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NOUVELLE CONSTITUTION, RÉVISION DU SYSTÈME DE GOUVERNANCE ET DIALOGUE POLITIQUE : Le projet ambitieux du Président

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Une révision profonde de la Constitution, une reconsidération du système de gouvernance, la refonte de loi organique relative au régime électoral et le recouvrement de la confiance entre les gouvernés et les gouvernants, le tout pour l’édification d’un vrai État de droit en diapason avec les aspirations du peuple, tels sont les chantiers « politiques » prioritaires du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, exprimés, une nouvelle fois, avant-hier, lors du premier Conseil des ministres tenu sous sa présidence.

Ce sont là, les orientations du Président concernant l’élaboration du Plan d’action du Gouvernement, qui a également fixé la feuille de route de chaque ministre.

Un rapprochement entre les gouvernés et les gouvernants
En bon stratège, semble-t-il, l’élu aux destinées du pays à l’issue de l’élection présidentielle du 12 décembre, est conscient du chemin pas du tout facile, parsemé d’obstacles, de perte de confiance générée par la gestion chaotique des affaires du pays des années durant, ayant engendré des laissés-pour-compte sur tous les plans, en dépit d’une embellie financière jamais égalée, mais «spoliée » par d’ex-cadres de l’État et une secte d’oligarques. Le mal est profond. Et le nouveau locataire d’El Mouradia semble avoir saisi la profondeur du fossé qui sépare le citoyen de ses dirigeants. Mais il faut être frappé de cécité pour ne pas, justement, s’en rendre compte. Et le pouvoir semble retrouver la vue, dont le mérite revient au mouvement populaire qui garde un œil vigilant sur tout ce qui est désormais, entrepris par les puissants du moment. Maintenant il faut joindre l’acte à la parole, car le reste n’est qu’une panoplie de textes, qui noircissent dans les tiroirs, comme on a l’habitude de voir. C’est dans ce sens que viennent vraisemblablement les instructions et autres orientations du Président aux membres du Gouvernement, sommés d’être à « l’écoute des préoccupations et besoins des citoyens en adoptant le dialogue et la concertation et de veiller scrupuleusement à demeurer au service de l’État et du peuple ». À ce propos, le président Tebboune, a insisté sur l’importance de conjuguer les efforts pour l’édification d’une  Algérie à laquelle « aspirent les citoyens et citoyennes ». Et montre même la voie que doivent emprunter ses ministres en charge de l’exécution de son programme cerné en 54 engagements pris lors de la campagne électorale.

Un Etat de droit passe par une nouvelle Constitution
Pour ce faire, le successeur de Bouteflika préconise la reconsidération du système de gouvernance à travers un profond amendement de la Constitution, considérée comme la « pierre angulaire » de l’édification de la nouvelle République, ainsi que de certains textes de loi importants, à l’instar de la loi organique relative au régime électoral. À cela s’ajoutent la moralisation de la vie politique, à travers la mise à l’abri de la politique des caprices de l’argent, la lutte contre la médiocrité dans la gestion, garantir l’indépendance de la justice et la promotion de la véritable démocratie participative, favorisant l’épanouissement social et politique de tous.
C’est peut-être trop beau pour y croire, car ça donne l’air d’un déjà entendu, mais il faut laisser le temps au temps. Et entre ces deux temps, le mouvement citoyen assure la haute surveillance et suit de près l’évolution des choses.
Lors de son discours d’investiture, Tebboune, a tendu la main au mouvement populaire en marche depuis dix (10) mois maintenant. Ce dernier réclame la départ de tout le système, symboles et figures avec. Mais la tenue « réussie » de la récente présidentielle est désormais un fait avec lequel il faut composer.

L’offre de dialogue: Le «oui…mais» de partis politiques
L’offre du dialogue inclusif du Président n’a pas été ponctuée, du moins pour le moment, par des invitations formelles auprès des partis politiques, de la société civile et du mouvement citoyen, pour débattre ensemble d’une feuille de route consensuelle à même de sortir le pays de la crise dont il est plongé depuis des années. Et surtout, amorcer un projet constitutionnel, unificateur et rassembleur en mesure d’assurer une rupture radicale avec la gestion antérieure édifiée sur la base d’une politique héritée de l’époque coloniale « diviser pour régner » pour détourner l’opinion des vraies questions engageant l’avenir du pays et le partage des richesses.
Mais l’invitation de Tebboune n’est pas pour autant tombée dans l’oreille d’un sourd. Des partis politiques, pleinement investis dans le mouvement populaire, ont répondu, publiquement par le «oui…mais» à la main tendue du Président, à l’instar du président du parti « Jil El Jadid » de Sofiane Djilali, et de la présidente du parti de l’Union pour le Changement et le Progrès’ (UCP) de Mme Zoubida Assoul. Cette dernière s’est rétractée en dernière minute, assurant que ses propos tenus lors d’un entretien au journal arabophone El Khabar, ont été déformés, et qu’il n’a jamais été question d’un quitus accordé à la «main tendue» de Tebboune. Mme Assoul a tenu, d’ailleurs, à Rappeler que le «président de la république n’a pas encore appelé à un dialogue depuis sa prestation de serment ».
Du côté des islamistes, le MSP  s’est également déclaré favorable pour le dialogue « sérieux » avec le pouvoir. Pour les deux premiers partis cités, ils ont posé des conditions préalables avant d’aller au dialogue. Des conditions qui convergent avec celles réclamées par le Hirak avant toute éventuelle prise de langue avec le pouvoir de Tebboune, à commencer par la libération de tous les détenus d’opinions et politiques de l’après-22 février, consacrer la liberté de la presse, la liberté de se réunir et de manifester et le respect des libertés individuelles et collectives.
Dans le fond aucune des parties en conflit n’est, ouvertement, contre le dialogue comme seul moyen de résoudre les crises mêmes des plus compliquées, mais il y a une différence d’approche. Pour les acteurs du mouvement populaire, les partis politiques, notamment l’opposition, qui ont accompagné la protesta et la société civile qui n’est pas sous l’emprise du pouvoir, qui n’ont pas donné un chèque à blanc à l’offre de Tebboune, estiment, qu’il faut au préalable réunir les conditions idoines pour la tenue d’un tel rendez-vous crucial pour l’avenir du pays. L’élargissement des détenus libérés récemment en attendant la libération de tous les autres prisonniers peut constituer un pas vers l’amorce d’un dialogue avec les autorités. Un dialogue pour lequel toutes les forces du pays seront conviées, à en croire les déclarations du Président.

Le mouvement populaire et l’offre du Président
Le mouvement citoyen demeure sceptique et réticent sur le clin d’œil de Tebboune et refuse de se structurer de peur d’être «trahi» par les personnes mandatées pour les négociations, mais il est clair qu’il converge vers cette option, même du bout des lèvres. C’est dans ce même ordre d’idées, d’ailleurs, que le Collectif de la société civile, composé d’une quarantaine d’associations (Ligues des droits de l’Homme, SOS disparus, RAJ et certains syndicats autonomes) ont remis sur le tapis « la fameuse conférence nationale » pour une solution démocratique. En juin dernier ce Collectif a joué un grand rôle lors d’une conférence sanctionnée par l’élaboration d’une feuille de route, puis élargie, deux mois plus tard, à d’autres acteurs politiques, et dont la feuille de route converge largement avec d’autres initiatives comme celle du Pacte de l’Alternative démocratique (PAD) et celle du Forum des forces pour le changement dégagée en juillet dernier. Ce mouvement a été affaibli par la suite par plusieurs facteurs, dont l’arrestation des militants et hommes politiques, le dialogue de Karim Younès rallié par le Forum, et la dérobade notamment de Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, qui avaient alors décidé de prendre part au dernier scrutin présidentiel. Mais selon des indiscrétions, la tenue de cette conférence pourrait avoir lieu en février prochain, pour marquer le premier anniversaire du soulèvement populaire pacifique.
Brahim Oubellil

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