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MÉDIATEURS POUR LE DIALOGUE PROPOSÉS PAR LE FORUM CIVIL POUR LE CHANGEMENT : Grande confusion autour du panel des 13 personnalités

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Grande confusion et flou total autour de la liste proposée par le Forum civil pour le changement sur les 13 personnalités qui devront encadrer le dialogue national voulu par le chef de l’État, Abdelkader Bensalah, afin de trouver une issue à la crise politique qui secoue le pays.

Le Forum que préside Abderrahmane Arar avait dévoilé sa liste, mercredi dernier : Djamila Bouhired (moudjahida), Ahmed Taleb-Ibrahimi (ancien ministre des Affaires étrangères), Mouloud Hamrouche et Mokdad Sifi (ex-chefs du gouvernement), Karim Younès (ex-président de l’Assemblée populaire nationale), Mustapha Bouchachi (avocat), Fatiha Benabou (constitutionnaliste), Nacer Djabi (sociologue), Smail Lalmas (économiste), Ilyes Merabet (syndicaliste), et aussi les militants Nafissa Hirèche, Aïcha Zinaï et Islam Benaya.
Après les affirmations d’Arar selon lesquelles il y avait eu « l’accord » de ces personnalités pour faire partie de ce panel de médiateurs qu’il propose à la fois aux décideurs mais aussi aux citoyens algériens, les annonces contradictoires se sont succédées de la part des concernés. Et c’est à la grande moudjahida, Djamila Bouhired, d’ouvrir le débat sur la question. Mercredi dernier, elle a apporté un démenti dès la divulgation de cette présumée liste. « J’ai appris avec stupéfaction que mon nom figurait sur une liste de personnes, chargées d’organiser un dialogue entre le pouvoir et le mouvement populaire», a-t-elle réagi, surprise, dans un communiqué. Elle précise : « Personne n’a demandé mon avis et je n’ai donné mon accord à personne. Je ne peux faire partie d’un groupe de personnes, dont certaines ont servi le pouvoir ». « Alors que des patriotes sont jetés en prison pour délit d’opinion, dont un officier de l’ALN, le frère Lakhdar Bouregâa. Il ne peut y avoir de dialogue avec ceux qui nous menacent et nous accusent de trahison. Je réaffirme ma solidarité avec le peuple en lutte pour son émancipation citoyenne, dans la liberté, la dignité et la démocratie », a-t-elle poursuivi.
Mustapha Bouchachi, Nacer Djabi et Smaïl Lalmas, eux aussi, ont affirmé qu’ils ne seront pas des personnalités chargées d’encadrer le dialogue Pouvoir-Opposition. Tous les trois ont conditionné leur participation par la satisfaction d’une série de « mesures d’apaisement » : le départ des symboles du régime, la libération des prisonniers politiques et des détenus d’opinion, l’ouverture de l’espace public et du champ médiatique à toutes les tendances, la fin des harcèlements contre les manifestants (arrestation, fermetures des routes, interdiction des déplacements vers Alger).
« Moi je pense qu’il y a actuellement un quasi consensus sur les conditions qui doivent être garanties avant d’entamer un dialogue avec le pouvoir. Ces conditions sont la non négociation avec des figures qui sont rejetées par le peuple; on ne peut pas négocier avec un régime alors que des jeunes sont en prison; on ne peut pas non plus débattre alors que le système ne cesse de nous insulter et nous menace à travers ses médias publics », a expliqué au site d’information TSA, le sociologue Nacer Djabi. « Il y a aujourd’hui une unanimité sur ces conditions. Cela s’est vérifié lors de la réunion du 26 juin du Pôle démocratique et la conférence du 6 juillet (conférence de l’opposition), et la réunion du 15 juin de la société civile. Certains considèrent ces conditions comme des “mesures d’apaisement.” Une manière pour le système de faire preuve de bonne volonté et qu’il veut réellement aller vers le dialogue », a-t-il ajouté, regrettant que « le pouvoir n’a pas la culture du dialogue ». « Le pouvoir, convaincu que le peuple refuse de négocier avec lui, a proposé cette idée de panel national pour le dialogue. J’ai dit à Arar que j’étais d’accord sur le principe pour le dialogue et que tôt ou tard on ira dans cette direction. Mais j’ai précisé que je ne pouvais passer outre les conditions et préalables fixés par le Hirak, par l’opposition et la société civile. Celui qui ose sortir de ce consensus sur les préalables du dialogue ne fera que griller ses cartes auprès de l’opinion nationale», a-t-il analysé.

Les précisions de Abderrahmane Arar
Face à ces couacs à répétition à propos de cette liste controversée, les responsables du Forum civil pour le changement ont apporté des précisions. Dans un communiqué, rendu public jeudi dernier, le Forum a indiqué que Djamila Bouhired, Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi n’ont pas été dûment contactés pour faire partie de l’instance de médiation. « Nous précisons que nous avons pris attache avec de nombreuses personnalités nationales et obtenu leur accord pour participer à la démarche. Quant à la moudjahida Djamila Bouhired, Ahmed Taleb Ibrahimi et Mouloud Hamrouche, c’est le Forum qui a pris l’initiative d’inclure leurs noms directement dans la liste pour la symbolique qu’ils représentent, leur popularité, leur passé militant et leur poids politique », lit-on dans le communiqué.
«Sans diminuer de la valeur des autres personnalités figurant dans la liste, nous estimons qu’il est inconcevable d’entamer le processus de dialogue sans ce genre d’hommes et de femmes. Nous saluons leurs positions, nous respectons leurs décisions et leurs avis et nous restons dans l’attente d’un signal de leur part. Quoi qu’il en soit, le processus de dialogue a pris la voie qui mène vers la sortie de crise », conclut le texte. Pour l’instant, seul Karim Younès a marqué sa pleine adhésion à cette initiative. « L’histoire n’appartient à personne en particulier mais à tous ceux qui la font et la mènent à bon port », a-t-il défendu sa participation. Au-delà des premiers concernés, Abdelkader Bensalah, chef de l’État, a accueilli favorablement cette proposition. « Le chef de l’État, Abdelkader Bensalah assure que le contenu de la proposition faite par le Forum civil pour le changement constitue un pas positif allant dans le sens de la concrétisation de la démarche proposée par l’État », a indiqué, jeudi dernier, un communiqué de la Présidence, repris par la Télévision publique. Le chef de l’État a également annoncé le début des consultations en vue de constituer un panel de personnalités nationales auxquelles sera assignée la mission de mener le processus du dialogue national, précisant que la composante finale du panel sera dévoilée incessamment.
Hamid Mecheri

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