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Quand Boudjedra critique Gabriel Garcia Marquez…

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Invité en compagnie d’Amine Zaoui, pour rendre hommage à Gabriel Garcia Marquez à l’occasion de la tenue de la septième édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse, le grand écrivain algérien Rachid Boudjedra a surpris l’assistance, en s’en prenant à l’œuvre du Prix Nobel de littérature 1982. Rachid Boudjedra a ainsi rendu hommage au génie de la littérature sud-américaine et universelle, à sa manière, en déclarant entre autres qu’en dehors, du roman « Cent ans de solitude», le reste de l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, c’est-à-dire ses autres romans, «sont presqu’une écriture journalistique où l’on retrouve une facilité exagérée». Rachid Boudjedra a également nié avoir été inspiré ou influencé d’une quelconque façon par les romans de Garica Marquez, particulièrement « Cent ans de solitude », allant jusqu’à rappeler que son premier roman (et son chef-d’œuvre) « La répudiation » a été publié presque simultanément avec « Cent ans de solitude ». Quant à la ressemblance entre le titre « Cent ans de solitude » et « Mille et une année de nostalgie », Rachid Boudjedra a aussi affirmé qu’il s’agit juste d’une coïncidence puisque le choix du titre de son roman (Mille et une année de nostalgie) faisait référence aux Mille et une nuits. Le public présent dans la salle de conférence du FELIV à Riadh El Feth, jeudi dernier en fin de journée, est resté stupéfait par la tournure prise par cet hommage. Tout le monde s’attendait en effet à voir les deux écrivains Rachid Boudjedra et Amine Zaoui, évoquer la richesse littéraire des œuvres de Garcia Marquez, en vain. D’ailleurs, les deux romanciers algériens, prolifiques et polyglottes, n’ont cité que le roman « Cent ans de solitude » et n’ont à aucun moment fait référence aux autres romans de Gabriel Garcia Marquez dont les trois chefs-d’œuvre « Chronique d’une mort annoncée», «L’automne du patriarche» et « L’amour aux temps du Choléra ». Ce qui a fait réagir des hommes de culture étrangers présents dans la salle, dont une espagnophone et un écrivain égyptien froissé spar les déclarations de Rachid Boudjedra au sujet du roman égyptien. L’auteur égyptien, invité du FELIV, a répliqué à son tour quand Rachid Boudjedra a déclaré qu’il n’existe pas de littérature égyptienne. Pour Rachid Boudjedra, les écrivains égyptiens sont plutôt spécialisés dans la narration et non pas dans la littérature au sens noble du terme. Une déclaration qui a suscité le courroux d’autres présents. Toutefois, Rachid Boudjedra, qui est l’un meilleurs écrivains algériens, toutes générations confondues, a avoué qu’en terminant la lecture du roman de Gabriel Garcia Marquez, « Cent ans de solitude », sa réaction fût qu’il exprima le vœu de pouvoir un jour parvenir à rédiger une œuvre comme celle-ci. Rachid Boudjedra a -t-il réalisé son rêve avec « Les mille et une années de nostalgie » ? Il faut rappeler que quand le roman de Boudjedra,

«Les mille et une années de nostalgie » est paru en Algérie, plusieurs auteurs locaux avaient tiré à boulets rouges sur Boudjedra, accusé d’avoir rien moins que plagié Gabriel Garcia Marquez. La conférence de jeudi dernier a été l’occasion pour l’auteur du roman «Printemps » qui vient de paraître, de rebondir sur cet épisode qui semble l’avoir négativement marqué à ce jour. Rachid Boudjedra s’est demandé pourquoi, quand le même roman avait été publié pour la première fois à Paris en 1979, les critiques français n’avaient aucunement fait le lien avec le chef-d’œuvre de Gabriel Garcia Marquez ? L’auteur algérien de près de quarante romans écrits en langue française ou arabe a ajouté que la réaction de certains critiques algériens est motivée par le complexe du colonisé qui prédomine dans les pays du tiers-monde. Rachid Boudjedra, revenant à Gabriel Garcia Marquez, a affirmé qu’il a côtoyé le romancier colombien au début des années soixante.
Il a rappelé que Gabriel Garcia Marquez était un communiste progressiste ayant marqué le vingtième siècle. Mais Rachid Boudjedra dénie à Gabriel Garcia Marquez la paternité du roman du réalisme magique en citant l’allemand Gunter Grass, également Prix Nobel, qui serait, selon Boudjedra, précurseur en ce genre bien avant l’auteur Colombien. Rachid Boudjedra a évoqué le roman «Les années du chien» de Gunter Grass, écrit dans la veine du réalisme magique et paru bien avant « Cent ans de solitude» de Gabriel Garcia Marquez. Amine Zaoui a été plus modéré en évoquant Gabriel Garcia Marquez. Même s’il a insisté sur un point : rendre hommage à un écrivain ne veut pas dire se limiter à lancer des louanges et ne pas donner son avis en toute objectivité. Amine Zaoui a essayé d’expliquer et de comprendre le grand intérêt que porte le lecteur algérien en particulier et maghrébin en général aux romans de Gabriel Garcia Marquez. Pour Amine Zaoui, le côté conteur de ce dernier y est pour beaucoup. « Il ne faut pas oublier que dans Cent ans de solitude, il y a la grande mère qui raconte des histoires ». Le maghrébin est nourri, dès l’enfance, par la culture de l’écoute et du conte qu’on retrouve largement dans l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez. Amine Zaoui a reconnu que ce dernier est le plus grand auteur espagnophone du vingtième siècle voire de tous les temps avec Cervantès bien sûr. Amine Zaoui a cité les thèmes saillants et récurrents dans les romans du Prix Nobel de littérature 1982 comme la solitude, la mort, l’amour, le pouvoir, la femme, la violence et le despotisme. Amine Zaoui a déploré le fait que les trois traductions en langue arabe de « Cent ans de solitude » soient de piètre qualité et loin de réfléter le vrai Gabriel Garcia Marquez. Amine Zaoui fait ce constat après avoir lu le texte en langue espagnole, dit-il.
Aomar Mohellebi

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