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Oscars 2017 : Ce qu’il faut retenir des nominations

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14 nominations. Un record, atteint seulement deux fois auparavant dans l’histoire du cinéma : en 1950 par Eve de Joseph Mankiewicz et en 1997 par Titanic de James Cameron.

Le premier repartit un mois après avec 6 statuettes, le second, avec 11 – égalant un autre record, celui du film le plus oscarisé détenu jusque là par Ben-Hur. Le film de Damien Chazelle a tout le potentiel pour rejoindre ce panthéon. Rappelons-nous qu’aux Golden Globes, La La Land a réalisé un sans faute avec 7 prix sur 7 nominations. Il distance finalement d’assez loin son concurrent direct, Moonlight, le film de Barry Jenkins adoré outre-Atlantique, qui récolte, lui, 8 nominations.

OscarsSoBlack ?
La polémique est-elle enterrée ? Après le scandale des OscarsSoWhite, l’Académie semble avoir retenu sa leçon. Six actrices et acteurs noirs sont nommés cette année (Ruth Negga, Viola Davis, Naomi Harris, Octavia Spencer, Denzel Washington, Mahershala Ali), ainsi qu’un réalisateur (Barry Jenkins, l’auteur de Moonlight) – seulement le 4e cinéaste noir de l’histoire nommé aux Oscars. Par ailleurs, trois des candidats à l’Oscar du meilleur film sont centrés sur des Noirs et abordent de front la question raciale : Fences (un drame familial dans une famille working class noire des années 1950), Moonlight (l’odyssée d’un jeune Noir gay) et Les Figures de l’ombre (l’histoire vraie de trois femmes noires surdouées de la Nasa à la fin des années 1960). Sans oublier l’incroyable documentaire de la réalisatrice militante de Selma, Ava DuVernay, The 13th, d’une violence inouïe, qui montre comment les Blancs ont criminalisé les populations noires.
Message reçu.

Le retour en grâce de Mel Gibson
En offrant 6 nominations à Tu ne tueras point, dont meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur, Hollywood accorde expressément son pardon à Mel Gibson. L’enfant terrible australien, qui dominait les Oscars il y a 21 ans avec Braveheart avant de flinguer sa carrière à coup d’abus d’alcool et de commentaires antisémites et misogynes, s’est enfin racheté aux yeux du cinéma américain.

L’absence (hallucinante) de Martin Scorsese
Une seule nomination. C’est tout ce que l’Académie daigne accorder à Silence, pur chef d’œuvre sur la foi et le mystère de Dieu (si vous ne croyez que ce que vous voyez, rendez-vous en salles le 8 février) dont les Américains se cognent royalement. Quitte à parler des fous de Dieu, l’Académie a préféré le film de Gibson justement, qui partage plus que le thème religieux : Andrew Garfield est la star des deux films – et les illumine tous les deux -, mais c’est pour sa prestation dans Tu ne tueras point que l’acteur est nommé. Mais nous sommes sans doute les seuls étonnés. Il faut se rappeler que malgré son succès et sa renommée mondiale, Marty n’a remporté qu’une fois l’Oscar, pour Les Infiltrés – Casino, en son temps, n’avait récolté qu’une seule nomination… Contrairement à la rédaction de Première, les Américains sont restés insensibles à la grâce mystérieuse de Silence, qui s’est planté au box-office, et la stratégie de le sortir pour les Oscars s’est révélée contre-productive. Comme pour le Live by Night de Ben Affleck d’ailleurs, autre four outre-Atlantique et autre oublié de ces nominations.

L’émergence d’une nouvelle génération
L’absence de Marty et d’un autre vétéran, Clint Eastwood (dont le Sully est royalement ignoré), laisse de la place aux jeunes cinéastes. Si Mel Gibson, 61 ans, Kenneth Lonergan, 54 ans, et Denis Villeneuve, 49 ans, ne sont pas franchement des débutants, ils ne font pas partie des usual suspects de l’Académie. Surtout, les deux cinéastes restants dans la catégorie meilleur réalisateur ont moins de 40 ans et portent les promesses d’une nouvelle génération : Barry Jenkins, 37 ans et Damien Chazelle, 32 ans.

La revanche des super-héros n’aura pas lieu
Il y a 8 ans, l’Académie augmentait le nombre de candidats à l’Oscar du meilleur film, en espérant laisser une place aux blockbusters plébiscités par le public, mais systématiquement snobés par les cérémonies à la suite de la polémique autour de l’absence du Dark Knight de Christopher Nolan aux Oscars. Avec ses deux nominations aux Golden Globes, beaucoup pensaient que Deadpool serait le premier à entrer dans cette prestigieuse catégorie. Mais non.
Après des mois de promotion intense autour de sa comédie d’action super-héroïque, Ryan Reynolds a finalement perdu son pari. Verdict : 0 nomination pour les aventures du mutant malpoli. Ironie du sort, ça fait une de moins que pour Suicide Squad, autre production super-héroïque pourtant peu appréciée par la critique cet été, qui est mentionnée pour son maquillage.
L’acteur est beau joueur. Plutôt que de tweeter l’une de ses vannes habituelles concernant son absence aux Oscars, il a félicité les heureux nommés. S’invitera-t-il sur scène pour fêter ça ?

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