Huit soldats libanais ont été tués dans des combats dans la région d’Aarsal, frontalière de la Syrie, déclenchés samedi par l’arrestation d’un membre présumé de la branche syrienne d’Al-Qaïda, dans l’un des incidents les plus graves au Liban liés au conflit syrien.
Les combats se poursuivaient dimanche matin dans cette zone du nord-est du Liban, où la situation était déjà tendue depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie voisine. Samedi, des hommes armés ont encerclé des postes de contrôle et ouvert le feu sur des soldats et policiers libanais dans la région d’Aarsal. «Les unités de l’armée ont poursuivi toute la nuit leurs opérations militaires dans la zone d’Aarsal et ses environs, pourchassant et affrontant les groupes armés», a indiqué l’armée dans un communiqué, ajoutant que des hommes armés avaient aussi tiré des obus sur la région. «Les combats ont fait huit martyrs dans les rangs de l’armée et plusieurs blessés», a précisé le communiqué de l’armée. Selon les autorités, les combats ont commencé samedi après-midi après l’arrestation d’un Syrien, Imad Ahmad Jomaa, qui a selon l’armée reconnu appartenir au Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. À la suite de cette arrestation, des hommes armés ont encerclé des postes de contrôle dans la région, avant d’ouvrir le feu sur les troupes et d’attaquer un poste de police à Aarsal, selon des sources des services de sécurité. Deux civils ont été tués dans l’attaque du poste de police.
L’armée «résolue et ferme»
L’armée libanaise a promis samedi d’agir de façon «résolue et ferme» pour empêcher que le conflit en Syrie voisine déborde au Liban. «L’armée ne permettra à personne de transférer le conflit de la Syrie» vers le territoire libanais, a-t-elle prévenu dans un communiqué.
Cette explosion de violence a ravivé les tensions à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, où des heurts opposent régulièrement des activistes sunnites, soutenant la rébellion syrienne, aux forces de sécurité libanaise et à des habitants alaouite, qui soutiennent le président syrien Bachar al-Assad. Selon une source des services de sécurité, deux soldats ont été blessés dans de nouveaux affrontements à Tripoli au cours desquels des roquettes antichar de type RPG et des engins explosifs artisanaux ont été utilisés. Les violences à Aarsal ont suscité l’inquiétude au Liban mais aussi à l’étranger. Les États-Unis ont «fermement» condamné les attaques contre les forces de sécurité libanaises, affirmant leur «fort soutien» aux institutions de l’État libanais, selon un communiqué du département d’État, qui appelle en outre toutes les parties à respecter la neutralité du Liban face aux conflits régionaux.
Le Premier ministre libanais Tammam Salam a condamné cette «attaque flagrante contre l’État libanais et les forces armées libanaises». «Le gouvernement libanais gère ces événements avec fermeté», a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par l’agence libanaise ANI, appelant «toutes les forces politiques à agir avec sagesse et responsabilité et à faire tous les efforts (possibles) pour protéger le Liban et l’éloigner des dangers qui l’entourent».
L’armée a déployé des forces supplémentaires dans la région, en particulier deux hélicoptères.
Dizaines de milliers de réfugiés
La localité d’Aarsal est majoritairement sunnite — comme la rébellion syrienne — et sa région accueille des dizaines de milliers de réfugiés syriens. Aarsal a déjà connu des périodes de fortes tensions avec les forces de sécurité libanaises. L’aviation du régime syrien y mène des raids contre les forces rebelles cachées dans cette région montagneuse.
La ville est voisine du Qalamoun syrien, où les rebelles ont essuyé plusieurs revers ces derniers mois face aux forces loyalistes appuyées par des combattants du Hezbollah chiite libanais.
Depuis des mois, des combats meurtriers opposent les jihadistes sunnites d’al-Nosra et ceux de l’État islamique (EI) dans le nord et l’est de la Syrie. Mais dans le Qalamoun, ils se battent ensemble pour tenter de préserver leurs positions et d’acheminer des renforts.
Dans cette région, au moins 50 jihadistes ont été tués depuis vendredi dans des combats avec les troupes syriennes et le Hezbollah, a rapporté samedi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).