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Liban : Les contestataires poursuivent leur mouvement

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La crise politique qui secoue le Liban depuis plus de deux mois se poursuit avec le rejet par les manifestants du Premier ministre désigné, Hassane Diab, et l’appel à la formation d’un «véritable gouvernement de technocrates».

Dimanche soir, quelque 200 manifestants se sont rassemblés devant le domicile de Hassane Diab à Tallet el-Khayat, le conspuant et réclamant un «véritable gouvernement de technocrates», selon des médias libanais. Brandissant une banderole proclamant «Tous, sans exception, y compris Hassane Diab», les manifestants ont «insulté» le Premier ministre désigné qui œuvre à former un gouvernement, le traitant de «menteur», a-t-on indiqué. «Diab dehors», «Diab démissionne!», criaient les manifestants, selon des correspondants de presse sur place. «Nous refusons Diab parce qu’il est corrompu», affirme Khaled, un manifestant, estimant que les noms de personnalités évoquées jusqu’à présent pour faire partie du gouvernement Diab «sont juste une forme de test pour voir si le peuple les accepte». «Nous rejetons Hassane Diab, nous voulons un gouvernement propre et indépe
ndant qui arrête la corruption et les vols, et qui puisse récupérer les fonds volés. Diab ne pourra sûrement pas faire tout cela», dit de son côté une autre manifestante, Sofia, citée par des médias locaux. «S’ils ne veulent pas nommer des gens représentant la révolution, qu’ils choisissent au moins des personnalités neutres, des technocrates», déclare un autre protestataire critiquant le fait que certains partis politiques «s’immiscent» dans le processus de nomination des membres du nouveau gouvernement. Plusieurs manifestants se sont ensuite dirigés en soirée vers le centre-ville de la capitale Beyrouth pour se rassembler devant l’une des entrées du Parlement, située rue Weygand, où ils ont été rejoints par des contestataires venus du pont du Ring qui ont brièvement coupé la circulation, d’après les mêmes sources. Par ailleurs, une marche a été organisée entre Sâadnayel et Tâalabaya, localités de la Békaa, pour protester contre le processus de formation du gouvernement. À Tripoli, au Liban-Nord, des manifestants ont fermé les routes menant au carrefour Salam, à l’entrée sud de la ville, pour crier leur colère contre la désignation de Hassane Diab. Depuis le 17 octobre, les manifestants libanais appellent au départ de l’ensemble de la classe politique, accusée de «corruption» et
d’«incompétence», alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 21 décembre, à l’issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné l’ex-ministre Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Ce dernier a promis la formation d’un gouvernement de technocrates indépendants, comme le réclament les manifestants. Ces derniers rejettent toutefois la nomination de M. Diab, qu’ils estiment issu de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ. Selon plusieurs responsables et observateurs, la formation du gouvernement Diab pourrait intervenir dans les prochains jours. «Nous sommes sur le point d’annoncer la naissance du cabinet», a déclaré dimanche soir le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, proche conseiller du président du Parlement et leader du mouvement Amal, Nabih Berri.

Les Libanais bataillent avec les banques pour retirer leur argent
Depuis l’éclatement des troubles au Liban, des incidents surviennent régulièrement à l’intérieur d’agences bancaires entre des clients en colère et des employés partout dans le pays. Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises pour rétablir l’ordre ces trois derniers jours. En raison de la crise, les banques libanaises imposent de sévères restrictions pour tout retrait en devises. Il y a quelques jours, les mesures ont été durcies: même les retraits en livres libanaises sont désormais rationnés, selon des sources médiatiques. De nombreuses banques refusent de payer des chèques libellés en monnaie nationale et obligent les bénéficiaires à déposer les montants dans des comptes, parfois bloqués pour plusieurs mois. C’est ce qui s’est produit samedi dernier à Saïda, à 40 kilomètres au sud de Beyrouth. Le client malmené a fait appel à son employeur, qui a bloqué les entrées de l’agence à l’aide de camions et de pelleteuses. La veille, à Halba, dans le nord du Liban, des partisans de la contestation ont saccagé une agence bancaire après avoir été violemment réprimés par les forces de l’ordre. Ils ont agi de la sorte après le refus de la banque de verser 600 dollars à un déposant qui voulait s’acheter des médicaments. Après cet incident, l’Association des banques du Liban a décidé de fermer jusqu’à nouvel ordre toutes les agences dans cette région. En réaction à ces incidents, le bâtonnier de Beyrouth Melhem Khalaf a jugé «anticonstitutionnelles» et «illégales» les restrictions imposées par les banques.

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