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LE GNA ET LE PARLEMENT DE L’EST ANNONCENT SÉPARÉMENT UN CESSEZ-LE-FEU IMMÉDIAT SUR TOUT LE TERRITOIRE : Fin des hostilités en Libye ?

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Plus d’une année après l’offensive militaire dirigée par le maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli contre le Gouvernement d’union national reconnu par la communauté internationale, une fin des hostilités augure à l’horizon, avec l’annonce d’une cessation immédiate des combats sur tout le territoire libyen faite par les deux parties rivales.

En effet, un cessez-le-feu a été annoncé, hier, séparément, par le président du GNA, Fayez Serradj et son rival, Aguila Saleh, président du Parlement élu à Tobrouk, à l’Est de la Libye. Cet appel à l’arrêt des hostilités, pour peu qu’il soit respecté par les forces militaires sur le terrain, ouvrirait donc la voie vers l’organisation d’élections présidentielles et parlementaires. De son côté, l’homme fort de Tripoli qui jouit de la légitimité internationale a, dans un communiqué rendu public hier, « ordonné à l’ensemble des forces militaires d’appliquer immédiatement un cessez-le-feu et d’interrompre toutes les opérations de combat sur l’ensemble du territoire libyen ». Pour faire montre de sa bonne foi, Serradj se surpasse des réflexes antagonistes et se plie aux exigences d’une « responsabilité politique et nationale » ainsi que « de la conjoncture actuelle que traverse le pays et la région, et de la crise sanitaire induite par la Covid-19 », pouvait-on lire sur le communiqué. Mais, ce qui risque de refroidir les esprits, s’engager sur le papier n’est pas une fin en soi, car faut-il que les troupes rivales sur le terrain suivent à la lettre l’ordre de mettre fin aux hostilités. En sus, la situation sécuritaire resterait tendue, quand bien même les parties libyennes arrivent à aboutir à l’accord de cessez-le-feu sur le terrain, à considérer notamment les troupes et milices étrangères. D’où la nécessité, cite Serradj, de « la démilitarisation des régions de Syrte et d’Al Djoufrah », ajoutant que « les services de police des deux côtés travaillent en coordination sur les dispositifs sécuritaires dans ces régions ». Enfin, explique le numéro un du GNA, l’objectif de son appel au cessez-le-feu « est le recouvrement de la souveraineté totale sur les territoires libyens et le départ des forces étrangères et des mercenaires ».

Des élections présidentielles et parlementaires
Lui emboitant le pas, le chef du parlement de l’Est, qui s’était rangé du côté du maréchal Haftar avant de prendre ses distances avec ce commandant en chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), a pris le même engagement allant dans le sens d’éteindre le feu. Autrement dit, Aguila Saleh a donné ordre d’un « cessez-le-feu immédiat et l’arrêt de tous les combats sur tout le territoire libyen ». Comme son supposé désormais ex-rival, le chef du Parlement de Tobrouk fait preuve d’intentions allant dans le sens de l’apaisement. « Aller au-delà du passé, tourner la page des conflits et des combats, regarder vers l’avenir et construire l’État à travers un processus électoral conforme à la Constitution », prône de son côté Aguila Saleh. À s’y méprendre, c’est la première fois que les deux rivaux décident d’un appel au cessez-le-feu, quoique pris séparément, depuis la campagne militaire de Haftar, lancée sur Tripoli avril 2019. Preuve en est, aux intentions des uns et des autres d’aller sur la voie de l’apaisement des tensions, l’idée de se projeter sur l’organisation d’élections présidentielles et parlementaires « sur une base constitutionnelle qui bénéficie du consensus de tous les Libyens ». C’est du moins là un objectif fixé par Serradj, mais dont la finalité évoque un « consensus » à tous les Libyens.

L’enjeu pétrolier
Imposé en janvier 2020 par les troupes militaires de Haftar à l’Est et une partie du Sud de la Libye, le blocus sur la production pétrolière aura même été levé, vu la situation économique et financière fragile aux retombées graves sur le peuple libyen. Plusieurs sources ont en effet rapporté l’ouverture à nouveau des champs pétroliers. Se voulant d’ailleurs rassurant à l’adresse de ses rivaux Aguila et Haftar, le chef du GNA, qui a mis l’accent sur la nécessité de relancer la production et l’exportation de pétrole, a suggéré la création d’un compte bancaire de la compagnie pétrolière libyenne (NOC) pour le dépôt des recettes de la rente des hydrocarbures.
Farid Guellil

Une occasion «historique» à saisir selon l’ONU
Aussitôt, la représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Libye, Stephanie Williams a salué chaleureusement l’annonce du cessez-le-feu par le GNA et le Parlement de Tobrouk.
La mission onusienne a indiqué que « Stephanie Williams salue chaleureusement les points d’accord dans les déclarations publiées hier par le président du Conseil présidentiel du GNA, Fayez Al-Serraj et le président de la Chambre des représentants Aguila Saleh et qui appellent à un cessez-le-feu, dans l’espoir que celui-ci sera rapidement repris par la Commission militaire mixte 5 + 5, avec le départ de toutes les forces étrangères et mercenaires du sol libyen ».
La représentante spéciale par intérim a plaidé pour « une mise en œuvre rapide de l’appel des deux parties pour la reprise de la production et de l’exportation de pétrole selon les orientations exposées dans les deux déclarations ». Elle a rappelé que « priver le peuple libyen de sa richesse pétrolière est un signe d’entêtement inacceptable de la part des acteurs locaux et internationaux impliqués », appelant toutes « les parties à se montrer à la hauteur de cette occasion historique et à assumer toutes leurs responsabilités devant le peuple libyen ».
Elle a également noté que « les deux initiatives ont créé l’espoir de forger une solution politique pacifique à la crise libyenne de longue date, une solution qui affirmera le désir du peuple libyen de vivre dans la paix et la dignité ».
R. I.

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