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Les urgences de Tebboune : volonté de faire vite et bien

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Tout en promettant de continuer les consultations politiques entreprises dès sa prise de fonction, le président Tebboune a engagé une série de mesures visant à restaurer la confiance en donnant des preuves concrètes.
Les rencontres qu’a eues le Président avec des personnalités politiques visent au rétablissement des liens de l’État avec la société et les forces qui la représentent. Son rendez-vous, mercredi passé, avec les responsables de huit médias où il s’est longuement exprimé sur toutes les grandes questions de l’heure, est une première du genre pour un chef d’État algérien en exercice. M. Tebboune s’est d’ailleurs engagé à instaurer ce rendez-vous comme tradition cyclique avec la presse. Cette nouvelle approche, qui établit un lien direct entre le premier magistrat et le quatrième pouvoir, ne manquera pas d’être productive et de participer au rétablissement de la confiance envers le système, pour employer un terme tant usité. Cependant, elle ne doit pas se limiter au Président mais être un exemple de gouvernance à tous les niveaux de la hiérarchie de l’administration et des organes de l’État, d’autant que l’un des points de blocage est justement l’accès à l’information. En effet, l’information est encore soit distillée au compte-gouttes, soit donnée par des réseaux non officiels, ce qui a produit autant de fake news que de rumeurs chez nous, au point où certains médias sont devenus les détenteurs privilégiés de certains scoops, alors que l’information institutionnelle est supposée passer par les canaux officiels. La rencontre du Président avec les directeurs des médias est certes positive mais la garantie de l’accès à l’information doit être valable à tous les niveaux afin non seulement de mettre fin aux fake news mais que l’information joue son rôle dans la construction du pays.
Au sujet de ses rencontres avec les représentants de partis et de la société civile, le Président a souligné qu’elles allaient se poursuivre et que la date de leur clôture n’est pas arrêtée. Ces consultations ont un double objectif : primo, participer au désamorçage de la crise politique, qui persiste encore avec la poursuite du Hirak, et, secundo, récolter des avis afin de parvenir à une « Constitution consensuelle » dont le projet sera soumis à référendum populaire. Le chef de l’État a précisé que « l’avis de tous sera pris en compte en ce qui concerne la méthodologie à suivre, mais également les problèmes dont souffre le pays ». Ces avis, a-t-il annoncé, « pourront entrer dans l’élaboration de la mouture finale de la Constitution et l’occasion sera également donnée à d’autres personnalités ». Estimant que « la Constitution concerne certes l’ensemble de la société », M. Tebboune veut que le citoyen, du moins une partie de la société civile, soit consultée, s’agissant des amendements du texte fondamental. Il va sans dire que c’est la Constitution qui définit le mode de gouvernance, soit ce pour quoi les citoyens sont sortis dans la rue le 22 février et dont les revendications ont permis de mettre en application les articles 102, 7 et 8.
C’est dans la continuité du changement, auquel l’ANP a donné tout son soutien en exigeant fermement le départ du président déchu, que M. Tebboune engage ce chantier, pour lui , prioritaire par excellence, qu’est la réhabilitation des Institutions du pays. Désamorcer la crise politique et de légitimité qui secoue le pays semble être une urgence pour le Président et ce, depuis son installation, en accompagnant ses consultations d’opérations concrètes, notamment la révision du texte fondamental, qui peut être la solution définitive à la problématique du pouvoir et de sa légitimité. Une nouvelle République suppose des amendements nécessaires pour l’exercice d’une nouvelle gouvernance, dans le cadre d’une loi définissant les droits et les devoirs de chacun et les responsabilités de tous.
Faire vite et bien semble être la stratégie Tebboune, car une date a déjà été définie pour la soumission de la nouvelle mouture de la Constitution à référendum populaire : ce premier semestre 2020. C’est également dans cette perspective que s’inscrivent la révision du code électoral et, certainement aussi, celle de la loi sur les partis et du code communal et de wilaya.
A.E.T.

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