La mort de l’ex-président, issu des frères musulmans, Mohamed Morsi, a révélé les liens idéologiques, toujours aussi forts, entre les islamistes algériens de même mouvance avec leurs homologues à l’international.
À peine la nouvelle de sa mort tombée, Morsi ainsi se trouvant au tribunal après avoir eu un malaise, et aussi juste après la réaction très sévère du président turc, Recep Tayyip Erdoğan, l’un des fervents défenseurs de la confrérie musulmane, les partis MSP, Ennahda, El-Bina et le FJD ont tous condamné « un assassinat du martyr Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement ».
Une relation qu’ils ont pourtant démentie à maintes reprises en arguant de s’aligner uniquement sur la politique étrangère algérienne, les réactions des «Ikhwanistes» algériens confirment leur appartenance au grand réseau de la mouvance islamiste. Le MSP a été le premier parti à dénoncer et à exprimer sa sympathie à la famille du «martyr Morsi». Au lendemain de son inhumation discrète, à l’aube, par les autorités égyptiennes afin d’éviter tout débordement sécuritaire, Abderrazak Makri a publié, sur sa page Facebook, des images de lui et ses militants en train d’accomplir la prière de l’absent sur le défunt ex-président égyptien.
Dans un texte en anglais – un fait inédit pour Makri qui préfère toujours s’exprimer en langue arabe -, le leader du MSP a dénoncé et condamné, sur les réseaux sociaux, «l’hypocrisie de l’occident » dont Morsi est «l’une des victimes». «Les pays de l’Occident, qui se prévalent de nous donner, à chaque fois, des leçons sur la démocratie et les droits de l’Homme, sont les pays qui enfreignent et violent le plus ces droits », a écrit Makri, fustigeant les gouvernements des États-Unis d’Amérique et de l’Europe qui, selon lui, «soutiennent les régimes dictatoriaux et autoritaires servant et protégeant leurs intérêts». «Ces gouvernements de l’Occident provoquent les guerres, ravivent les tensions entre pays, fomentent les coups d’État, perpétuent des crimes dans la région et sont toujours prêts à tout faire pour sauvegarder leurs intérêts», a-t-il ajouté. «Le docteur Morsi est une victime d’un coup d’État de l’armée dirigé et préparé par l’État sioniste d’Israël, leur “enfant gâté,” avec l’aide de ses alliés criminels et corrompus arabes dans la région», a-t-il chargé d’accusations. Il met en cause aussi la politique de «deux poids, deux mesures» de l’Occident, en criant à « la honte » qui restera, selon Makri, telle « une tache sur le front de l’Occident», qui «ferme les yeux et feint de ne rien voir sur l’assassinat d’un président légitime et démocratiquement élu et qui était victime d’un coup d’État ».
Pour le Front pour la Justice et le développement (FJD), son président Abdallah Djaballah, a exprimé sa «consternation», tout en «tenant pour responsable le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, son gouvernement et tous ceux qui lui ont apporté leur soutien». Le Front El-Bina d’Abdelkader Bengrina a exprimé la même position envers la famille du «martyr» Morsi. Contrairement aux autres partis algériens, les partis islamistes sont les seuls à se précipiter à prendre de telles positions, ce qui va à l’encontre de l’Algérie officielle vis-à-vis de l’étranger, pour s’aligner sur la «Confrérie internationale des frères musulmans», ne prenant pas ainsi la peine d’attendre la position de l’État.
Hamid Mecheri