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OFFICIALISATION DES RELATIONS ENTRE LE MAROC ET L’ENTITÉ SIONISTE : Les masques sont tombés !

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Par l’annonce du président des États-Unis sortant, Donald Trump, dans une série de tweets que le royaume chérifien allait « normaliser » ses relations avec l’entité sioniste, Washington annonce à vrai dire l’officialisation des relations israélo-marocaines, longtemps entretenues en secret, depuis le règne du roi Hassan II. Des relations que viendra ensuite consolider et conforter son héritier Mohamed VI, jusqu’à ce que la vérité éclate, dans un tweet du locataire de la Maison Blanche.

Pour les monarchies du Golfe, les Émirats arabes unis et le Bahreïn et pour le Soudan, l’annonce de la sortie de l’ombre de leurs relations longtemps entretenues secrètement avec l’entité sioniste, ne s’est pas faite par l’annonce de contrepartie, ce qui n’est fut pas le cas pour la monarchie marocaine. Dans son tweet, le président américain a choisi, non au hasard, faut-il le souligner, les jours de la double-célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme (10 décembre) et de l’adoption, le 14 décembre 1960, de la Résolution 1514 de l’ONU sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés, et leur droit à l’autodétermination.
La Résolution onusienne qui, faut-il le souligner, a été écrite par le sang des sacrifices consentis par des peuples en lutte pour leur indépendance, dont les luttes de libération en Afrique en Asie et en Amérique Latine et dont le contenu de la Résolution 1514 est cité dans le préambule de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, sur laquelle s’appuie tout système coloniale, dont israélien en Palestine et marocain au Sahara occidental.
L’annonce de l’établissement de relations officielles entre Israël et le Maroc devrait être suivie, selon l’accord évoqué dans le tweet de Trump, par la reconnaissance des États-Unis de la « marocanité » du Sahara occidental. Même si cette annonce n’est pas une surprise, voire un scoop politico-médiatique, pour les peuples de la région nord-africaine, du monde arabe, d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Asie et même d’Europe, qui ont de tout temps manifesté leur solidarité aux luttes des peuples palestinien et sahraoui, pour se libérer des jougs coloniaux, israélien en Palestine et marocain au Sahara occidental, le peuple marocain et ses forces vives viennent d’être poignardés dans le dos par ce qu’il espérait demeurer une ligne rouge impossible d’être franchie par le Palais et son Roi.

Rabat abandonne la cause palestinienne : une posture conforme à l’esprit expansionniste marocain
C’est sans surprise de voir deux systèmes coloniaux entretenir des relations longtemps tenues secrètes pour les annoncer en grande pompe, dans un premier temps, ces dernières semaines, par Tel-aviv, pour être affirmées, avant-hier, par le président américain et repris, peu de temps après dans un communiqué du Palais royal. Il faut rappeler que même si le Maroc a manœuvré et tenté souvent de cacher l’étroitesse de ses liens avec l’entité sionistes dans divers secteurs, dont sécuritaire, renseignements, formation des services de sécurité, des déclarations de haut responsables marocains, du roi Hassen II, jusqu’à l’actuel ministre des affaires étrangères du gouvernement du parti islamiste, PJD, ont précédé ce que Trump vient pour certains de révéler. Si en 1992 le Roi marocain Hassan II déclarait que « peu de pays pouvaient se vanter d’avoir comme le Maroc 750 000 fils comme ambassadeurs en Israël », des années après, le chef de la diplomatie du royaume chérifien, Nasser Bourita, soutient que « les Marocains ne devraient pas être plus Palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes ». Déclaration de Bourita non sans être en lien en prévision de l’annonce de la cordialité des liens entre le Maroc et Israël et en contre-partie, la reconnaissance par l’un des membres du Conseil de sécurité, les États-Unis, de la
« marocanité » du Sahara occidental. Après avoir compté, depuis 1975, sur le soutien de la France, dans sa colonisation du Sahara occidental, le lobby sioniste, fortement présent et actif aux États Unis principalement, à la Maison Blanche et au Congrès américain a fini, dans les dernières semaines de la présidence de Trump, à faire gagner à son partenaire marocain, depuis le règne de Hassan II, une annonce de l’acceptation par les États-Unis de la présence illégale du Maroc au Sahara occidental, mais qui ne va pas faire long feu, comme ce fut le cas de leur fort soutien ainsi que celui du Maroc, au système d’apartheid en Afrique du Sud, qui s’est ébranlé, par la simple volonté des Sud-africains et des soutiens des pays et des peuples à travers le monde, dont celui des palestiniens. La reconnaissance des monarchies arabes et certains États arabes, dont le Soudan, d’Israël, traduit le rôle qui leur est assigné depuis voilà des décennies, la servitude des intérêts de l’impérialisme mondial, lequel s’appuie sur le colonialisme et l’occupation israêlienne en Palestine et marocaine au Sahara occidental, et sur les forces rétrogrades dans le monde arabe, pour assouvir ses intérêts et ses besoins. Ces annonces et reconnaissance par les uns et les autres d’un même camp, suffiront-elles à mettre fin à des conflits opposant les colonisés aux colonisateurs, les Palestiniens contre le système colonial israélien et les Sahraouis contre l’occupation marocaine au Sahara occidental ? La grande Histoire a et continue de donner raison aux peuples en lutte pour leur indépendance et à leurs soutiens, pays et peuples solidaires avec le combat des colonisés et non de la domination coloniale. De Washington à Tel Aviv, en passant par Abou-Dhabi et Paris, ou de Rabat à Khartoum, la démarche du fait accompli ou de la realpolitik sera confrontée aux résistances ici et là, jusqu’à mettre en échec ces plans, lesquels ont sous-estimés les contradictions minant le système colonial et aussi la dialectique de l’histoire va dans le sens de la volonté des peuples en lutte pour se libérer du colonialisme pour la dignité et la liberté, comme c’est le cas pour les peuples palestinien et sahraoui.
Karima Bennour

RéACTIONS
Soufiane  Djilali (Jil Djadid) : « une manœuvre extrêmement grave »
Réagissant à l’annonce de normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a qualifié la démarche de manœuvre « extrêmement grave », pour toute la région. « Le fait de faire basculer de cette façon une négociation entre, d’une part la reconnaissance de l’État Israël, et en contrepartie la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, pose de très graves problèmes. Non seulement sur la région, mais également nous questionne sur la manière dont le monde est aujourd’hui géré », s’est-il indigné. « Les relations internationales sont complètement soumises à la force et non plus au droit », analyse Djilali, concluant sa déclaration par s’étonner que « les grandes puissances donnent beaucoup de leçons sur les droits de l’homme, mais en réalité elles s’imposent par la force selon leurs intérêts ».

Abderrazak Makri (MSP) : « la normalisation ne date pas d’aujourd’hui »
Dans une publication sur facebook, le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP), Abderrezak Makri, a estimé que « la normalisation entre le régime marocain et l’entité sioniste ne datait pas d’aujourd’hui ». Et pour cause, « toute personne engagée dans la cause palestinienne connait les vieilles voies, cachées et manifestées, de la normalisation entre le Maroc et Israël ». Saluant par ailleurs « les efforts fournis par le peuple marocain pour rejeter la normalisation à travers ses manifestations » le chef du parti islamiste reste convaincu que « quelles que soient les percées au niveau des régimes arabes qui ont hérité l’honneur de la cause palestinienne et des luttes des mouvements nationaux, et les ont abandonnées, les peuples resteront inébranlables jusqu’à ce que le tempête passe ». Le président du MSP a également souligné que « la lutte continue », rajoutant qu’ « en Algérie il est temps de préserver la cohésion nationale pour éviter toute convoitise ».

Ahmed Adimi (TEH) : « Les relations Maroc-Israël datent du règne de Mohamed V »
Pour Ahmed Adimi, membre du comité central de Talaie EL Hourriyet, les relations entre le Maroc et Israël ne datent pas d’aujourd’hui et elles remontent aux années 1950, lors du règne de Mohamed V.
« La normalisation des relations entre l’entité sioniste et le Maroc remonte à un demi-siècle, cette démarche est une politique du Makhzen pour obtenir le soutien des États-Unis concernant la question du Sahara occidental », estime-t-il. Le professeur des sciences politiques ajoute que « le président américain sortant a, juste après, reconnu la marocanité du Sahara occidental en violation avec les textes de la Charte de l’ONU et de l’UA, sur une question de décolonisation inscrite depuis 1966 sur l’agenda onusien, consacrant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ». Toutefois, conclut Adimi, la décision de Trump ne changera en rien les faits et que le peuple sahraoui pourra obtenir son indépendance « grâce à sa résistance »

Abdelkader Bengrina (El-Binaa) : « Nous condamnons tout le processus » dit « deal du siècle »
Le président du parti El-Binaa, Abdelkader Bengrina, a affirmé hier que la déclaration de Trump n’a aucune crédibilité. « Sa reconnaissance de la marocanisation du Sahara occidental est synonyme de refus de reconnaitre sa défaite aux élections présidentielles face à Biden », a estimé l’ex-candidat à la présidentielle de 2019. Dans un communiqué de presse, Bengrina a condamné tout le processus dit de « l’accord du siècle », regrettant la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, précisant que le peuple marocain est innocent de ce complot qui sape le droit palestinien et sahraoui à l’indépendance.

Fathi Ghares (MDS) : un deal entre « la colonisation et les sultanats féodaux »
De son coté, Fathi Ghares, coordinateur national du MDS, a réagi à la normalisation du Maroc avec Israël, indiquant que « l’État colonial Israélien compte redessiner la carte géopolitique de la région à travers l’union des pays arabes « les Émirats arabes » et El Makhzen sous le titre de la normalisation stratégique, et entre la colonisation et les sultanats féodaux ».

Mahrez Lamari (CNASPS) : « Israël vise la déstabilisation de l’Algérie … »
L’ancien président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), et militant des droits de l’Homme, Mahrez Lamari, a dénoncé cet Israël qui vise la déstabilisation et la paix de l’Algérie et de la région. Indiquant que Trump et la monarchie marocaine ont choisi le 10 décembre au moment où les peuples commémorent l’anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme. « La façon dont Trump et la monarchie marocaine commémorent la déclaration des droits de l’homme, c’est contredire les valeurs élémentaires des droits de l’homme, le droit à la vie, à l’indépendance, à la décolonisation, à la liberté et à la citoyenneté», a-t-il souligné. « Nous constatons que Trump, en fin de mission et de parcours, a saisi l’occasion pour marchander avec la monarchie marocaine et le roi du Maroc. Un marché qui consiste en une entité sioniste qui occupe la Palestine, en contrepartie de la reconnaissance du colonialisme et de l’occupation du Maroc des territoires sahraouis », a-t-il ajouté, soulignant, enfin, que le président américain « encourage l’entêtement du Maroc, et cherche à faire dévier le processus de règlement du Sahara occidental ».
Sarah Oubraham

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