Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Al-Dayri, s’est félicité jeudi des combats livrés par ses rivaux au sein des milices de Fajr Libya aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans l’est du pays. Il s’agit de la première réaction du gouvernement reconnu internationalement aux combats qui opposent depuis une semaine par intermittence des miliciens de Fajr Libya à la branche libyenne de l’EI dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli. Livrée aux milices, la Libye est plongée dans le chaos où deux autorités se disputent le pouvoir: un gouvernement et un Parlement reconnus internationalement siégeant dans l’est du pays, et un gouvernement et un Parlement parallèles installés à Tripoli après la prise en août de la capitale Tripoli par la coalition de milices de Fajr Libya. S’adressant à des journalistes dans son lieu de résidence dans la ville d’Al-Bayda (est), le chef de la diplomatie libyenne a dit accueillir favorablement la direction prise par des factions de Fajr Libya qui combattent la branche libyenne de l’EI à Syrte.
Cette position renforce l’une des principales bases du consensus national auquel nous aspirons (…) et qui est la lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté.
Après l’entrée en février des jihadistes de l’EI à Syrte, Fajr Libya, une coalition de milices notamment islamistes, avait envoyé des renforts pour défendre la ville. Les combats se déroulent dans l’est de Syrte et dans des localités situées à proximité. Selon des responsables à Tripoli, l’EI s’est allié avec des partisans du régime de Mouammar Kadhafi, renversé par une révolte en 2011, pour l’aider à s’emparer des secteurs dans cette région où se trouvent des champs pétroliers. Fajr Libya et le gouvernement reconnu tentent de contrer l’influence de l’EI, qui a revendiqué ses premières attaques en Libye en janvier avec un assaut spectaculaire contre un hôtel à Tripoli (neuf morts), puis en février avec la décapitation de 21 chrétiens, la plupart égyptiens. La déclaration du ministre libyen est intervenue avant la reprise au Maroc d’un nouveau round de pourparlers prévu vendredi, sous l’égide de l’ONU, entre délégations des deux Parlements rivaux pour tenter d’arracher un accord sur un gouvernement d’unité nationale. Des membres des deux Parlements rivaux sont depuis jeudi soir à Skhirat, station balnéaire proche de la capitale marocaine Rabat, ont constaté des journalistes de l’AFP.
L’émissaire onusien Bernardino Leon doit faire un point vendredi matin sur l’état d’avancée des négociations. Un premier round de ces pourparlers s’était déroulé début mars.