Dans cet entretien, le directeur général d’AS Salam Bank, Nasser Hideur, a mis en exergue l’importance de la finance islamique comme étant une valeur ajoutée à l’économie nationale.
Rencontré, avant-hier, en marge du Symposium algérien de l’assurance et de la finance islamique qui s’est déroulé (SAAFI 2018) du 24 au 25 novembre à Alger. Il a, toutefois, soutenu que ce créneau est devenu, aussi un label mondial et stratégique pour de nombreux pays du monde.
Le Courrier D’Algérie : plusieurs préoccupations ont été soulevées, lors de ce symposium, notamment concernant l’ouverture de guichets islamiques au niveau des banques conventionnelles …. Selon vous, est-ce qu’il existe, vraiment, ce genre de guichets en Algérie ?
Nasser Hideur : Il y en a trois guichets qui sont opérationnels au niveau des banques conventionnelles et trois autres sont en projets et qui sont finalisés. Donc, nous avons déjà 6 guichets «Shariâ Compliant» au niveau des banques conventionnelles qui sont opérationnelles et en phase de démarrage.
Est-ce qu’on peut considérer aussi que cette finance islamique exerce, aujourd’hui, dans un terrain fertile ?
La finance islamique en Algérie exerce dans un terrain propice pour son développement. D’ailleurs, on remarque aujourd’hui qu’il y a une demande de la part de la société pour des produits financières «Shariâ Compatible ». Une source qui permet, évidemment, de diversifier l’offre financière à ces couches de la société ….. De même, cette finance permet encore de mobiliser beaucoup plus d’épargne pour l’économie nationale.
De même, on voit que la finance islamique est devenue, aujourd’hui, un label mondial adopté par de nombreux pays du monde, qu’en pensez-vous ?
Oui, c’est, aussi un créneau qui se développe d’une manière satisfaisante dans ces pays. En grande Bretagne, par exemple, il existe 5 banques islamiques qui offrent des services bancaires islamiques. De même, certains pays, comme le «Luxembourg», émettent aujourd’hui des «Sukuk» au titre de l’investissement «Shariâ Compliant» . Cette finance est, aussi développée en Allemagne, en Chine, à «Hong Kong» et certains pays africains. Il s’agit, en fait, d’une vraie industrie qui répond maintenant à des besoins socio-économiques et qui est susceptible de devenir une branche importante de la finance mondiale.
Est-ce que, vraiment, on peut développer cette finance en Algérie ?
C’est ce que nous voulons vraiment, nous voulons que l’Algérie soit un pays «phare» dans ce domaine et nous œuvrons, bien sûr, à travers nos efforts pour que les pays musulmans gardent «la main haute» et développent leurs aptitudes professionnelles dans ce créneau. Pour ce qui est du développement de ce secteur en Algérie, on remarque, aujourd’hui, qu’il y a une grande ouverture de la part de ces derniers à cette finance considérée comme valeur ajoutée à l’économie nationale, en terme de bancarisation et en terme de financement de la croissance économique.
On remarque même que certains leaders d’assurances participant à cette rencontre dénoncent l’absence d’un réel marché financier en Algérie, qu’en pensez-vous ?
Oui, ce marché là a besoin d’être boosté et je crois que l’ouverture sur le «sukuk» et l’investissement de «Shariâ Compatible» permettra aussi de donner une nouvelle impulsion à ce marché qui a besoin d’être développé.
Entretien réalisé par Mehdi Isikioune