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OBLIGATION DU PORT DE MASQUE DE PROTECTION : Une décision sans mode opératoire

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Au-delà de la motion de l’obligation «  apposée » par les autorités du pays sur le port de masque de protection pour éviter la propagation du virus corona, et la mobilisation de tout le potentiel national de production de textile, en autorisant l’ouverture de commerces de gros et de détail de tissus, de mercerie et de bonneterie et d’ateliers de confection afin d’encourager la production des masques grand public, le Gouvernement n’a soufflé mot, du moins pour l’heure, sur le plafonnement de la vente des bavettes pour le grand public, ni sur la sanction encourue par les citoyens en cas d’infraction à l’obligation du port du masque.

Pourtant fixer le prix de vente à l’unité de bavette- qui n’est pas de moindre importance que le confinement- de l’avis même du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus, constitue le seul rempart contre la spéculation et les spéculateurs qui, eux, sautent sur toute occasion de nature à arrondir leurs bénéfices, même en période pandémique, comme celle que nous vivons, aujourd’hui depuis plus de deux mois.
Le spéculateur est plutôt dans une autre dynamique que celle du simple citoyen. La conscience importe peu face au gain d’argent. Tel est le raisonnement des commerçants verreux. D’où l’importance du plafonnement des prix de vente des masques de protection pour éviter une éventuelle flambée des prix et dont les retombées vont se faire ressentir chez l’acheteur et peut-être même le dissuader, sous prétexte que les prix sont inaccessibles pour le citoyen lambda.
C’est dire toute l’importance de la fixation des prix de vente des masques de protection sur la réussite de la démarche gouvernementale visant à sécuriser le pays d’éventuelle hausse de contamination au Convid-19, et remettre, par-là, la pression sur les établissements sanitaires qui, à présent, arrivent à respirer après d’énormes sacrifices.
Même si, faut-il le souligner, le professeur Ryad Mehyaoui, a laissé entendre hier lors de son passage sur les ondes de chaîne 3, que «son prix sera plafonné à 40 DA», aucune limitation des prix n’a été, officiellement, rendue publique par les autorités du pays, alors qu’elle devait accompagner l’annonce de l’obligation de la bavette pour l’ensemble de la population sur les quatre coins du pays.

La bavette trois plis cédée à 80 DA
D’ailleurs rien qu’avant hier lors d’une virée à quelques officines de la capitale, les prix varient, selon soi-disant, la qualité du produit, mais aussi selon le bon gré du vendeur. Une bavette trois plis, nouvel arrivage, a été cédée à 80 DA à l’unité d’où l’urgence de passer au plafonnement de ce produit salvateur dans la lutte contre la pandémie pour homologuer les prix de vente.
Autre couac à relever sur la décision du Gouvernement : « Le défaut du port du masque sera sanctionné », peut-on lire dans le communiqué du gouvernement Abdelaziz Djerad. Là aussi l’Exécutif n’a pas apporté des éclaircissements sur la nature des sanctions qu’il convient d’infliger à toutes personnes ayant transgressé cette nouvelle mesure en vogue dans d’autres cieux depuis plusieurs semaines. Cette règle a énormément contribué à stopper l’avancée du virus mortel dans de nombreux pays et adoptée auprès d’une distanciation sociale rigoureuse, signes avant-coureur pour une éventuelle levée du confinement dans ces pays. Le contrevenant est en droit de savoir qu’elle sanction il encourt, si jamais il enfreigne cette loi et à combien s’élève la « sentence » s’il s’agissait d’une amende à payer. Il est aussi à se demander si les autorités du pays sont en mesure d’assurer la disponibilité du produit sur le marché. Car la pénurie en plus de pénaliser la réussite de la décision, elle-même, laisse aussi le champ libre à la spéculation et le citoyen sera pris ainsi entre le marteau de la sanction et l’enclume de la pénurie. Et la lutte contre la pandémie en prendra également un sacré coup car il s’agit d’un enchaînement de mesures où chaque maillon manquant à l’appel fait écrouler la chaîne tel un château de sable.

Une résultante d’enquêtes épidémiologiques
Le Gouvernement a pris de nouvelles mesures préventives à l’occasion de la fin du mois sacré de Ramadhan et de la fête de l’Aïd El Fitr, dont la suspension de toute circulation de véhicules entre les wilayas et à l’intérieur de celle-ci. Les motocycles sont également frappés de la même interdiction, en plus du port du masque de protection rendu ainsi obligatoire, en toutes circonstances, et en particulier dans les espaces publics fermés ou ouverts, tels que les marchés, les souks et les cimetières. Cette batterie de mesures a été prise sur la base des enquêtes épidémiologiques réalisées par les services spécialisés du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Il est clairement relevé lors de ces enquêtes que la majorité des cas de contamination a été enregistrée à l’occasion d’événements familiaux et de regroupements de personnes. D’où ces restrictions sanitaires sur les deux jours de cette fête religieuse chère à la communauté musulmane à travers le monde. À cette occasion, le gouvernement a rappelé « la nécessité d’observer les mesures de prévention et les règles d’hygiène et de distanciation sociale ainsi que l’obligation de porter un masque de protection, en toutes circonstances et en particulier dans les espaces publics fermés ou ouverts, tels que les marchés, les souks et les cimetières. Le défaut de port du masque sera sanctionné ».
Brahim Oubellil

Une obligatoire stricte dans les lieux publics

En attendant de connaitre la nature des sanctions à infliger aux contrevenants qui ne portent pas de masques sur les lieux publics durant les deux jours de l’Aïd El-Fitr, le gouvernement insiste sur une « obligation stricte » à respecter par les citoyens. Quand il s’agit, en effet, d’une menace sur la santé publique de la taille d’une pandémie, toute mesure, restrictive soit-elle des libertés collectives, est la bienvenue, tant elle vise à juguler la propagation du Coronavirus. Ainsi, durant cette fête musulmane, que l’on sait encourager les regroupements familiaux, les déplacements de personnes et les visites des proches, le dernier Conseil du gouvernement a décidé de rendre le port du masque obligatoire, mais applicable seulement dans les lieux publics, sinon les places qui connaissent une concentration de personnes. « Le port du masque est une obligation stricte, et enfreindre cette obligation impérative exposerait les contrevenants à des sanctions légales », explique le communiqué du Premier ministère, précisant par ailleurs que « l’entrée dans les espaces et autres lieux publics tels que les marchés couverts, les souks, les cimetières, les parkings et les magasins, etc… est formellement interdite sans port de masque et respect de la distanciation physique ».
Pour permettre qu’une telle mesure soit appliquée sur toute la population du pays, le gouvernement s’attelle à mettre à la disposition des citoyens les masques en guise d’accompagnement matériel de cette opération « à grande échelle ». Pour ce faire, des bavettes devraient être distribuées aux citoyens à travers « des structures, comités et associations de la société civile. » Enfin, dans un appel de sensibilisation, le gouvernement dira « compter beaucoup sur la vigilance, la conscience et la solidarité de la population en cette phase de mobilisation citoyenne contre l’expansion du coronavirus ».
B. O.

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