Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, n’a pas tardé à réagir pour faire face au rebondissement des contestataires de son parti.
À ces derniers qui ont assumé publiquement leurs intentions de présenter des listes indépendantes aux prochaines législatives, le patron de ce parti a ordonné leur traduction devant les commissions de discipline de wilaya.
En effet, la décision de sanctionner les cadres récalcitrants a été prise, avant-hier, lors de la réunion du Bureau politique de la deuxième force politique au pouvoir. Cette mesure de sanction intervient moins d’une semaine après une déclaration au vitriol, assumée et rendue publique, le 29 octobre dernier, par un groupe de frondeurs.
À travers ce document cosigné par quatre cadres, pas peu-connus pour être les opposants attitrés à Ouyahia, ont menacé la direction politique d’aller jusqu’à élaborer leur propres listes électorales, en parallèle à celles qu’aura à présenter officiellement le parti aux législatives du printemps 2017.
Pour se faire, cette mouvance conduite par les chefs de file que sont Tayeb Zitouni, Mokhtar Boudina, Nouria Hafsi et Smati Zoghbi, prévoit la mise en place d’une commission qui devrait fixer les critères d’éligibilité pour les candidats désireux de se lancer dans la prochaine course électorale, en dehors des instances organiques. Ainsi, donc, au courant de la rencontre de la direction dirigeante du RND, Ouyahia a instruit les commissions de discipline actives au niveau des wilayas d’Alger, de Saïda et de Bordj Bou Arreridj, pour traiter respectivement des cas de Zitouni et Boudina, Hafsi et Zoghbi. Le Bureau politique a pris la décision de déférer ses opposants devant la commission de discipline suite à leur démarche anti-statutaire. Ce quatuor est accusé d’avoir transgressé le règlement intérieur du parti en ayant tenu une rencontre en dehors des instances organiques. Une réunion clandestine, qui était en plus sanctionnée par un communiqué dans lequel les partisans de la fronde ont dénoncé la direction drivée par l’actuel directeur de cabinet auprès de la présidence de la République. Il est à rappeler que dans ce plaidoyer, ces contestataires ont reproché à Ouyahia et son directoire politique de faire dans «l’exclusion des militants et cadres authentiques et intègres». En évoquant d’autres griefs retenus contre l’homme fort du RND, ces frondeurs estiment que l’émergence des cadres au sein du parti numéro deux sur l’échiquier politique est basée sur «le favoritisme et la loyauté» envers le chef, ont-ils dénoncé.
Se sentant plus que jamais exclus, dans la mesure où Ouyahia les a évincés des instances organiques centrales, lors du dernier congrès de son parti, les partisans du changement ont brandi l’arme électorale comme moyen de pression.
Des propos qui ont suscité l’ire du premier responsable du RND, qui a décidé de passer à l’offensive, pour contenir au mieux cette dissidence, qui risque de lui jouer de mauvais tours, en prévision des prochaines joutes électorales, prévues dans moins de six mois. Pour l’ex-chef du gouvernement, ces détracteurs visent uniquement un seul objectif, celui de «ternir l’image du parti». Sinon, comment expliquer le fait qu’ils ont publié une déclaration qui remet en cause jusqu’aux résolutions du congrès de février dernier, de surcroît à la veille d’une élection importante, a laissé entendre le parti.
Ouyahia qui a rappelé la crise ayant secoué ses rangs dans le passé récent, a avoué que cette traversée de désert a failli emporter son parti dans le précipice, si ce n’était «la résistance et la mobilisation de la base militante». Encore une fois, et comme pour minimiser les capacités de nuisance des frondeurs, le chef du RND a affirmé que, désormais, l’ère de la «dictature de la minorité est révolue» au sein de sa formation politique. Pour ce qui est du traitement des dossiers des mis en cause, Ouyahia a instruit les commissions de disciplines de veiller au respect des textes statutaires. En outre, il a recommandé à cette instance d’accepter les recours de ces adversaires.
Farid Guellil