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Nigeria : craintes pour les plus de 200 lycéennes enlevées

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Le sort des plus de 200 lycéennes enlevées il y a deux mois par Boko Haram, dans le nord du Nigeria reste inconnu, un échec soulignant le désarroi des dirigeants de la première économie africaine face à ce groupe islamiste armé. Le gouvernement nigérian est sous le feu d’une campagne médiatique pour son impuissance à retrouver les adolescentes, alors que les attaques des islamistes se multiplient, faisant plus de 2 000 morts depuis le début de l’année. Le citoyen lambda, sensibilisé au sujet de l’insurrection par le rapt du 14 avril, commence à douter sérieusement de la capacité des dirigeants à mettre fin au bain de sang. Désormais, Boko Haram fait la une et les journaux critiquent aussi bien l’absence de progrès concernant les jeunes filles que l’échec global face aux insurgés. Pour Nduka Obaigbena, président de l’Association des propriétaires de journaux du Nigeria, « il est certain que (le rapt des lycéennes) a mis en évidence la crise terroriste et les tueries coontinuelles ». « Nous étions optimistes, pensant que (les adolescentes) étaient vivantes, mais aujourd’hui cet espoir s’estompe (…) parce que le gouvernement et la communauté internationale semblent impuissants », estime-t-il. « Il n’y a pas d’informations concernant quelque négociation que ce soit (…) Il n’y a vraiment rien ». Vilipendée par les médias, l’armée nigériane a commencé la semaine dernière à saisir et fouiller des véhicules de livraison de journaux nigérians, invoquant d’obscures raisons sécuritaires. Un quotidien a comparé ces agissements à ceux de la dictature militaire. L’Organisation de la presse nigériane a dénoncé une insulte à la liberté de la presse. A Abuja, la police a tenté d’empêcher les rassemblements quotidiens du mouvement « Bring back our girls » (« Ramenez nos filles »), composé de proches et partisans des lycéennes. Un avocat du mouvement, Femi Falana, a confirmé que les manifestations se poursuivraient. « Le gouvernement peut facilement oublier si on ne maintient pas la pression », a-t-il dit.

Défiance et paranoïa
Critiqué pour sa lenteur et son incompétence, le gouvernement du président Goodluck Jonathan a été forcé d’accepter une aide militaire étrangère pour tenter de retrouver les captives. Opérant à partir du Tchad voisin, des drones américain survolent le nord-est du Nigeria, qui s’est allié aux pays voisins pour combattre Boko Haram. Au plan diplomatique, le Conseil de sécurité de l’ONU a placé le groupe islamiste sur la liste des organisations liées à Al-Qaïda, tandis l’organisation ouest-africaine Cédéao et l’Union africaine ont appelé à une coopération renforcée face aux insurgés.
Mais les 219 lycéennes toujours prisonnières n’ont pas été retrouvées – malgré les allégations des autorités qui affirment les avoir localisées – et les tueries se multiplient. La semaine dernière, des centaines de civils ont encore péri lors d’un raid attribué à Boko Haram contre des villages de la région isolée de Gwoza, dans l’Etat de Borno (nord-est). Et au moins 20 femmes ont été enlevées par le groupe près de la ville où les lycéennes avaient été capturées, Chibok, dans le même État. Du coup, les Nigérians – même ceux du Sud, majoritairement chrétien, peu touché par les violences – ne cachent plus leur méfiance envers le gouvernement. Abeke Olawore, un commercant du quartier d’Oshodi à Lagos, la capitale économique, estime « inexplicable » que le rapt reste non résolu.
« Les Nigérians sont mécontents. Il semble que le gouvernement soit en train de perdre rapidement sa crédibilité, alors que les élections de 2015 (présidentielle et législatives) approchent », observe-t-il. Amaechi Okeke, un expert basé à Lagos qui a participé au putsch militaire de 1966 et combattu dans la guerre civile de 1967-1970, prévient: « Alors que 2015 approche, de nombreux Nigérians sont désabusés par l’incapacité du gouvernement à résoudre la débâcle des filles de Chibok et par l’état d’insécurité générale du pays (…) Les gens deviennent paranoïaques et sont mécontents de ce gouvernement. Nous avons désormais une population en colère alors que les élections approchent ». Selon lui, « les Nigérians voient les événements de la période 1962-1965 se reproduire. Nous avons une situation similaire à celle qui a ouvert la voie au coup de force militaire du 15 janvier 1966. Je prie pour que cela ne se reproduise pas ».

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