Le président du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, fait état de pas moins de 80 décès au milieu du personnel médical après avoir été touchés pendant leur exercice, par la pandémie du covid-19. Le nombre de contaminés chez les professionnels de la santé s’élève quant à lui à 3500 cas, à en croire les propos du Dr Merabet qui considère que le bilan réel est nettement au-dessus de celui communiqué par le ministère de la Santé. S’exprimant hier sur les ondes de la Radio nationale chaîne III, Merabet a relevé que la situation sanitaire actuelle marqué par la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus a dévoilé la véritable spécificité du système de santé qui est « complétement dépassé dans son organisation». Devant cet état de fait, l’invité de la Radio a estimé qu’il faudrait s’atteler « à travailler sérieusement » sur ce problème, d’autant, a-t-il dit, « qu’on a perdu assez de temps ». Pour le même intervenant lorsque des malades se retrouvent à l’hôpital, un « aboutissement d’un parcours de santé » parce que « nous avons échoué, en amont, au niveau préventif », à éviter qu’il y ait trop de personnes à recevoir dans les structures de soins. Pour améliorer le système de santé, Merabet a insisté sur la nécessité d’institutionnaliser un système de formation continue des praticiens, mais aussi, celle des gestionnaires d’établissements hospitaliers, d’asseoir les jalons d’une recherche scientifique médicale, « qui n’a jamais existé » , mais surtout, souligne-t-il, de s’émanciper de « cette dépendance quasi totale », vis-à-vis de l’étranger, en matière de médicaments, de vaccins et d’équipements. « Au niveau industriel, nous sommes très en retard par rapport aux besoins qui sont entrain d’avancer de manière rapide » a-t-il souligné dans ce même cadre d’idées.
D’autre part, Merabet a estimé que pour protéger les professionnels de santé il faut améliorer leurs conditions de travail, fournir les moyens permettant d’exercer dans de bonnes conditions, organiser l’offre de soins, et la répartir entre le public et le privé. Il faudrait également, poursuit le président du SNPSP, repensé à l’architecture des structures de santé, offrir en premier lieu l’espace adéquat aux malades et à leurs accompagnateurs et enfin former un personnel au niveau de l’accueil.
Ania Nait Chalal
INCRIMINATION DE LA VIOLENCE CONTRE LE PERSONNEL MÉDICAL
« Une revendication enfin satisfaite »
Appelé, hier sur la chaîne 3 de la Radio nationale, à s’exprimer sur la décision du gouvernement d’incriminer les actes de violence et d’agressions contre le personnel soignant, Lyes Merabet, a d’abord salué cette mesure en rappelant que le SNPSP avait commencé à poser ce problème en 2012 déjà. « C’est un point qui faisait partie de notre plateforme de revendications après avoir vu que ce phénomène s’était installé dans l’espace sanitaire », a-t-il précisé. Le syndicat des praticiens de la santé publique avait même proposé des solutions à ces agressions qui touchent l’ensemble des travailleurs de la santé. Soulignant, dans ce contexte, que la violence n’est pas uniquement au niveau des hôpitaux, mais elle est aussi dans la rue, dans les stades, à l’école et à l’université, Merabet a considéré que la solution doit être prise en charge en s’intéressant de plus près aux conditions d’accueil des malades, mais également aux relations devant s’établir entre les secteurs public et privé pour faciliter l’accès aux soins et alléger la pression au niveau des structures publiques de santé. « Cela ne peut pas se faire sans un travail que doit accompagner la sécurité sociale pour offrir un parcours de soins aux assurés sociaux et aux ayants droit », a-t-il conclu.
A. N. C.
