Vraie ou fausse mouvance de redressement au sein du Parti des travailleurs ? Ce qui est à retenir, au demeurant, du développement de l’affaire «Labatcha», c’est que la patronne du PT veut passer illico à l’offensive pour, semble-t-il, étouffer dans l’œuf toute contestation interne susceptible de porter atteinte à la stabilité de son parti.
En effet, elle a déclaré, hier, à l’issue des travaux de la rencontre ordinaire du Comité central de son organisation, que le dossier du mis en cause, Salim Labatcha, est clos définitivement, avant de préciser avoir identifié ceux qui auraient fomenté ce qu’elle considère d’une «conspiration». Outre le contexte politique et socio-économique abordé dans le sillage de l’actualité nationale lors de cette rencontre qui a regroupé, deux jours durant, les membres de la haute instance du PT, il était question de se pencher sur le cas de Salim Labatcha, cadre et député de ce parti. Pour rappel, ce dernier a réprimandé l’adhésion agissante de Hanoune à la démarche du groupe des personnalités, communément appelé «19-4». D’ailleurs l’affaire a été portée sur la scène publique, depuis que certains organes de presse se sont saisis de l’occasion pour offrir la tribune médiatique au cadre dissident. Ce dernier a mis au grand jour ses intentions et son rejet des choix politiques adoptés par sa responsable hiérarchique au sein du parti, à tel point qu’il est accusé d’œuvrer pour le lancement d’un mouvement de redressement. En le qualifiant de «mercenaire» au service des détracteurs de son parti, Hanoune a révélé que son ex-cadre, puisqu’il serait déclaré quelques instants après exclu de ses rangs, été présent à la réunion du Comité central lorsque la décision de signer la lettre du groupe des personnalités qui se sont adressés au chef de l’état a été prise. Selon elle, le cadre récalcitrant n’a formulé aucune opposition sur la question. Ainsi, la décision d’évincer Labatcha des structures du PT décidé par le Comité central dans une résolution lue devant les journalistes, a été justifiée par la violation des statuts et du règlement intérieur du parti, par le mis en cause. Pis, elle a chargé davantage son désormais adversaire d’être un corrompu. Et pour cause, elle renvoit aux déclarations de Lakhdar Benkhellaf, député du parti islamiste El-Islah, qui en apporte de l’eau à son moulin, semble-t-il. Celui-ci aurait dit que Labatcha a été soudoyé par ses «parrains» en le dotant d’un bureau à l’Assemblée nationale en plus de lui avoir offert un véhicule de service appartenant à la même institution. Selon Hanoune, derrière ces pratiques anticonstitutionnelles il se cache une démarche qui consiste à créer un front virtuel pour alanguir sa formation politique en raison de sa position «anticonformiste», a-t-elle laissé entendre. Elle a accusé sans le citer Baha Eddine Tliba, député FLN et vice-président à l’APN et un autre cadre du même parti, d’avoir mis en œuvre cette opération consistant à «miner» les rangs du PT. Elle parle même de trois autres hauts cadres de l’ex-parti unique, dont elle a préféré taire les noms, qui sont selon elle à l’origine de la même opération. Il n’y a pas que ces derniers, puisqu’elle a désigné aussi un ministre d’obédience RND (Adebessalem Bouchouareb, ndlr) qui figure dans le lot. Après avoir rappelé les griefs retenus contre lui dans la résolution finale du Comité central du PT traitant de son cas, Labatcha a été déclaré exclu de ses rangs en présence d’un huissier de justice qui a attesté la décision, a-t-on appris. Afin d’épargner à son parti toute autre entreprise de dissidence qui risquerait de lui faire subir une traversée de désert, Hanoune a menacé de mettre à la porte tout cadre qui n’a pas justifié son absence aux rendez-vous du PT, pendant une période de trois mois. Le cas échéant, «le cadre récalcitrant sera réduit à son statut de simple militant, voire même de celui de sympathisant», a-t-elle tranché en s’adressant aux membres de cette instance. La responsable politique trotskiste croit que ces attaques en question ne sont que le prix d’une position qui ne s’accommode pas avec une politique, dont elle n’a cessé de dénoncer les visées à travers le projet de la LF-2016, la Constitution et bien d’autres questions qui ont accueilli les critiques du PT. Nos tentatives de prendre attache avec Labatcha, pour en connaitre sa version des faits, se sont avérées vaines. Selon des confères, le mis en cause demeure injoignable sur son téléphone depuis il y’a quelques jours déjà.
Farid Guellil