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L’AGRICULTURE, L’INDUSTRIE, LES MINES ET L’ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE : Les parents pauvres du PLF-2021

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Affichés pourtant parmi les priorités du gouvernement pour le quinquennat prochain, les secteurs de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie de la connaissance et des Start-up et de l’Agriculture connaissent d’importantes baisses de budgets dans le projet de loi de finances pour 2021.
En revanche, en dépit des instructions données lors du dernier Conseil des ministres pour préserver les équilibres budgétaires et encourager les secteurs productifs et exportateurs, alors que le pays manque de ressources, des ministères non-productifs, comme les Affaires étrangères, la Solidarité nationale, les Affaires religieuses et les Moudjahidines, sortent gagnants avec des dotations budgétaires revues à la hausse. Le gouvernement propose une augmentation du budget de fonctionnement (plus de 5 314,5 milliards DA, contre 4 893 milliards DA), tout en coupant dans le budget d’équipement, ce qui veut dire que l’Exécutif veut réduire les investissements dans les secteurs sur lesquels il compte pour stimuler la croissance.
Par exemple, le ministère de l’Agriculture qui voit son budget en baisse pour 2021 avec 224,45 milliards DA (contre 225,18 milliards DA de l’année en cours), et le ministère du Commerce qui a vu aussi son budget réduit, le PLF 2021 le dotant d’une provision de 16,224 milliards DA, contre 17,527 milliards DA en 2020. Les raisons du choix des rédacteurs de ce texte de loi portent-il les principaux paramètres de la situation économique et financière du pays à l’avenir ?

« Un déficit de 20 milliards de dollars », selon l’expert Berriche
Pour l’universitaire et expert économique, Abdelkader Berriche, le projet de la loi de finances 2021 est « empreint d’ambigüités et de peu de clarté », car, a-t-il jugé, l’État risque de se retrouver face à un « énorme déficit » s’il ne trouve pas rapidement des revenus financiers.
Il a estimé, toutefois, que des mesures salutaires pour l’économie ont été contenues comme les exonérations fiscales pour les start-up et les entreprises exportatrices. « Les dotations budgétaires attribuées par l’État sont consacrées en grande partie au fonctionnement afin de garantir les salaires des employés et salariés. Dans le PLF 2021, il n’est pas évoqué les provisions en investissements pour les secteurs comme l’Agriculture et le Tourisme. Hormis des dotations provisionnelles en hausse uniquement dans des secteurs comme de l’Habitat, l’Éducation et l’Enseignement supérieur, le budget d’aménagement est en baisse, il se situe dans les 29 000 milliards DA, c’est-à-dire moins de 25 millions de dollars. Or, l’État souffrira d’un grand déficit budgétaire cette année », a expliqué Abdelkader Berriche, joint hier par téléphone. « Selon ma première lecture de ce texte de loi, ce déficit pourrait atteindre 20 milliards de dollars. Et cela poserait sans conteste un problème à l’État ; comment compte-t-il faire pour combler ce déficit ? », s’est-il interrogé.
Selon l’expert, l’Exécutif devrait trouver rapidement des solutions et envisager toutes les éventualités. « J’ai même exposé personnellement cette problématique à des membres de la Commission des finances de l’APN et leur ai dit de demander des explications au ministre des Finances sur ce point lorsqu’il sera auditionné au niveau de cette institution : Comment combler ce déficit ? Reviendrons-nous à la planche à billets ? Ou allons-nous à l’endettement extérieur ? Nous sommes là devant une problématique complexe car l’État souffre d’un énorme déficit. 20 milliards de dollars de déficit ce n’est pas facile », a-t-il souligné. Parmi les éléments qui poussent à l’alarmisme, Abdelkader Berriche a cité la baisse de la fiscalité ordinaire. En effet, les dotations provisionnelles du budget de fonctionnement correspondent à la totalité des recettes totales prévisionnelles, ordinaires et fiscales, du pays. « La fiscalité ordinaire est en véritable baisse, notamment durant cette année où l’État a décidé des exonérations fiscales et le report de payement de certains impôts pour les entreprises et individus, cela s’ajoutant à une activité économique impactée sept mois durant par l’épidémie de coronavirus. Ce qui veut dire que le recouvrement fiscale sera beaucoup moins cette année », a-t-il fait observer. Pire encore, a-t-il ajouté, « La fiscalité pétrolière est en baisse avec un prix moyen du baril à 35 dollars. C’est-à-dire des recettes à environ 25 milliards de dollars contre une fiscalité ordinaire de 35 milliards de dollars. En additionnant les deux montants de fiscalités, on obtiendra environ 60 milliards de dollars. Il faut savoir que le budget de l’État cette année est à environ 83 milliards de dollars. Donc, il existe  un déséquilibre entre  ressources et  dépenses. Il y a un déficit. Nous attendons donc comment le gouvernement expliquera et va faire pour le combler ».

Des experts n’ont pas encore … consulté le texte !
Pour plus d’explications, nous avons tenté de joindre l’expert économique Abdelmalek Serraï, qui nous a répondu qu’il n’a pas encore consulté le texte de loi, et l’expert en agriculture et conseiller à l’export auprès du ministère de l’Agriculture, Aïssa Manseur, qui s’est justifié qu’il est « en séance de travail marathon ». Nous avons sollicité également l’expert agricole et SG de la Chambre nationale de l’agriculture, Kouider Bounoua, affirmant aussi, pour sa part, qu’il n’a pas consulté encore le PLF 2021.
Hamid Mecheri

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