C’est fait ! Le Mouvement El-Binaa a rendu publique, hier, sa position sur le référendum de révision de la Constitution qui se déroulera le 1er novembre prochain. Le président du parti islamiste, Abdelkader Bengrina, qui, dans un premier temps, a fait planer le suspense autour de la question, appelle, non pas ses militants, mais tout le peuple algérien, à dire « oui » à la Constitution initiée par le président Tebboune. C’est à l’issue d’une réunion du Conseil consultatif (Madjlis El Choura) de son parti, au cours de laquelle cette position, d’apparence consensuelle, à la été dégagée, que l’ex-candidat aux présidentielle du 12 décembre 2019 annonce son adhésion au projet phare du chef de l’État. « Voter oui pour préserver le processus de transition nationale et confirmer la légitimé populaire ». Voilà un argument avancé pour motiver cette décision, mais ceci importe peu, puisque les prémices de la nouvelle reconfiguration de la carte politique laissent moins de marge pour prendre le risque de dire « non » au projet. En effet, qu’y a-t-il bien à comprendre de ce nouveau vocable dans le langage de Bengrina ? À s’y méprendre, c’est la première fois qu’il emploie le concept « processus de transition nationale », alors que le texte suppose la mise en place de la nouvelle Algérie. Autrement dit, la transition, si tant est qu’elle existe, est derrière nous. Pour la suite de l’argumentaire, le second de rang au dernier scrutin présidentiel renvoie à la date du déroulement du référendum qui, outre l’aspect symbolique, le contenu du projet de la Constitution entend « assurer la pérennité de l’État, la fidélité aux chouhada et la consolidation du projet national novembriste ». Depuis quelques semaines, serait-il bien de le rappeler, Bengrina a émis des réserves sur les dispositions de la Constitution se rapportant à l’indenté nationale. Pourtant inscrit noir sur blanc et déjà consacré dans la Constitution de 2016, le triptyque islamité- arabité-amazighité, la nouvelle Loi fondamentale n’a fait que conforter le caractère intouchable de la composante identitaire nationale. C’est sur la base d’ailleurs des récriminations exprimées avec âpreté par le parti islamiste – la position de rejet du projet annoncé par le MSP de Makri aidant- que certaines lectures ont supposé un vote « sanction » de la part du Mouvement El Binaa. Il n’en est rien donc pour Bengrina, dont la décision d’appeler à voter en faveur de la nouvelle Constitution « émane de sa conviction quant à l’impératif parachèvement des réformes pour lesquelles est apparu le Hirak populaire béni, et nécessaire prise de conscience quant aux défis sociaux qui sont une menace pour la stabilité du fait de la crise économique et des incidences néfastes de la pandémie de Covid-19 ».
Farid Guellil