « le renforcement de l’efficacité de contrôle des frontières », « immigration choisie », et qui en disent long sur des politiques qui ne sont pas prêtes à être changées dans le court et moyen terme.
Même si le ministre algérien des Affaires étrangères avait évoqué « la règle de réciprocité» à l’encontre de la Turquie, la décision de ce pays aura moins de chance d’être revue. Car, en plus de servir comme un outil efficace pour contrôler les accès sur les territoires tiers, les visas sont aussi, de nos jours, une arme diplomatique redoutable ; pour preuve, il est quasi impossible à un État du tiers monde de négocier la question d’augmentation de son quota de visas sans un chapitre-annexe portant sur des concessions économiques et politiques à faire en contre-partie. Il suffit d’observer les politiques des États-Unis à l’encontre de ses voisins mexicains, colombiens, vénézuéliens et autres. Reste à savoir, qu’est ce qu’on demande comme contrepartie à l’Algérie ?
Hamid Mecheri

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