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Ouzbékistan : le président Karimov est décédé

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L’homme fort du pays avait été victime d’une hémorragie cérébrale le week-end dernier. Les funérailles auront lieu samedi à Samarcande.

L’incertitude demeurait sur l’état d’Islom Karimov, l’homme qui dirigeait l’Ouzbékistan d’une main de fer depuis plus d’un quart de siècle. Selon le gouvernement ouzbek, il était « dans un état critique » après avoir été victime d’une hémorragie cérébrale. La Turquie, proche alliée de l’Ouzbékistan, affirmait quant à elle, par la voix de son Premier ministre Binali Yildirim, qu’Islom Karimov était décédé, sans plus de précisions. Voilà qui est donc officiel. Ce vendredi, dans la soirée (heure locale), l’annonce de la mort d’Islom Karimov a été officialisée à la télévision publique ouzbèke. « Chers compatriotes, c’est avec un immense chagrin dans nos cœurs que nous vous annonçons la mort de notre cher président », a déclaré le présentateur. « Islom Abdouganievitch [Karimov] est décédé le 2 septembre 2016 [vendredi] à Tachkent des suites d’une hémorragie cérébrale », a-t-il ajouté. « Il nous a quittés… Je cherche les mots, je ne peux pas y croire », a pour sa part écrit sur Instagram sa fille cadette Lola Karimova-Tilliaïeva.
Islom Karimov, 78 ans, sera enterré samedi dans sa ville natale de Samarcande, dans le sud-est de l’Ouzbékistan, selon la télévision publique.
Le Premier ministre Chavkat Mirzioïev dirige la commission chargée d’organiser les funérailles, une indication sur le rôle important qu’il pourrait jouer dans l’Ouzbékistan d’après Karimov.

Le flou pendant plusieurs jours
« Chers compatriotes, c’est le cœur lourd que nous vous informons que l’état de santé de notre président s’est nettement dégradé et que, selon les médecins, il se trouve dans un état critique », avaient annoncé vendredi matin les autorités ouzbèkes.
L’annonce, en deux courts paragraphes, avait été publiée en une des journaux officiels et lue par le présentateur de la télévision publique.
Le gouvernement avait annoncé dès le week-end l’hospitalisation du président, sa fille cadette, Lola Karimova Tilliaïeva, précisant que son père avait été victime d’une hémorragie cérébrale.
Le site d’opposition Fergana.ru avait évoqué jeudi soir d’intenses préparatifs à Samarcande, la ville natale du chef de l’État, pour un enterrement. Un porte-parole de l’agence de sécurité aérienne d’Ouzbékistan avait confirmé à l’agence russe Ria Novosti que l’aéroport de Samarcande serait fermé samedi. Le président du Tadjikistan, Emomalii Rahmon, est attendu en Ouzbékistan samedi, selon des sources diplomatiques interrogées par l’Agence France-Presse. Des médias du Kazakhstan voisin avaient également annoncé la présence du Premier ministre Karim Maximov. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, avait cependant déclaré que Moscou n’avait « reçu aucune information » concernant l’état de santé de M. Karimov.

Sans dauphin désigné
Né le 30 janvier 1938, le président ouzbek avait grandi dans un orphelinat avant de gravir tous les échelons de l’appareil du Parti communiste à l’époque de l’URSS jusqu’à prendre la tête de la République soviétique d’Ouzbékistan. À l’indépendance, en 1991, il s’est maintenu au pouvoir et s’est employé aussitôt à éliminer tous ses opposants. De nombreuses ONG ont accusé M. Karimov, réélu en 2015, d’avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d’opposants et soutenu le recours à la torture dans les prisons.
Malgré des rumeurs persistantes sur la fragilité de son état de santé, Islom Karimov n’avait désigné de son vivant aucun successeur dans ce pays qui est l’un des principaux exportateurs mondiaux de coton et frontalier de l’Afghanistan. Un temps favorite, sa fille aînée Goulnara est tombée en disgrâce après avoir comparé son père à Staline. Elle est désormais assignée à résidence.
Sa disparition risque donc d’ouvrir une lutte pour le pouvoir, selon les experts. « Même si un plan de succession existe, les prétendants vont-ils le suivre ?
Vu que cette situation est sans précédent pour l’Ouzbékistan en 25 ans après l’indépendance, personne ne sait si les gens suivront les règles une fois l’arbitre parti », s’était inquiété Scott Radnitz, spécialiste du pays auprès de l’université de Washington. Selon la Constitution, c’est le président du Sénat qui doit prendre l’intérim du pouvoir en cas d’impossibilité du président à gouverner, mais les experts le considèrent comme un simple exécutant.

Au ban de la communauté internationale
Les prétendants les plus crédibles à la succession d’Islom Karimov sont son Premier ministre Chavkat Mirzioïev et le vice-Premier ministre Roustam Azimov, qui sont considérés comme rivaux.
Autre prétendant, le puissant chef de la sécurité Roustam Inoyatov, 72 ans, considéré comme l’un des responsables de la mort de 300 à 500 manifestants lors d’une manifestation à Andijan (Est) en 2005 réprimée par les forces de l’ordre.
Ce bain de sang avait provoqué la mise au ban d’Islom Karimov par la communauté internationale.
À l’instar des autocrates kazakh Noursoultan Nazarbaïev et tadjik Emomalii Rahmon, le président ouzbek s’est inquiété de la montée de l’islam radical dans son pays, terre d’origine du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) lié à Al-Qaïda et actif au début des années 2000.
Aujourd’hui, c’est l’éventuel retour de combattants de Syrie et d’Irak qui inquiète les autorités. Plus de 500 Ouzbeks sont partis combattre dans les rangs djihadistes, selon les services de sécurité russes.

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