Accueil ACTUALITÉ POIDS DU CARTABLE SCOLAIRE : Quand le sujet devient « un souci » présidentiel

POIDS DU CARTABLE SCOLAIRE : Quand le sujet devient « un souci » présidentiel

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Lors du face-à-face, qu’il a organisé le 23 janvier dernier, avec des responsables de médias nationaux, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, évoquant la lourdeur du cartable des élèves, a déclaré «qu’il est illogique que les élèves supportent sur leurs dos un cartable qui pèse des kilogrammes, et qu’il faut impérativement y remédier. » Dans cette sentence lapidaire, peut–on admettre sans risque de nous tromper, qu’il est démentiel cet artifice dont se parent les réformes scolaires dans notre pays. D’un palier à un autre, l’élève est comme dans un nuage, il n’arrive pas à se situer dans la lourdeur de son cartable, où les cahiers mal quadrillés côtoient les manuels bourrés d’imprécisions. Le ministre de l’Éducation parle de cartable numérique au moment où l’informatique en enseignement n’est pas garantie à tous les échelons ni à toutes les régions. Et pourtant, cela fait des années que la lourdeur du cartable fait débat et soulève l’exaspération des parents. Mais rien de concret n’a été entrepris pour y remédier. Et dire que par le passé le ministère de l’Éducation nationale a promis une série de mesures, qu’il appelle organisationnelles et pédagogiques pour, semble-t-il, alléger la lourdeur du cartable. Mais ce n’était que de vains mots. Car dans cette série de mesures le ministère précise que l’allégement du cartable est une priorité qui concerne en premier lieu l’établissement scolaire. C’est-à-dire que l’enseignant doit apprendre à l’élève à ranger ses affaires, à s’asseoir correctement en classe afin d’éviter les incidences négatives sur sa santé, telles que les douleurs lombaires ou une déformation de la colonne vertébrale. Toutefois, la prise en charge du surpoids du cartable scolaire ne saurait être efficace sans la contribution et la mobilisation de toutes les parties concernées à travers des mesures adéquates aux plans pédagogique, organisationnel, financier et industriel. Pour preuve, une étude réalisée sur le terrain a révélé que le surpoids du cartable scolaire est dû aux nombreuses fournitures scolaires : le poids du livre scolaire et des cahiers de travaux pratiques et dans certains cas le poids du cartable vide, quelle trouvaille ! Comme solution, il est recommandé de ne pas exiger des élèves un cahier de travaux pratiques si un cahier illustré existe déjà.

Alléger d’abord les programmes
Cela dit, l’objectif escompté, selon le ministère de l’Éducation, est de réaliser un équilibre entre les matières enseignées et de garder un poids égal du cartable tout au long de la semaine. Les parents sont aussi appelés à choisir le cartable «idéal», que ce dernier doit être solide et rembourré afin de protéger le dos des élèves des frottements et que les dimensions du cartable doivent être conformes à la taille de l’élève, que les bretelles du cartable doivent être larges et réglables, que le cartable doit être sans roulettes car en dépit des avantages qu’il peut présenter, il constitue une charge pour l’enfant qui éprouve des difficultés à monter les escaliers ou le trottoir. Aussi les spécialistes ont recommandé aux parents d’accompagner leurs enfants lors du rangement du cartable et de contrôler son contenu avant chaque départ pour l’école. Parmi les mesures qui seront prises par le ministère à moyen terme, la dotation des salles de cours, dans le primaire, d’armoires et qu’il a été décidé d’équiper les classes de casiers individuels et ces casiers seront utilisés pour le rangement des livres et éviteront à l’élève un transport épuisant. Sur ce volet, la tutelle tente d’élaborer les livres en deux tomes tout en demandant aux éditeurs d’inscrire le poids du livre au verso et d’œuvrer à alléger le poids des feuilles sans altérer la qualité technique du support. Il s’agit également de fournir deux manuels scolaires à l’élève qui devra laisser un à l’école et garder l’autre à la maison.
La tutelle considère cette mesure, proposée par la commission des programmes, comme «un premier» investissement dont les bénéfices seront visibles dans quelques années. S’agissant du long terme, le ministère a promis aussi que la numérisation soit menée dans quelques écoles pilotes pour être généralisée et que d’autres supports sont actuellement à l’étude, tels que l’écran interactif, les CD-ROM. Cette expérience permettra de développer l’utilisation des TIC et que la tutelle compte mettre progressivement fin au système des deux vacations afin de consacrer une salle de cours pour chaque groupe pédagogique, un casier pour chaque élève et généraliser les cantines scolaires.
À y bien méditer, on peut dire alors que les stratèges fournissent des détails pompeux qui ne passionnent personne. Parce que la politique éducative ne relève nullement des établissements, des professeurs ou des parents, mais bien de la tutelle et de son staff. Sinon pourquoi évoquer l’usage des technologies de l’information et de la communication, sachant l’impossible faisabilité à court terme ? D’ailleurs, à ce niveau du débat, il n’y a ni argument, ni route pour le staff de l’Éducation. De la langue de bois, alors que la tutelle ne prévoit pas clairement l’allègement des programmes ? Comment, dès lors, qualifier cette série de mesures qui n’ont pas vu le jour jusqu’à maintenant ? En vérité, on veut alléger, sans alléger. Oui, la lourdeur du cartable est une réalité qui « répugne » le cursus scolaire de nos écoliers, alors que la légèreté des propositions ministérielles l’est davantage en termes d’efficacité.
Mâalem Abdelyakine

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