Le Maroc apporte chaque jour un peu plus de preuves que la normalisation de ses relations avec l’État hébreu, sont le résultat logique d’un processus de rapprochement engagé depuis des années. Certes, le soutien des États-Unis à sa politique expansionniste au Sahara occidentale et la reconnaissance du président sortant Donald Trump de la prétendue marocanité du Sahara, mais il ne faut pas se montrer naïf et croire que les événements se sont précipités depuis. Le Maroc a toujours entretenu des relations avec l’entité sioniste. Des pèlerinages de juifs séfarades au Maroc datent depuis plusieurs décennies, et remontent même au temps du roi Hassan II. La visite d’une délégation de responsables américains et israéliens au Maroc présentée comme une équipe d’investisseurs, est en réalité une visite qui cache des desseins inavoués. Le gendre du président Donald Trump, Jared Kushner, et Meir Ben-Shabbat, le chef du Conseil national de sécurité israélien, ne se déplacent pour signer un contrat de pêche mais bien pour mettre en marche une nouvelle étape du plan visant à redessiner la carte du monde arabe. Leurs entretiens avec le roi du Maroc Mohamed VI, laissent supposer que Rabat sera un acteur pivot dans la région pour la concrétisation de ce plan. « Le Maroc et Israël échangeront dans moins de deux semaines des représentations diplomatiques », a indiqué le ministre marocain des Affaires étrangères Nacer Bourita. Le président de la commission d’El-Qods, le roi du Maroc, emporté par sa volonté de violer les résolutions de la communauté internationale a pactisé avec le diable. Il n’a même pas évoqué, lors de l’audience qu’il a accordée au duo Kushner- Ben-Shabbat, l’occupation des territoires palestiniens par l’entité sioniste se contentant d’affirmer que la normalisation des relations de son pays avec l’État hébreu est un pas vers la paix dans la région du Moyen-Orient, comment. Allez le savoir. Et pour contrer l’élan populaire qui s’organise pour dénoncer le rapprochement de Rabat avec Israël, le gouvernement marocain, prenant le coronavirus comme alibi, a décrété un couvre-feu de quinze jours dans les principales villes du Royaume. C’est une tentative de tuer dans l’œuf la volonté du peuple marocain de sortir dans la rue pour dénoncer les errements de ses responsables. Les Marocains ont l’habitude de manifester le soir et pour les en empêcher, le gouvernement a décrété un couvre-feu. Cette normalisation intervient au moment où le porte-parole de l’autorité palestinienne, Nabil Abou Rida, a dénoncé la multiplication des agressions des colons contre les palestiniens et leurs biens. Il a également dénoncé les atteintes aux lieux sacrés, musulmans et chrétiens ainsi que les mesures d’expulsion de familles palestiniennes de leurs habitations à El-Qods. Il a appelé la communauté internationale à prendre ses responsabilités et à contraindre Israël qui se comporte comme un État hors la loi, à se conformer aux résolutions de la communauté internationale.
Elle intervient également au moment où des députés tunisiens ont déposé un projet de loi criminalisant la normalisation des relations avec Israël. Le parti Ennahda de Ghannouchi qui avait bloqué un projet similaire quand il détenait la majorité à l’assemblée tunisienne, est revenu à la charge cette fois en déposant un projet de loi criminalisant la normalisation. Et curieusement, le Maroc qui s’est exprimé sur l’avenir des enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila, a été sèchement recadré par le gouvernement espagnol qui a convoqué l’ambassadrice marocaine à Madrid pour lui demander des explications.
Slimane Ben
